Vie des campus

Le carnet de Campus Matin : les cinq prises de postes à retenir en avril 2024

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

La directrice générale adjointe au Cnes, une nouvelle cheffe de produit dans une start-up edtech, un directeur d’une école d’ingénieurs publique qui rejoint un groupe privé ou encore une première femme à la présidence de la plus prestigieuse des écoles d’ingénieurs suisse… Autant de prises de fonctions décryptées dans votre rendez-vous mensuel.

Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions en avril 2024. - © Photo by Arno Senoner on Unsplash
Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions en avril 2024. - © Photo by Arno Senoner on Unsplash

Pauline Pannier, Nicolas Glady, Camille Rumani, Joël Guervenou et Anna Fontcuberta i Morral : ces personnalités ont été nommées à de nouvelles fonctions ou renouvelées à leur poste dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche en avril 2024. Découvrez leur parcours et leurs missions !

1. Pauline Pannier, directrice générale adjointe du Cnes

Secrétaire générale du Centre national d’études spatiales (Cnes) depuis janvier 2022, Pauline Pannier devient directrice générale adjointe, en charge du secrétariat général, annonce l’organisme de recherche le 16 avril.

Une énarque habituée des cabinets

Pauline Pannier est diplômée de Sciences Po, de l’EHESS, et de l’ÉNA. - © Cnes / Peus Christophe, 2021
Pauline Pannier est diplômée de Sciences Po, de l’EHESS, et de l’ÉNA. - © Cnes / Peus Christophe, 2021

Diplômée de Sciences Po, de l’EHESS, et ancienne élève de l’École nationale d’administration (aujourd’hui Institut national du service public), Pauline Pannier est membre du Conseil d’État depuis 2014. Elle exerce en cabinets ministériels à partir de 2017, auprès des ministres de l’intérieur Gérard Collomb puis Christophe Castaner.

En 2019, elle est nommée directrice adjointe de cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation d’alors, Frédérique Vidal, puis de la ministre de la transformation et de la fonction publiques. Elle intègre le Cnes en septembre 2021 comme chargée de mission pour animer la réflexion sur les fonctions support et créer le secrétariat général, mis en place en janvier 2022.

Consolider les fonctions supports

Cette promotion « témoigne à la fois de la consolidation, réalisée depuis deux ans, du secrétariat général au sein du Cnes, et du rôle effectif que joue Pauline Pannier dans la direction générale de l’établissement », a salué le P-DG du Cnes, Philippe Baptiste, qui était le directeur de cabinet de Frédérique Vidal, aux côtés de Pauline Pannier.

« Je souhaite à travers cette nomination saluer le travail de l’ensemble des directions “supports” du secrétariat général (finances, achats, comptabilité, communication, ressources humaines, sécurité industrielle et sûreté, ainsi que les fonctions juridiques et transformations), dont la performance est essentielle au bon fonctionnement du Cnes dans son ensemble », poursuit-il.

En mai 2023, la Cour des comptes était particulièrement critique sur le sujet  dans un rapport . Elle estimait que le Cnes allait « devoir consentir à d’importants efforts pour maintenir ses capacités humaines et techniques. L’établissement fait en effet face à un problème durable de vieillissement de sa population d’ingénieurs, doublé d’un défaut d’attractivité en début de carrière et de départs en cours de carrière. »

2. Nicolas Glady, futur directeur du Pôle Léonard de Vinci

L’actuel directeur de Télécom Paris, Nicolas Glady est nommé directeur général du Pôle Léonard de Vinci (qui comprend l'école d’ingénieurs ESILV, l’école de management EMLV, et l’école du digital IIM) à compter du 2 septembre 2024, annonce le groupe le 22 avril. Le poste était vacant depuis le départ de Sébastien Tran pour Audencia en janvier 2024.

Un ingénieur diplômé et passé par une école de commerce

Directeur de Télécom Paris depuis décembre 2019, Nicolas Glady rejoindra le Pôle Léonard de Vinci en septembre 2024. - © Seb Lascoux
Directeur de Télécom Paris depuis décembre 2019, Nicolas Glady rejoindra le Pôle Léonard de Vinci en septembre 2024. - © Seb Lascoux

Diplômé ingénieur de l’École polytechnique de Bruxelles, Nicolas Glady est spécialisé sur le traitement des données et l’intelligence artificielle. Titulaire d’un PhD en économétrie, il débute sa carrière au sein du cabinet de conseil Deloitte. Il intègre l’ESR français en 2005 à l’Essec, où il est successivement professeur, responsable de la chaire « Accenture strategic business analytics », puis directeur général adjoint à partir de 2015.

