Mobilité internationale et diplômes : enjeux, vérifications et bonnes pratiques

Dans un monde incertain et globalisé, les établissements d’enseignement supérieur doivent se tourner vers l’international pour rester compétitifs en recrutant plus d’étudiants et les meilleurs enseignants-chercheurs. Ils créent aussi de nouveaux campus hors des frontières de l’Hexagone. Et pour s’assurer que la mobilité soit une expérience fluide, la vérification des parcours et des diplômes est un enjeu central. Découvrez pourquoi et comment simplifier ce processus dans un webinaire, en partenariat avec Verifdiploma.

Cycle : Campus Matin

Le 5 février, dans le cadre de Think de Think Éducation et Recherche 2025, Campus Matin a organisé un webinaire sur les enjeux de la mobilité internationale et de la vérification pour les établissements d’enseignement supérieur. Une conférence en ligne en partenariat avec Verifdiploma, spécialiste de la vérification des diplômes et des parcours, qui travaille avec des universités et grandes écoles en France et à l’étranger.

Quels pays cibles pour le recrutement d’étudiants à l’international ?

Dodzi Denyo a été responsable du pôle études de Campus France Togo. - © D.R.
Dodzi Denyo a été responsable du pôle études de Campus France Togo. - © D.R.

« La compétition internationale pour attirer les talents s’intensifie avec des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas qui développent des stratégies agressives pour recruter des étudiants étrangers. La France doit donc renforcer son attractivité en simplifiant notamment les démarches administratives », estime Dodzi Denyo, directeur général de l’Agence nationale de formation des collectivités territoriales du Togo, qui a été responsable du pôle études de Campus France au Togo.

Les établissements du supérieur français doivent aussi se tourner vers de nouveaux pays pour recruter des étudiants. Notamment en se penchant sur :

  • L’Afrique francophone. Dodzi Degno souligne l’importance de cette partie du monde en raison des liens historiques, linguistiques et académiques avec la France, ainsi qu’une forte demande due à un accès limité à un enseignement supérieur de qualité. Il précise que les ressortissants de cette partie du continent et ceux du Maghreb représentent près de « 40 % de l’ensemble des étudiants étrangers ».

  • La Chine. La France bénéficie d’une image positive auprès des étudiants chinois, notamment dans les filières scientifiques et artistiques. « Cependant la plupart des recrutements se font par des formations en français langue étrangère. Je pense qu’il y a un travail de stratégie à faire dans ce sens », indique Dodzi Denyo.

  • L’Inde. Ce pays connaît une explosion démographique et une forte aspiration à l’internationalisation des études. Le président de la République, Emmanuel Macron, a d’ailleurs fixé un objectif de 30 000 étudiants indiens en France pour 2030, en janvier 2023. « Pour la première fois en 2024, Verifdiploma a fait plus de vérifications en Inde qu’en Chine », note Emmanuel Chomarat, président et fondateur de l’entreprise.

  • L’Amérique latine. Le Brésil et la Colombie « deviennent des viviers intéressants, observe Dodzi Denyo, mais la langue peut représenter un frein. » Il suggère de réfléchir à des programmes en anglais pour attirer davantage d’étudiants de cette région.

Pourquoi la vérification des diplômes est-elle un enjeu pour les établissements du supérieur ?

La vérification permet de lutter contre la fraude aux faux diplômes, parcours ou encore relevés de notes. En 2024, Verifdiploma, qui dispose d’une base de données de 23 millions de diplômés et travaille avec plus de 25 000 établissements dans 190 pays, a enregistré un taux de fraude de 10 %. Un chiffre en hausse (9 % en 2024, 7 % en 2023).

Faciliter la mobilité internationale

La vérification des diplômes est aussi étroitement liée à la mobilité internationale car elle peut impacter l’obtention de visas étudiants. Et la présence de documents frauduleux peut ralentir voir bloquer les processus de mobilité vers certains pays ou établissements.

Eudoxie Foua Egnifi est DGA de Veridiploma Afrique. - © D.R.
Eudoxie Foua Egnifi est DGA de Veridiploma Afrique. - © D.R.

