[Replay] Comment pérenniser les bonnes pratiques issues de la crise sanitaire ?
Après un an et demi marqué par la crise sanitaire, comment inscrire dans la durée les bonnes pratiques et valoriser l’investissement des enseignants sur les nouveaux usages pédagogiques ? Pour esquisser quelques pistes de réflexion, Campus Matin et son partenaire Panopto, ont réuni des experts de l’innovation pédagogique lors d’un webinaire organisé le 10 novembre. Synthèse.
Cycle : Campus Matin
« Nous n’avons pas attendu le Covid pour nous lancer dans l’innovation pédagogique ! Chaque Insa possède depuis plus de cinq ans d’une cellule d’innovation pédagogique », indique Jean-Yves Plantec, directeur du centre d’innovation pédagogique de l’Insa Toulouse et de l'Open Insa, la structure qui réunit les services d’innovation pédagogique des sept instituts nationaux des sciences appliquées en France.
Si la notion d’innovation pédagogique n’est pas nouvelle dans les établissements du supérieur, elle a connu un regain d’intérêt à la faveur de la crise sanitaire. Comment inscrire cette dynamique dans la durée et pérenniser les bonnes pratiques ? Deux questions eu cœur de ce webinaire organisé avec Panopto, éditeur de logiciels d’enregistrement de conférences, de screencasting, de streaming vidéo et de gestion de contenu vidéo.
Les enseignants, cheville ouvrière de la transformation
En plein cœur de la crise, comme aujourd’hui, les enseignants sont le moteur de la transformation pédagogique. Avant l’épidémie, 15 à 20 % des enseignants de l'Insa Toulouse et 30 % des professeurs permanents de l'Iéseg School of management étaient engagés dans l’innovation pédagogique.
« C’est ce socle qui nous a permis de traverser cette crise, car les collègues ont pu s’appuyer sur ces enseignants », salue Jean-Yves Plantec. Lors du passage en distanciel, « tout le monde s’est mis dans l’urgence à voir comment il pourrait utiliser les outils », raconte le directeur de la pédagogie de l’école, Loïc Plé, en mettant en exergue une dualité entre exploitation et exploration des outils numériques.
« Progressivement un tiers des enseignants ont exploré l’outil pour voir comment ils pouvaient aller plus loin avec, le combiner avec d’autres outils voire mixer du synchrone et de l’asynchrone », expose-t-il.
Accompagner tous les personnels et pas uniquement les enseignants
Si les enseignants sont le socle de la transformation pédagogique, les deux témoins de ce webinaire rappellent aussi l’importance de former l’ensemble des administratifs aux pratiques collaboratives. Mieux accompagnés, ces personnels pourront ainsi assurer une meilleure continuité du service aux étudiants et enseignants.
Le groupe Insa réfléchit d’ailleurs à la création d’un nouveau service entre le numérique et l’innovation pédagogique où travailleraient des personnes habituées à la formation des enseignants et d’autres à l’intégration des outils.
Le temps, élément essentiel de la conduite du changement
Transformer la pédagogie des enseignants demande est chronophage
« Il ne faut pas cacher aux enseignants qu’un projet d’hybridation requiert un investissement important pour un mieux-être », avance le directeur du centre d’innovation pédagogique de l’Insa Toulouse. Depuis le retour des enseignements en 100 % présentiel, comment les professeurs investissent-ils donc leur temps ?
« En cette rentrée, nous avons du mal à embarquer les enseignants que nous avons accompagnés à marche forcée pendant la crise. Nous leur laissons le temps de retrouver leurs étudiants et le plaisir d’enseigner en présentiel », reconnait Jean-Yves Plantec. Ce qui n’est pas incompatible avec l’utilisation ponctuelle d’outils numériques favorisant l’interaction en salle de cours !
Un constat partagé à l’Iéseg où « les enseignants souhaitent investir le temps dont il dispose dans le lien direct avec les étudiants. L’objectif est de se réapproprier la salle de classe, complète Loïc Plé. La conduite du changement nécessite de comprendre pourquoi on le fait et de donner du temps aux personnes. » À l’inverse, d’autres enseignants, ayant plus d’appétence pour le numérique souhaitent aller plus loin.
« Ils peuvent présenter un projet aux cellules d’innovation pédagogique qui vont les aider à dimensionner le projet, en leur octroyant 30 à 40 heures de décharge d’enseignement par exemple », présente le directeur d’Open Insa.
Préparer l’après en pensant à la maintenance et à la data
L’inscription de certaines pratiques pédagogiques dans la durée, hors contexte sanitaire, passe généralement par un travail de structuration des données. L’Iéseg School of management mène ainsi un chantier pour centraliser l’ensemble des datas de l’école. Penser l’après requiert également la maintenance de certains équipements et la formation de leurs utilisateurs.
Il va falloir assurer la maintenance de ses dispositifs
« Nous avons investi entre 1 million et 1,5 million d’euros sur l’équipement hybride de l’ensemble de nos salles de façon à pouvoir enregistrer nos cours ou proposer aux étudiants français et étrangers de les suivre à distance si jamais ils sont bloqués chez eux. Il va falloir assurer la maintenance de ces dispositifs et la formation de l’ensemble de nos professeurs », souligne Loïc Plé.
Quels outils choisir ?
Les edtechs, un secteur difficile à appréhender pour les établissements
« Nous sommes démarchés en permanence par des entreprises edtechs. Mais entre les discours commerciaux et la relative nouveauté de certains outils, il est parfois difficile d’identifier quel est celui qu’on devrait utiliser », reconnaît le directeur de la pédagogie de l'Iéseg School of management.
À cela s’ajoute un antagonisme : la difficulté des écoles à penser dans une logique de long terme les services proposés par des start-up. Depuis début janvier, 98 jeunes pousses ont rejoint l’association EdTech France, preuve que le paysage français des edtechs est très mouvant.
Lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt sur les Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur (Demoes), le groupe en a fait l’expérience. Une des sociétés qui figurait dans son dossier a cessé son activité pendant l’été !
Les outils, pas une fin en soi
Dans ce contexte, Loïc Plé suggère de réfléchir à la notion d’usage, et non de se focaliser sur les outils. En clair, d’affiner une stratégie pédagogique cohérente.
« Quels sont les usages et les objectifs pédagogiques auxquels on veut répondre quand on met en place des innovations pédagogiques, quelles soient liées au non au numérique ? Cette notion d’usage permet d’anticiper des usages futurs et d’accompagner vers des usages non envisagés par les professeurs ou les étudiants », développe-t-il.
Pour éviter l’éparpillement dans les outils, le responsable régional des ventes de Panopto, Kolia Guiguet, insiste sur l’unification des outils que permet la plateforme intégrée à Moodle. « Les professeurs utilisent plusieurs outils, chacun à leur manière, Panopto trouve sa valeur dans plein de services : les DSI y voient une solution de stockage des vidéos, le service communication un moyen de faire des vidéos de promotion », détaille-t-il.