[Replay] La vérification des diplômes et des parcours, nouvel enjeu du recrutement
Face à la multitude de diplômes, de parcours de formation à la carte et d’expériences professionnelles variées, en France et à l’international, la vérification des CV des candidats à l’embauche est un enjeu stratégique pour les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur.
Cycle : Campus Matin
En 2022, Verifdiploma, entreprise de vérification des diplômes et des CV auprès des sources officielles en France et à l’international, a opéré quelque 160 000 contrôles, dont 16 000 à l’international, soit près de 100 000 CV.
Un phénomène grandissant de la vérification des parcours abordé dans le webinaire « Mobilité éducative et professionnelle : quelle stratégie pour s’assurer des profils ? », qui s’est tenu le 25 janvier dernier, avec notre partenaire Verifdiploma, dans le cadre de Think Éducation & Recherche 2023.
« Nous notons un ratio de 7 % de fausses déclarations, dévoile Rafael Melinon, directeur général adjoint commerce et marketing de Verifdiploma. Deux grandes catégories de fraudes sont recensées : la formation a bien été suivie par le candidat, mais elle s’est soldée par un échec ; des individus n’ont jamais suivi la formation énoncée et s’inventent un parcours de toutes pièces, avec la production de faux documents. »
Les entreprises qui recrutent sont confrontées au phénomène
« Le mot fraude est un peu fort, mais, en effet, nous recevons des CV arrangés, un peu trop embellis. Les candidats mentent sur l’acquisition d’un diplôme par rapport à la formation suivie. Nous recrutons sur des métiers variés, pas sur un niveau de diplôme, mais nous avons besoin d’informations vraies déclarées par le candidat. Notre entreprise évolue sur des métiers très réglementés. La confiance doit être réciproque dès le début de la relation », témoigne Béatrice Berger, chargée de recrutement d’Axa France.
Même constat à la banque Bred. « Chaque année, nous notons des incohérences entre l’annonce et le diplôme réel parmi 6 % des candidats, affirme Mathias Chevalier, responsable des ressources humaines. Nous vérifions systématiquement les diplômes, car nos recrutements, principalement sur des fonctions commerciales, démarrent à minimum bac+2. Un candidat qui présente un faux diplôme, c’est rédhibitoire. Un candidat qui embellit la réalité, on peut échanger, mais on part avec un avis défavorable. »
Nathalie Hector, directrice de l’innovation et de l’expérience apprenant de Skema Business School interpelle sur la différence qu’il existe entre les écoles, accréditées ou non, et l’impact sur la reconnaissance des diplômes. « Nos grandes écoles délivrent des diplômes accrédités, ce qui constitue une garantie pour les entreprises qui recrutent nos étudiants. Mais il faut aussi regarder la différence entre une école et la reconnaissance des diplômes, les intitulés des formations longues ou courtes. Nous expliquons à nos futurs étudiants, en amont de leur choix, que ce n’est pas parce qu’une scolarité est payante que le diplôme est reconnu. »
Selon Rafael Melinon, la fraude prend plusieurs formes : « des PDF de diplômes modifiés ; des sites internet permettant d’acheter de faux diplômes de grandes écoles ; les “moulins à diplômes”, ces structures qui délivrent des diplômes sans enseignement ni contenus associés, mais avec un service de scolarité qui répond favorablement lors des vérifications ; de fausses universités dotées d’un beau site internet, mais sans contenu pédagogique ; des usurpations d’identité… »
Sécuriser les recrutements
Devant la complexité du phénomène, les demandes de vérification explosent. « En deux ans, Verifdiploma a vu ses demandes augmenter de 57 % », illustre Rafael Melinon. Les entreprises évoluant dans un cadre juridique ou réglementaire contraint, comme les secteurs de l’assurance, de la banque, de la finance, de la comptabilité s’imposent de nombreuses vérifications, tout comme le secteur de la santé.
Elles cherchent à sécuriser leurs recrutements, à mieux comprendre des parcours étudiants de plus en plus internationaux et divers et à se retrouver dans une abondance d’informations.
Nos métiers reposent sur l’honorabilité de nos collaborateurs
« Nous sommes montés en puissance, relate Béatrice Berger. La vérification du diplôme est un basique. Nous allons plus loin avec l’obtention d’un extrait de casier judiciaire, nos métiers reposent sur l’honorabilité de nos collaborateurs, la vérification des pièces d’identité, du permis de conduire. Nous contrôlons aussi les références des candidats en leur demandant de fournir les coordonnées de leurs précédents employeurs pour nous assurer non seulement du poste occupé, mais aussi les dates, les conditions d’exercice et le motif de la fin de la relation contractuelle. Une démission ou un licenciement pour faute grave n’auront pas les mêmes conséquences. »
« Plus le métier est réglementé, plus les entreprises auront besoin d’indices concordants pour appréhender la réalité des informations. Nous évoquons auprès de nos étudiants engagés dans un tel parcours, l’importance de l’éthique et leur comportement demain dans l’entreprise », ajoute Nathalie Hector.
Les vérifications portent ainsi sur des éléments factuels et non sur des compétences. « Un diplôme ne valide pas une compétence. Nous vérifions ce qui est déclaré par un candidat », dit Béatrice Berger. La mission que s’est également donnée Verifdiploma.
Le recruteur et son service RH prennent le relais sur l’évaluation des compétences des candidats. « J’incite les candidats à présenter un CV le plus transparent possible, pour donner envie d’aller plus loin. Désormais, les périodes d’inactivité ou de projets personnels se justifient pleinement, sans avoir besoin de tricher sur les dates. Les expériences professionnelles, personnelles, les valeurs des candidats, les actions dans un environnement associatif sont importantes », assure Béatrice Berger.
Internaliser ou externaliser ?
L’externalisation de la vérification des diplômes présente plusieurs avantages. « Nous externalisons les phases administratives le plus possible pour permettre au recruteur d’être focalisé sur son métier : entrer en relation avec les potentiels candidats. De plus, les outils digitaux sécurisent les processus, réduisent au maximum les délais de contractualisation et nous font gagner beaucoup de temps », dit Béatrice Berger.
« Les établissements d’enseignement supérieur externalisent aussi pour cette même raison de gain de temps. Lors des phases de Parcoursup ou au moment des concours, les flux arrivent tous en même temps. Autre sujet important pour nous : la vérification des diplômes d’étudiants étrangers, parfois dans d’autres langues, avec des systèmes différents des ECTS donc plus complexes à vérifier », pour Nathalie Hector.
Dématérialisation des diplômes, une pratique complémentaire
La dématérialisation joue un rôle essentiel dans les deux notions clés de la vérification des diplômes et des parcours professionnels : la sécurisation du traitement et de la conservation des données ; la rapidité d’exécution.
« Malgré une période de tension sur l’emploi, nous ne baissons pas nos exigences face aux recrutements et à la vérification des données. C’est aussi sécurisant pour les collaborateurs que nous embauchons de procéder à ces vérifications. Elles montrent notre éthique professionnelle. La dématérialisation nous servira pour archiver les diplômes des différentes écoles françaises, par exemple. Elle nous facilitera les choses », dit Béatrice Berger.
« Nous poussons à la dématérialisation, car elle donne plus d’informations et permet d’entrer dans la granularité des informations », assure Nathalie Hector. Pour Verifdiploma, « la vérification du diplôme à la source et la dématérialisation ne s’opposent pas, mais sont bien complémentaires. »