[Replay] Comment améliorer les services et personnaliser l’expérience étudiante avec l’IA ?

L’intelligence artificielle bouleverse les pratiques et les usages et dans le monde de l’éducation, tant en matière d’amélioration de la performance opérationnelle des établissements que de personnalisation de l’expérience étudiante. Quelles sont les opportunités concrètes apportées par l’IA ? Quelles stratégies adopter et comment se lancer ? Quels sont les points clé considérer ? Telles étaient les problématiques abordées lors du webinaire organisé le 16 novembre par Campus Matin et son partenaire Salesforce.

Cycle : Campus Matin

 

L’IA, levier de l’évolution technologique déjà omniprésente, mais encore au stade exploratoire

« L’IA n’est pas un concept nouveau : nous l’utilisons tous au quotidien, sans même nous rendre compte : suggestions et recommandations, moteurs de recherche, assistants intégrés dans nos téléphones… », énumère Frédéric Leclère, responsable stratégies et solutions éducation en Europe de l’éditeur de solutions de CRM Salesforce.

Qu’elle soit prédictive, comme ces outils déjà familiers, ou générative, à l’instar de ChatGPT et consorts, l’IA est également un pilier central de l’évolution technologique dans tous les secteurs d’activité, y compris l’éducation. 

L’IA pour les établissements s’apparente à une sorte de far west, souligne Stéphane Ureña, directeur Data et IA à l’Essec. « Nous sommes au début d’une nouvelle ère, celle de l’IA générative. Un écosystème très dynamique émerge aujourd’hui. Malheureusement, certains développements sont parfois menés sans conscience réelle des besoins et du cadre réglementaire afin de s’assurer que leur utilisation ne se fasse pas au détriment des utilisateurs. »

Un levier de transformation pour les établissements du sup'

En gestion : une performance accrue de l’organisation 

Les IA sont des assistants numériques de pointe pour les établissements. Les API (interfaces de programmation d’application) ont une compréhension sémantique très élevée.

« Certains benchmarks ont estimé que Chat GPT4 avait un QI verbal de 155 et d’autres un QI global à 137, alors qu’un PhD est à 113, rapporte Stéphane Ureña. Ce qui permet des gains de productivité significatifs : 40 % pour les cadres utilisant GPT4 selon une récente étude du MIT. Et ces modèles sont améliorés en continu. » L’IA peut se rapporter à des cas d’usage potentiellement infinis, qui diffèrent selon les types d’IA.

« L’IA prédictive permet d’analyser les données afin d’en extraire des tendances, d’identifier des axes d’amélioration et de comprendre en temps réel l’impact des décisions prises sur la gestion de l’établissement », relève Frédéric Leclère.

Frédéric Leclère est responsable stratégies et solutions éducation en Europe de Salesforce. - © Salesforce
Frédéric Leclère est responsable stratégies et solutions éducation en Europe de Salesforce. - © Salesforce

« Nous utilisons, par exemple le scoring de lead, qui nous permet de mieux cibler les candidats à retenir à l’admission », illustre Stéphane Ureña. L’IA générative permet, elle, d’affranchir les collaborateurs des tâches sans forte valeur ajoutée.

« Par exemple, en recourant à des chatbots pour traiter les questions des prospects touchant aux recrutements et aux admissions, précise Frédéric Leclère. Ou à Chat GPT pour écrire des mails de remerciement ou de relance. On peut aussi créer des dashboards pour la direction, des arbres décisionnels en fonction de données spécifiques… »

L’Essec utilise des IA génératives de modèle RAG (génération augmentée de récupération) pour faire de la recherche documentaire augmentée, notamment pour constituer les dossiers de demandes d’accréditations, gain de temps précieux à la clé.

En pédagogie : l’IA au cœur de l’expérience étudiante

L’expérience étudiante est aujourd’hui au cœur de l’enseignement. C’est pourquoi qu’il est crucial d’avoir une vue à 360 degrés de chaque élève. « Notre solution education cloud intègre autant l’IA générative que prédictive. Des outils qui ouvrent la possibilité, en les croisant avec l’ensemble des données collectées sur un étudiant, d’immédiatement appréhender où il en est dans son cursus, s’il a des difficultés à s’approprier les cours et de déterminer son assiduité. Le tout permettant de mesurer s’il est à risque de décrochage. L’IA est donc à la fois un outil d’engagement et de soutien des étudiants tout au long de leur cursus », informe Frédéric Leclère.

