[Replay] La RSE 2.0 s’invite dans les établissements d’enseignement supérieur et entreprises

Comment établissements d’enseignement supérieur et entreprises peuvent-ils tirer parti des avancées de l’intelligence artificielle pour accélérer la transition écologique et sociétale ? Une question débattue lors d’un webinaire du 23 janvier dernier, mené dans le cadre de Think Éducation & Recherche 2023, avec notre partenaire Microsoft.

Cycle : Campus Matin

L’intelligence artificielle (IA) révolutionne les usages et démultiplie les impacts positifs. Comment le monde de la tech se mobilise-t-il pour un monde plus inclusif, pour une planète plus verte ou des usages plus vertueux ? Réponses dans ce webinaire organisé le 23 janvier dernier par Campus Matin avec Microsoft.

« Green IT » et « IT for green » : les deux volets de la RSE 2.0

 Adeline Ochs est responsable du master 1 Gaïa à Audencia. - © @DR
Adeline Ochs est responsable du master 1 Gaïa à Audencia. - © @DR

Le numérique peut être utilisé comme démarche de respect de l’environnement (« Green IT »), mais aussi comme contenu de fond pour faire avancer la transition écologique et sociétale (« IT For Green »).

Adeline Ochs, professeure à Audencia, responsable du master 1 « Management de la transition écologique et sociale », à Gaïa, l’école de la transition écologique et sociale ouverte en septembre 2022 par le groupe, explique comment la formation prend en compte ces deux facettes.

« Côté Green IT, nos étudiants ont à disposition une calculette carbone pour calculer l’impact de leurs activités numériques, et bénéficient d’actions pour les accompagner dans la réduction de cet impact, témoigne-t-elle. Côté IT For Green, nous utilisons notamment l’IA pour accompagner des entrepreneurs qui vont aider l’écosystème à réduire son impact. »

Les initiatives pour permettre chacun d’avoir un impact positif

Eneric Lopez, directeur national de la transformation et de l’impact social à Microsoft, expose la mission du groupe, dans le cadre de son plan « IT For Green » : « Permettre à chaque individu et organisation d’avoir un impact positif sur le développement durable et de favoriser une économie plus inclusive. » Des sujets désormais très présents. « Les études montrent que les étudiants attendent de leur institution qu’elles leur donnent les compétences leur permettant d’être des leaders de demain éclairés, notamment en utilisant le numérique », souligne-t-il.

Olivier Sudan est P-DG d’Alternative vision of business. - © @DR
Olivier Sudan est P-DG d’Alternative vision of business. - © @DR

Pour passer à l’action, Olivier Sudan, président-directeur général de l’entreprise Alternative vision of business (Avob), qui propose des solutions de performance énergétique pour les parcs IT, préfère le terme d’« intelligence aidée » ou « adaptée » à celle d’IA. « La donnée en tant que telle n’est rien si elle n’est pas traitée et contextualisée par des personnes derrière les machines », estime-t-il.

Louise Joly, directrice des programmes de Microsoft x Simplon et Véronique Bonnet, directrice générale de l’école d’ingénieurs Esme Sudria, illustrent la manière dont l’IT peut être mis à profit dans une démarche vertueuse, toutes deux en association avec Microsoft. « Nous avons formé depuis cinq ans près de 1 000 techniciens de l’IA, principalement des demandeurs d’emploi et sans prérequis de diplômes, sur ce métier », détaille Louise Joly. Esme Sudria développe, elle, le projet Alis qui consiste à développer une interface pour aider les personnes souffrant du syndrome d’enfermement (personnes tétraplégiques pouvant uniquement cligner des yeux pour communiquer) à utiliser les machines de traitement naturel du langage.

Quelles actions partenariales entre établissements d’enseignement et entreprises ?

Louise Joly est directrice des programmes de Microsoft x Simplon. - © @DR
Louise Joly est directrice des programmes de Microsoft x Simplon. - © @DR

Le travail partenarial écoles-entreprises est de mise. En particulier pour les organismes de formation. « On ne peut pas fonctionner sans les entreprises, car notre ambition est la sortie positive vers l’emploi ou la formation, analyse Louise Joly. Nous les intégrons pendant tout le cursus et les accompagnons dans un processus de recrutement différent, sans CV, qui garantit l’inclusion. »

Même credo chez Gaïa. « Nous faisons travailler nos étudiants en partenariat avec celles-ci et les faisons intervenir dans des conférences inspirantes », témoigne Adeline Ochs. Et à Esme Sudria : « Avec les entreprises, nous sommes dans la même barque : elles ont des comptes à rendre sur leurs compétences environnementales, et pour cela elles ont besoin de gens formés », relève Véronique Bonnet. 