C’est là qu’intervient Verifdiploma. « Le rôle de tiers de confiance aujourd’hui est plus que jamais nécessaire pour les établissements en Afrique, car il permet une visibilité à l’international », note Eudoxie Foua Egnifi, directrice générale adjointe de Verifdiploma Afrique. In fine, c’est la notoriété de l’établissement qui est en jeu.

Au Togo et dans 71 autres pays, les étudiants qui souhaitent s’inscrire dans une formation du supérieur en France doivent passer par la procédure « Étudier en France », entièrement dématérialisée. « Au départ, les étudiants ne connaissaient pas vraiment la procédure. Après ils ont compris que pour avoir une admission, il fallait avoir un dossier de qualité or, nos enseignants sont réputés pour donner de faibles notes. »

Ont alors vu le jour des réseaux de fraudeurs. Une situation qui a poussé certains établissements d’enseignement supérieur à porter plainte contre ceux qui falsifient leurs documents.

Quand les fraudes se multiplient autour d’un établissement, « Campus France Togo prévient que le risque est de ne plus pouvoir valider les dossiers de leurs étudiants. Il doit s’assurer qu’il y a une procédure, ou du moins une rigueur, par rapport à la délivrance des diplômes », poursuit Dodzi Denyo.

Transparence et compréhension des diplômes

Lassaad Mezghani est directeur exécutif de l’Institut pour la formation à distance de l’AUF. - © AUF
Lassaad Mezghani est directeur exécutif de l’Institut pour la formation à distance de l’AUF. - © AUF

D’un pays à l’autre et d’une langue à l’autre, il n’est pas toujours évident de comprendre ce qui se cache derrière le nom d’un diplôme ou d’un établissement. La vérification est alors synonyme de traduction que ce soit pour recruter un étudiant ou encore un académique à la pointe de sa discipline à l’international.

L’Agence universitaire de la francophonie (AUF), qui dispense des formations à distance et compte 24 000 étudiants provenant de 98 pays, propose également des solutions à ses établissements membres. « L’objectif est d’intégrer les technologies de transformation numérique depuis la conception d’une attestation d’un diplôme, son émission et jusqu’à sa vérification en utilisant les technologies nécessaires », indique Lassaad Mezghani, directeur exécutif de l’Institut pour la formation à distance de l’Agence Universitaire de la francophonie.

Répondre aux besoins des recruteurs

Annick Aventi est directrice pédagogique-qualité de Vatel. - © D.R.
Annick Aventi est directrice pédagogique-qualité de Vatel. - © D.R.

L’école d’hôtellerie et management Vatel, qui compte une cinquantaine de campus dans le monde, reçoit en moyenne entre 15 et 30 demandes de vérification de diplômes par mois, principalement pour des recrutements.

« Nous avons énormément de demandes de vérification de titres par les recruteurs. Tout simplement parce qu’aujourd’hui, dans l’industrie hôtelière comme dans beaucoup d’autres, c’est obligatoire pour accéder à certains niveaux de poste. Par exemple, pour des postes d’adjoint de direction ou de direction, il faut être titulaire d’un titre de niveau 7 », rapporte Annick Aventi, directrice pédagogique-qualité de Vatel.

L’IA, une aide pour la fraude… et un atout pour la vérification !

Avancée technologique incontournable, l’intelligence artificielle représente un risque pour les recruteurs, car elle facilite la création de faux CV et de fausses compétences.

Emmanuel Chomarat est le fondateur de Verifdiploma. - © D.R.
Emmanuel Chomarat est le fondateur de Verifdiploma. - © D.R.

« Faire de beaux CV et lettres de motivation, c’est désormais beaucoup plus accessible. Il sera de plus en plus difficile de reconnaître le vrai du faux. Les besoins en vérification augmenteront », indique Emmanuel Chomarat.

Côté vérification, l’IA a également son rôle à jouer. En effet, si certaines vérifications prennent moins de cinq minutes, d’autres nécessitent de récupérer des documents d’identité, en cas de changement de nom par exemple. Une phase que Verifdiploma souhaite accélérer grâce à l’IA.

« L’IA permet d’extraire les données d’une manière beaucoup plus rapide, car la technologie OCR est parfois insuffisante sur certains types de documents », explique Emmanuel Chomarat.