Stéphane Ureña est directeur data et IA à l’école de commerce Essec. - © D.R.
Stéphane Ureña est directeur data et IA à l’école de commerce Essec. - © D.R.

Une démarche mise en œuvre, avec succès, à l’Essec, comme en témoigne Stéphane Ureña. « L’IA permet de mesurer l’engagement cognitif de l’étudiant : nombre de ressources lues, de quizz passés, d’échanges sur les forums Plus il a d’interactions avec celle-ci, plus est susceptible de réussir. Nous arrivons à capter 75 % des décrocheurs. »

L’école de commerce utilise aussi les IA génératives pour développer l’adaptive learning, pédagogie qui s’appuie sur les facultés et le rythme de chacun pour optimiser l’apprentissage. Des outils également profitables aux enseignants. « L’IA leur permet de générer des QCM plus rapidement, pour vérifier la bonne assimilation des étudiants et d’accélérer leur production de contenus », note-t-il.

Des investissements variables en fonction des configurations

Un niveau de déploiement à adapter à ses besoins

« Avant de se lancer, il y a des questions fondamentales à se poser : dans mon écosystème, ai-je déjà les outils à disposition pour faire le travail ? Pourquoi et comment est-ce que je souhaite utiliser l’IA ? », indique Frédéric Leclère.

Il poursuit : « Aujourd’hui, on dispose déjà de plateformes exceptionnelles, qui donnent accès à l’IA de manière simple et fournissent une plus-value en matière de capacités analytiques et d’automatisations. Après, pour des cas complexes ou des besoins très pointus et spécifiques, il existe des solutions sur mesure. Le montant des investissements à envisager dépend directement des ambitions de chacun. »

L’Essec a fait le choix d’une stratégie globale data et IA de pointe. « Cette stratégie est à double volet. D’une part, une approche “gouvernance et qualité de la donnée”, d’autre part une démarche de pilotage de nos métiers à travers des outils de reporting », explique Stéphane Ureña.

Des choix qui déterminent les modalités concrètes de mise en œuvre

La plupart des modèles économiques des solutions entreprises passent par des licences annuelles ou mensuelles, avec plus ou moins d’options à disposition. Via son education cloud, Saleforce fournit des suites progicielles composées de blocs fonctionnels, autour de quatre piliers :

  • le recrutement et les admissions ;
  • la réussite de l’étudiant;
  • la gestion des anciens élèves et de la philanthropie ;
  • les besoins opérationnels des instituts.

À chaque structure de s’en emparer en fonction de ses besoins. « Nous ne pouvons pas tout faire en temps réel du fait des contraintes budgétaires, mais nous intégrons les nouveaux outils au fur et à mesure, en les proposant de manière proactive à nos différents métiers, pour améliorer l’efficience opérationnelle de l’école », relate Stéphane Ureña.

Assurer la souveraineté et la sécurisation des données : deux points clés à considérer

L’Essec « a fait le choix d’une stratégie globale data et IA de pointe », d’après Salesforce. - © Essec
L’Essec « a fait le choix d’une stratégie globale data et IA de pointe », d’après Salesforce. - © Essec

Comment s’assurer que la data, au cœur de l’IA, est fiable et qu’elle ne soit pas accessible à des tiers ? Frédéric Leclère se veut rassurant :

« Notre modèle de langage Einstein GPT a des critères d’entrée et de sortie intrinsèquement définis et contrôlés par les utilisateurs et faisant automatiquement exclusion des biais et de la toxicité des données. Par ailleurs, vos données et vos outils d’IA vous appartiennent et nous n’y avons aucun accès : la confiance est un socle chez Saleforce », souligne-t-il.

À l’Essec, une équipe est dédiée pour vérifier la qualité et la sécurité des données. « Nous lançons actuellement une formation interne pour initier tous nos salariés à l’usage de ces IA génératives, afin qu’ils se les approprient, mais aussi qu’ils en connaissent les limites et les risques inhérents », ajoute Stéphane Ureña. 

« L’atout européen : Le RGPD  nous permet de créer un cadre bénéfique à une utilisation des données intelligentes et fortement éthique », note Frédéric Leclère.

L’IA, des opportunités inédites à saisir

« Il ne faut pas avoir peur de l’IA, mais l’embrasser, car c’est une source indéniable de transformation pour les établissements du supérieur », recommande Frédéric Leclère. C’est ce qu’a bien compris l’Essec, dont la l’IA est l’un des trois piliers de sa stratégie. Stéphane Ureña en est certain : « On va vraiment dans le cœur de l’histoire. L’humain associé à l’IA est un humain augmenté. »