Eneric Lopez est directeur national de la transformation et de l’impact social de Microsoft depuis septembre 2022. - © @DR
Eneric Lopez est directeur national de la transformation et de l’impact social de Microsoft depuis septembre 2022. - © @DR

L’entreprise Avob affiche la même nécessité. « La collaboration entre formation et entreprises est la clé pour que ces dernières puissent plus facilement et rapidement communiquer les thématiques qui les animent, et que les centres de formation puissent présenter des profils adaptés aux écoles », déclare Olivier Sudan.

Eneric Lopez note toutefois que les écoles sont souvent plus réactives que les entreprises : « Elles voient arriver les besoins en nouveaux profils, notamment pour ce qui touche aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et les intègrent dans leurs cursus bien plus vite que dans le cadre d’une montée en compétences en interne.  »

Comment accélérer le mouvement ?

Pour Véronique Bonnet, le cœur du réacteur est la formation de tous les acteurs du supérieur. « Le mouvement s’accélérera aussi sous la pression de nos élèves », ajoute-t-elle. À Audencia, l’accélération est déjà en marche sur le plan des pratiques. « Dès à présent, nous élargissons calculette carbone et conférences inspirantes à l’ensemble de l’école, dans une logique d’open access », illustre Adeline Ochs. Eneric Lopez incite, lui, à des initiatives comme du mécénat de compétences ou des hackathons, dès le secondaire.

Simplon formant déjà près de 3 000 personnes par an, le sujet majeur n’est pas l’accélération, mais « comment faire en sorte que ces personnes soient recrutées de manière pérenne dans les organisations », selon Louise Joly. Plus qu’à une révolution accélérée, Olivier Sudran croit beaucoup aux « petits pas ». « Pour mettre en relation tout cet écosystème, la feuille de route est essentielle », précise-t-il.

Bienveillance et empathie : les nouvelles postures leaders

Véronique Bonnet est directrice générale de l’école d’ingénieurs Esme Sudria. - © D.R.
Véronique Bonnet est directrice générale de l’école d’ingénieurs Esme Sudria. - © D.R.

Pour accompagner positivement les mutations du monde, il convient de mettre à bas individualisme et compétition, au profit de vraies logiques de coopération. Une démarche qu’Audencia a intégrée dans sa pédagogie. « Chez nous, pas de challenges étudiants, mais une incitation permanente à la collaboration », informe Adeline Ochs.

« Autre impératif : s’ouvrir vers les personnes issues de filières différentes et vers les associations du monde civil, culture et économique », ajoute Véronique Bonnet. Louise Joly souligne que le collectif est aussi la clé pour surmonter les inévitables baisses de moral à Simplon, au sein de cursus très exigeants. « Bienveillance et écoute n’excluent en rien exigence et professionnalisme », remarque Eneric Lopez.

L’optimisme en ligne de mire

Adeline Ochs se réjouit du démarrage fulgurant de Gaïa. « Nous pensions avoir une quarantaine d’étudiants, or nous avons enregistré plus de 200 inscrits. Ce qui reflète un réel engouement sur ces sujets », évoque-t-elle. Olivier Sudran prédit que « la vague de transformation qui arrive sur les thèmes de l’énergie ou de l’environnement est deux fois plus grosse que celle connue depuis vingt ans sur l’IT. »

Certes l’environnement, mais aussi le volet social et les sujets de gouvernance

Véronique Bonnet espère que ces tendances vont renforcer l’attractivité des formations scientifiques et technologiques. En attendant, elle a déjà des raisons de se réjouir. « Multiplier les projets inclusifs et durables, porteurs de sens, nous a permis de faire grimper notre taux d’étudiantes de 18 % à 30 % en six ans », sourit-elle. Eneric Lopez rappelle : « Dans les critères ESG, il y a certes l’environnement, mais aussi le volet social et les sujets de gouvernance. » Pour vraiment changer le monde, il faudra garder l’intégralité de ce champ en ligne de mire.