En décembre 2019, il prend la direction de Télécom Paris. Son premier mandat s’achevait donc cette année et le seul directeur d'écoles d’ingénieurs de nationalité étrangère (il est franco-belge) a renoncé à en briguer un second.

Nicolas Glady avait été candidat en 2023 à la présidence de l’Institut Polytechnique de Paris, dont Télécom Paris est membre - Thierry Coulhon lui a été préféré.

À l’échelle nationale, Nicolas Glady est vice‐président de la commission Formation et Carrières de la Conférence des grandes écoles depuis 2020 et président de l’association Talents du numérique depuis mars 2024.

Piloter la transformation du pôle

Nicolas Glady devra « poursuivre le développement du Pôle Léonard de Vinci en France et à l’international, défini dans le plan stratégique 2022‐2027 », précise le pôle qui s’apprête à connaître une transformation. Passé d’un statut associatif à celui de société privée,  qui disposera de la qualité de société à mission.

Un passage dans le champ de l’enseignement supérieur lucratif qui doit permettre au Pôle d’accueillir de nouveaux investisseurs. Le président, Pascal Brouaye, et la vice-présidente, Nelly Rouyrès, ont repris l’ancienne « Fac Pasqua » et lui ont donné un nouveau visage franchissant le cap des 10 000 étudiants.

« Avec l’arrivée future d’investisseurs, nous recherchons un soutien à notre développement. Le modèle d’association est adapté aux structures de taille réduite, mais ce n’est pas le meilleur véhicule juridique pour un groupe d’une certaine envergure », déclaraient-ils à News Tank en janvier.

Si la prise de contrôle par un nouvel actionnaire peut signifier le départ à terme du président et de la vice-présidente, l’investisseur retenu attendra en tout cas beaucoup de son nouveau directeur général. 

3. Camille Rumani, cheffe de produit de Nomad Education

Camille Rumani est nommée cheffe de produit de Nomad Education et intègre son comité de direction, annonce la start-up edtech le 22 avril. La cofondatrice de l’entreprise Caroline Maitrot a elle été élue présidente de Nomad, elle succède ainsi à son associé François Firmin.

Camille Rumani rejoint le comité de direction de la start-up Nomad Education. - © D.R.
Camille Rumani rejoint le comité de direction de la start-up Nomad Education. - © D.R.

Un parcours d’entrepreneuse

Diplômée de Neoma business school en 2013, Camille Rumani a créé Eatwith (anciennement VizEat), une plateforme qui met en relation des voyageurs avec des hôtes locaux qui leur préparent des repas faits maison ou des visites gastronomiques.

En 2018, elle figure dans le prestigieux palmarès 30 Under 30 de Forbes dans la catégorie commerce. Elle était directrice des opérations jusqu’à son départ de l’entreprise en août 2023. 

Son objectif : accélérer la croissance de Nomad Education

Comme cheffe de produit, Camille Rumani aura plusieurs objectifs d’après Caroline Maitrot de : 

  • Faire de Nomad Education « la solution la plus intuitive à utiliser, la plus efficace en termes de résultats, la solution choisie par tous les publics ;
  • Favoriser la prise de confiance et le plaisir d’apprendre par la gamification et l’ergonomie ;
  • Faire cohabiter dans l’application, la réussite scolaire, l’activité physique, la citoyenneté ;
  • Adapter le produit au continent africain. »

La start-up qui mise depuis plusieurs années sur l’Afrique francophone va intégrer l’abonnement de la « super-application » d’Orange à la rentrée 2024. Elle vise ainsi les 10 millions d’abonnés sur le continent.

  • Suivre Camille Rumani sur Linkedln et sur X.

4. Joël Guervenou, président de la FNCAS

Joël Guervenou est réélu à la présidence de la Fédération responsabilité sociétale et conseil en action sociale pour l’enseignement supérieur et la recherche (FNCAS) le 29 mars. Il occupe ce poste depuis 2022.

