[Replay] Développer l’internationalisation de la formation des enseignants

Quelle est la place de l’international dans la formation des enseignants ? Quelle réflexion porter sur l’internationalisation depuis la crise sanitaire ? Autant de questions abordées dans ce webinaire organisé par Campus Matin et son partenaire le réseau des Inspé le 1er juin.

Cycle : Campus Matin

La pandémie, l’occasion de repenser l’internationalisation du sup' ?

Élargir le public concerné par l’internationalisation

Sébastien Linden est consultant après avoir été attaché de coopération scientifique en Israël et être passé par Sciences Po. - © D.R.
Sébastien Linden est consultant après avoir été attaché de coopération scientifique en Israël et être passé par Sciences Po. - © D.R.

C’est une tendance renforcée par la crise sanitaire : l’internationalisation ne concerne plus seulement les services des relations internationales des établissements et ne cible plus exclusivement les étudiants en mobilité.

« Cette crise a montré qu’en se concentrant sur une internationalisation par les mobilités, on ne s’adressait qu’à une minorité d’étudiants, constate Sébastien Linden. Beaucoup d’universités se sont rendu compte que leurs étudiants à l’étranger représentaient 5 à 15 % de leurs étudiants, mais 97 % des moyens financiers et humains de l’internationalisation. »

Il invite à repenser la démarche d’internationalisation sous un nouveau paradigme, en la destinant à tous les étudiants. Les mobilités virtuelles, les rencontres avec des étudiants étrangers ou les projets en collaboration avec des entreprises internationales… Autant d’exemples qui peuvent permettre aux jeunes d’acquérir des compétences internationales et interculturelles, sans pour autant voyager.

Inventer d’autres formes de mobilités virtuelles ou hybrides

Christine Fernandez Maloigne coordonne le réseau des VPRI. - © D.R.
Christine Fernandez Maloigne coordonne le réseau des VPRI. - © D.R.

« Cette crise a été un accélérateur de la transition. Nous sentons bien une envie de voyage chez nos étudiants et enseignants. Mais nous allons sans doute réfléchir autrement les mobilités, repenser leur intérêt », témoigne Christine Fernandez Maloigne, vice-présidente relations internationales de l’Université de Poitiers

Elle invite à concevoir des mobilités plus souples et inclusives, notamment « pour les enseignants qui ont besoin de faire des mobilités plus courtes pour des raisons familiales ou de santé ». Les enjeux écologiques sont également prégnants.

« La mobilité at home*, ce n’est pas seulement suivre des cours et des conférences en visio ! C’est aussi dialoguer avec des étudiants ou des chercheurs étrangers dans les amphithéâtres. Nous ne pouvons pas fonder l’ensemble de la mobilité sur des mobilités virtuelles, d’où l’importance de développer des mobilités hybrides », suggère la coordinatrice du Réseau des VPRI.

Quid de l’internationalisation dans les Inspé ?

L’international pour parfaire sa formation d’enseignant

Mario Cottron est vice-président du Réseau des Inspé en charge de l’international. - © R-Inspé
Mario Cottron est vice-président du Réseau des Inspé en charge de l’international. - © R-Inspé

Pour Mario Cottron, directeur de l’Inspé de Poitiers et vice-président du réseau des Inspé, les mobilités à l’étranger jouent un rôle central dans la construction de l’identité professionnelle, car elles permettent aux futurs enseignants de : 

  • « se confronter à d’autres manières d’exercer ;
  • connaître d’autres systèmes éducatifs ;
  • porter un autre regard sur leur propre pratique ;
  • voir que des problématiques comme la violence ou le décrochage scolaire sont partagées dans d’autres pays », détaille-t-il.

En moyenne, « 10 % des étudiants qui se destinent à être professeurs des écoles, effectuent une année de mobilité à l’international », poursuit le directeur de l’Inspé de Poitiers. La moitié de ces étudiants effectuent des stages de quelques semaines dans des écoles françaises à l’étranger, quand l’autre moitié privilégie au contraire une immersion dans des établissements locaux.

Tirer profit de la réforme du master Meef

Dans ce contexte, la réforme du master Meef, qui prévoit notamment le déplacement des concours de la fin du M1 à la fin du M2, fait figure d’opportunité pour renforcer l’internationalisation de la formation. Optimiste, le vice-président du Réseau des Inspé en charge de l’international espère ainsi que les étudiants pourront partir plus facilement en mobilité durant leur master 1. 

« En première année de master, les étudiants hésitaient à partir à l’étranger, car leur objectif était surtout de réussir le concours. En M2, il leur était difficile de partir à l’étranger tout en assurant chaque semaine des cours à une classe », raconte Mario Cottron.

Si un essor des mobilités sortantes est donc attendu, les mobilités entrantes restent, elles, très rares dans les Inspé. Peu d’étudiants étrangers viennent ainsi étudier dans ces établissements en raison de la spécificité de la formation française qui prépare aux concours de l’Éducation nationale.

Valoriser l’expertise française de formation des enseignants

L’international ne se limite pas aux seules mobilités entrantes et sortantes. Les institutions souhaitent également valoriser l’expertise française de formation des enseignants et nouer des partenariats avec des pays ou institutions étrangers.

« La place de la formation des enseignants dans la coopération internationale est centrale. Elle est appelée à se renforcer, l’enjeu pour nous est de promouvoir toute la chaîne de l’expertise française », explique Dominique Bordes, cheffe du département Afrique, Asie, Océanie et francophonie à la délégation aux relations européennes et internationales et à la coopération au ministère de l’éducation. 

Elle cite notamment l’exemple du Burkina Faso qui a sollicité un accompagnement de la France dans la conception de ses concours en s’inspirant de ceux de l’agrégation ou du capes.

Mais pour le consultant Sébastien Linden, les pays qui veulent s’affirmer sur la scène internationale dans l’enseignement supérieur, ont en commun deux critères : des programmes d’enseignement 100 % en anglais et la présence dans les classements internationaux. Deux éléments qui les Inspé ne peuvent, pour le moment, pas mettre en avant.

L’université d’été du Réseau des Inspé sur l’internationalisation

Ce webinaire organisé par Campus Matin et News Tank, en partenariat avec le Réseau des Inspé, s’est déroulé en amont de l'université d’été de l’organisation. « Internationalisation de la formation initiale des futurs professeurs et personnels d’éducation : un enjeu majeur », tel est le thème retenu pour cet événement qui se déroulera en ligne les 14 et 15 juin.

Plusieurs thématiques seront évoquées durant ses deux jours. Notamment l’internationalisation des formations au sein des Inspé, un premier bilan du Certificat d’aptitude à participer à l’enseignement français à l’étranger, des interrogations autour de la notion de diplomatie éducative, les enjeux de l’internationalisation de la formation des enseignants, les politiques territoriales internationales…

Lire le programme détaillé.

*à la maison