[Replay] Investir dans la recherche pour renforcer l’excellence française
Mieux valoriser les atouts de la recherche française, favoriser les partenariats et tirer le plein potentiel de ce gisement sous-exploité qu’est la data. Autant de recommandations évoquées lors d’un webinaire organisé la 1er février 2022 par Campus Matin en partenariat avec Elsevier, dans le cadre de l’événement Think Éducation et Recherche.
Cycle : Campus Matin
Créés dans le cadre des Investissements d’avenir, en 2009, les instituts hospitalo-universitaires (IHU) sont des établissements de formation et de recherche médicale. Pour Stanislas Lyonnet, qui dirige l’un d’eux, l’Institut Imagine, ces structures visent à répondre à plusieurs problématiques : d’attractivité, de carrières scientifiques, et de prématuration-maturation de la création de valeur :
« Le programme d’Investissements d’avenir a permis de dessiner une carte de la France des sept IHU et des 34 programmes de RHU (recherches hospitalo-universitaires) pour favoriser la fertilisation et définir une politique des sites. Leur succès dépendra à la fois de la qualité de la gouvernance et d’une exigence d’évaluation suivie des faits - exemple, fermer les structures qui ne marchent pas. »
Les IHU ne sont qu’un exemple des ambitions de la France pour améliorer sa politique scientifique comme l’explique Daniel Egret, chargé de mission référencement et classements à l'Université PSL.
Il a publié une étude complète sur l’impact scientifique de notre pays et il indique que « les infrastructures de recherche sont des investissements lourds, qui appellent une réflexion pour s’assurer que leur positionnement est bien de nature à soutenir la qualité de la recherche française ».
Des dispositifs portés par Campus France et les ambassades
Des organismes publics jouent par ailleurs un rôle clé dans l’animation de la politique scientifique. C’est le cas de Campus France, qui met en place différents dispositifs.
« Les partenariats Hubert Curien sont des programmes bilatéraux impliquant le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui visent à soutenir les échanges scientifiques et technologies internationaux, expose Noureddine Manamanni, directeur des relations extérieures et institutionnelles de Campus France. Près d’un sur deux débouche sur de la mobilité de chercheurs. »
Un autre dispositif, le portail de la recherche de Campus France, agrège environ 2 000 propositions de thèses et stages de recherche à réaliser en France.
La représentation française à l’étranger est également à l’œuvre, à l’image de l’ambassade de France au Royaume-Uni.
Comme l’explique Minh-Hà Pham, sa conseillère pour la science et la technologie, la communauté scientifique britannique souhaite maintenir des relations fortes avec les pays européens, la France en particulier : « Nous cherchons à favoriser les échanges et les collaborations, notamment en définissant des règles de mise en œuvre pour faciliter l’accueil de chercheurs britanniques dans des laboratoires français. »
L’ambassade s’appuie notamment sur un outil de pilotage promu par Elsevier, « pour établir un dialogue intelligent avec nos partenaires et identifier les opportunités de collaboration ». Des échanges de bonnes pratiques entre ambassades devraient permettre d’utiliser au mieux cet outil de réflexion et d’amélioration des relations partenariales.
La data au service du pilotage des stratégies scientifiques
Les échanges des experts ont également abordé une question fondamentale : celle de l’exploitation de la data en tant qu’outil d’aide à la décision.
Anne-Catherine Rota, consultante en research intelligence chez Elsevier, illustre ce sujet en évoquant Scival, qui permet notamment de mettre en lumière les réseaux de co-citation entre chercheurs « pour évacuer les problématiques de silos thématiques et voir comment les chercheurs travaillent ensemble ».
L’analyse de données révèle la position de la France en termes d’impacts des publications et de collaborations avec l’industrie. « Elle permet de comprendre plus finement où porter l’attention, en identifiant les forces, en détectant les potentiels de collaboration et en se positionnant de manière pertinente sur les appels à projets », ajoute Anne-Catherine Rota, qui insiste sur « l’importance d’utiliser la donnée à bon escient, que ce soit pour la communauté scientifique, ses parties prenantes, et pour une communication au bénéfice de la société. »
Un avis largement partagé par les autres intervenants, à l’image de Stanislas Lyonnet, qui évoque un entrepôt de data intelligentes mélangeant données de recherche et données cliniques.
Pour Daniel Egret, il est important d’utiliser davantage les ressources documentaires et bibliographiques qui permettraient de cartographier, de manière très fine, le positionnement de la France dans le paysage international.
Le mot de la fin revient à Minh-Hà Pham, qui souligne un autre défi pour favoriser la promotion de l’excellence scientifique française : « Nous devons être plus clairs, lisibles et compréhensibles, ce qui passe d’abord par le fait d’éviter le langage de spécialistes et l’entre-soi sémantique. C’est un premier frein à lever pour faire connaître nos points forts et nous valoriser à l’extérieur. »