Un enseignant-chercheur engagé sur les sujets d’action sociale

Joël Guevernou est maître de conférences en chimie à l’Université de Bretagne occidentale. - © D.R.
Joël Guevernou est maître de conférences en chimie à l’Université de Bretagne occidentale. - © D.R.

Titulaire d’un doctorat en chimie de l’Université de Bretagne occidentale, Joël Guevernou est maître de conférences depuis 1992 dans cet établissement. Il y a notamment été vice-président en charge des politiques sociales et culturelles de 2007 à 2016.

Il s’implique dans la FNCAS en mai 2008, en devient le premier vice-président chargé des relations extérieures et de la communication, puis président en 2022. Il s’était vu confier en 2018 une mission par le ministère sur les politiques d’action sociale déployées par les établissements depuis l’accession aux responsabilités et compétences élargies.

Une révision des statuts de l’association

Outre Joël Guevernou, le reste du bureau de la FNCAS se compose de Cyril Garnier (vice-président), Mariane Domeizel (secrétaire) et Gilles De Berranger (trésorier).

Lors du conseil d’administration, la gouvernance a adopté de nouveaux statuts, comportant notamment « une mise à jour des missions et objectifs pour mieux refléter les nouveaux besoins de la communauté de l’ESR et les défis auxquels les établissements sont confrontés, parmi lesquels le DD&RSE et l’inclusion, ainsi que la performance et l’exemplarité sociétale ».

La Fédération se dit aussi attentive aux suites de l’acte 2 de l’autonomie pour les établissements de l’ESR, « qui impliquera une pleine et entière responsabilité de l’employeur. Dans ce nouveau chantier, la dimension sociale et la place de l’Humain devront être au cœur des projets, car elles en sont le gage de la réussite. FNCAS, forte de notre nouvelle équipe, y apportera une extrême vigilance, tout le conseil et toute l’énergie nécessaires », indique l’association.

5. Anna Fontcuberta i Morral, présidente de l’EPFL

Anna Fontcuberta i Morral succédera à Martin Vetterli à la présidence de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) à compter du 1er janvier 2025 et pour un mandat de quatre ans, annonce le Conseil fédéral suisse le 27 mars. C’est la première femme à présider une école polytechnique fédérale. 

Une professeure reconnue, spécialisée dans les nanotechnologies

Anna Fontcuberta i Morral va devenir la première femme à présider l’EPFL le 1er janvier 2025. - © EPFL
Anna Fontcuberta i Morral va devenir la première femme à présider l’EPFL le 1er janvier 2025. - © EPFL

Née en Espagne, Anna Fontcuberta i Morral obtient son doctorat en science des matériaux en France, à Polytechnique en 2001. Elle commence sa carrière dans la recherche, puis part aux États-Unis en 2004, en tant que chercheuse invitée au California institute of technology de Pasadena, où elle cofonde la start-up Aonex Technologies. 

Après une habilitation en physique expérimentale obtenue à l’Université technique de Munich en Allemagne, elle s’installe en Suisse en 2008 et rejoint l’EPFL d’abord comme professeure. En 2021, elle est nommée vice-présidente associée en charge des centres et plateformes de l’école d’ingénieurs.

Anna Fontcuberta i Morral « a fait de son laboratoire de semi-conducteurs le leader mondial dans les nanotechnologies durables », précise le Conseil fédéral suisse. Elle a par ailleurs reçu plusieurs distinctions : le Marie Curie Excellence Grant ou encore une bourse Starting Grant du Conseil européen de la recherche. 

Une école suisse touchée par des restrictions budgétaires

Avant sa prise de poste au début de l’année 2025, une transition de neuf mois va se mettre en place avec Martin Vetterli. « Ceci peut paraître confortable. Mais cela sera très utile au vu des enjeux actuels et des initiatives en cours », explique ainsi le président actuel de l’EPFL.

L’école d’ingénieurs doit faire face à la baisse de la dotation des écoles polytechniques. La Confédération suisse a en effet annoncé en février une coupe de 1,4 % dans son budget pour l’année 2025, une restriction qui touche comme en France l’enseignement supérieur. 

Parmi les autres dossiers sur le bureau de la future présidente de l’EPFL, figure aussi « l’introduction d’une limitation d’admission à 3000 personnes en première année de bachelor dès 2025. Une décision qui aurait une incidence sur le nombre d’étudiants étrangers admis au sein de l’institution », rapporte le quotidien helvétique Le Temps le 27 mars.