Cultiver son jardin, avec le « campus comestible » de l’Université de Lille
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
Les étudiants de l’Université de Lille ne cultivent pas que les graines du savoir ! Ils jardinent aussi, dans quatre potagers aussi appelés « jardins comestibles ». Et un cinquième ne devrait pas tarder à s’ajouter à la liste.
Plus de 1 000 m2 pour le Campus comestible !
Le 4ème jardin comestible s’apprête à prendre la dimension imposante de 300 m², au lieu des 70 m² actuels, à la faculté de droit de l’Université de Lille, dans le quartier de Moulins. Si ce projet, prévu pour le printemps 2019, a pris du retard, il est déjà suivi de près par la préparation d’un cinquième potager : cette fois à la faculté de médecine, située sur le campus du CHU de Lille, à Loos.
Le projet « Campus comestible » englobe les différents potagers qui existent depuis 2015 sur les multiples campus de l’Université de Lille. Le premier potager avait vu le jour sur 150 m² de terrain à la faculté de Pont de Bois, à la demande d’une association étudiante. C’est ensuite sur le campus de pharmacie que 500 m² de culture et verger avaient été plantés, et en février 2018, un potager de 300 m² avait vu le jour à la Cité scientifique.
Chaque jardin comestible est un élément singulier de la vie de campus, qui vise à rassembler étudiants, enseignants et personnels autour d’un projet commun. « Actuellement, ce sont principalement les élèves qui sont impliqués », explique Pierre Farge, chargé de mission gestion environnementale. « Ils se retrouvent, entre 5 et 40 sur un potager, en fonction de la saison, et parfois plus, au cours d’événements temporaires (ateliers, récolte ouverte à tous…). En période haute, il peut y avoir des sessions de potager jusqu’à deux fois par semaine. »
Un cinquième potager
Il est en préparation à Loos, sur le campus de la faculté de médecine : le cinquième potager du Campus Comestible n’en est qu’à ses balbutiements. Il devrait se situer dans un petit patio, attenant à la zone de convivialité des personnels et être d’une taille restreinte. « Au lieu de laisser un patio vide, il y aura une zone de culture à disposition » décrit Pierre Farges.
L’autre challenge de cette année, c’est l’agrandissement du potager de la faculté de droit, actuellement d’une surface d’environ 70 m2, et qui devait s’étendre à 300 m2 depuis le printemps dernier. Le projet, alors porté par Sandrine Rousseau, vice-présidente à la vie étudiante, n’a pas abouti. « On a trop hésité à se lancer, on n’a pas mis les bonnes personnes sur les bons projets, alors ça n’a pas marché. Le projet a été relancé, par volonté des étudiants, après un an de pause », dit Pierre Farges.
Quels financements pour les potagers ?
• La Métropole européenne de Lille a financé les 12 000 € nécessaires depuis le lancement du jardin de la faculté de pharmacie.
• La Fondation de France a également accepté de contribuer au projet à hauteur de 20 000 €.
• « Comme nous nous appuyons sur des associations étudiantes, nous avons aussi pu engager des fonds tels que le FSDIE », précise Émeline Huart, directrice du service de développement durable de l’université.
Les usagers et les associations du campus à l’œuvre
Plusieurs associations étudiantes se sont associées aux jardins comestibles. Sur le campus de Pont de Bois c’est “Potatoit” qui participe à la gestion du jardin comestible en voie d’être conventionné. A la faculté de pharmacie, c’est une corporation étudiante, une sorte d’équivalent du BDE qui s’implique, accompagnée par une association extérieure, notamment sur l’animation du potager.
La volonté de l’université étant de créer un système participatif, les chercheurs sont dans le viseur du service développement durable. Suite à un appel à projet, un cycle de séminaires « Vulnérabilité, alimentation, jeunesse » a été crée et devrait être proposé aux étudiants à la rentrée prochaine, avec un diplôme universitaire à la clé.
« Jusqu’à présent, sur le potager même, aucune formation au sens stricte n’a été proposée », reconnaît Pierre Farges. « Le lieu est propice à l’échange autour des pratiques potagères, explique-t-il. Les novices et les personnes expérimentées se retrouvent et partagent leur savoir. On échange des graines, on expérimente, on essaie d’avoir recours à plusieurs méthodes, à la permaculture notamment. Mais ce qui est fait n’est pas suivi par la recherche scientifique et, pour le moment, seuls les étudiants s’investissent, il s’agit pour eux d’un loisir personnel. »
Qu’est-ce qu’on cultive ?
Pour répondre à l’une des problématiques que rencontre le campus comestible, à savoir le manque d’étudiants, d’enseignants et de personnels durant les mois d’été, plus particulièrement en août, il est important de choisir avec soin les fruits et légumes qui seront cultivés. « L’idéal est de faire les plantations début septembre en misant sur des cultures tardives voire hivernales » explique Pierre Farges.
A l’Université de Lille, on récolte relativement peu de fruits : des fraises, des framboises et des groseilles. Par contre le choix de légumes est plus large : poireaux, carottes, tomates, poivrons, aubergines… Les cultures régionales sont à l’honneur avec le retour du topinambour, du houblon et l’entretien de vergers (pommiers, poiriers).
Intégrer les jardins comestibles à la vie du campus
Avec les jardins comestibles, cultiver et distribuer les récoltes se fait dans un esprit de collectif et de partage. Sont organisés des ateliers, des journées de sensibilisation, sur l’alimentation par exemple et, quand les récoltes se font trop nombreuses, les fruits et légumes sont redistribués dans les espaces de vie comme la maison des étudiants.
La communication est effectuée par les étudiants et principalement pour les étudiants. Du bouche à oreille aux réseaux sociaux, les associations sont chargées de faire vivre et de réunir autour des potagers. Pour attirer les curieux, on associe une thématique ou un mot clé à un atelier participatif, on planifie sur l’année des événements tels qu’une première approche du jardinage pendant la période des semis, un échange de conseils pour économiser l’eau en été ou encore un cours sur la façon de récolter et de couvrir le sol en hiver.
Les 3 erreurs à éviter
• Une mauvaise gestion des semis. Il ne faut pas planter trop de semis de la même espèce, les plants risquent d’être difficiles à répartir par la suite. « Nous avons fait l’erreur d’un trop grand nombre de semis avec les tomates, raconte Pierre Farges, en seulement deux mois, nous nous sommes retrouvés avec mille plants. Cela a été très compliqué à gérer par la suite : on a du en replanter une partie ailleurs mais aussi en jeter. »
• Planter la même espèce en trop grand nombre. Les récoltes arrivant au même moment, il faut éviter de se retrouver avec le même légume en grande quantité sur les bras. « Nous nous sommes retrouvés avec des kilos et des kilos de tomates une année. Heureusement, les étudiants ont eu l’idée d’en faire des confitures ! »
• Ne pas bien évaluer la qualité du sol : le sol ne doit pas être trop pauvre (auquel cas on dépensera trop d’énergie à entretenir le potager) ni, à l’inverse, trop riche (on risquera alors de perdre du temps à se battre contre les mauvaises herbes). « Il est possible d’améliorer la fertilité d’un sol en une ou deux saisons à l’aide de compost, dans le cas où le sol est trop riche, il est nécessaire d’adapter le choix des cultures », conseille Pierre Farges.