[Replay] Quelle formation au numérique dans le supérieur pour les étudiants ?
Comment apporter aux étudiants, mais aussi aux enseignants et aux professionnels en exercice, les compétences numériques aujourd’hui incontournables pour affronter au mieux le monde du travail ? Quels sont les apports des certifications proposées par les éditeurs, en complément des diplômes ? Autant de défis, dont les grandes écoles et universités doivent aujourd’hui s’emparer.
Cycle : Campus Matin
« La transformation digitale est une lame de fond, déclare Béatrice Matlega, directrice des partenariats et programmes de compétences dans l’éducation de Microsoft, lors d’un webinaire animé par Campus Matin, le 21 mars 2023. Dans le monde, on estime que 87 millions d’emplois seront transformés par le numérique d’ici 2025 et que 97 millions de nouveaux métiers seront créés, qui vont nécessiter de nouvelles compétences. »
Stéphane Braconnier, président de l’Université Paris Panthéon-Assas, approuve : « La manière de concevoir les études de droit va sans doute être profondément impactée dans les 10-15 ans qui viennent par ce choc numérique. »
Frédéric Meunier, directeur général d’Efrei Paris, ajoute : « Il n’existe quasiment plus de métiers sans dimension numérique et digitale : on a besoin de gens qui maîtrisent les technologies et d’autres qui maîtrisent les usages. Ce qui implique la nécessité de donner à l’ensemble de nos étudiants et de nos salariés des compétences à des niveaux plus ou moins élevés. »
Une multitude de domaines d’expertise à maîtriser
Cloud, intelligence artificielle (IA), cybersécurité, internet des objets, big data, informatique quantique… Des nouvelles tendances qui relèvent aujourd’hui presque de la « culture générale », selon le terme de Béatrice Matlega.
C’est toutefois une autre paire de manches lorsqu’il s’agit d’en saisir finement les enjeux, les technologies et les usages. Une démarche qui se construit en trois niveaux. « Il faut, d’abord, être capable de comprendre comment fonctionnent ces nouveaux outils, analyse Béatrice Matlega. Le deuxième stade, ce sont les compétences, à savoir comment utiliser ces technologies dans son futur métier : un point sur lequel les établissements d’enseignement ont un rôle central à jouer. Par contre, se former à la troisième “couche”, à savoir le maniement de ces outils, relève plutôt, à mon sens, des éditeurs comme Microsoft. »
Le passage de certifications : une démarche de plus en plus incontournable
Ces exigences croissantes rendent en effet aujourd’hui nécessaire pour les établissements l’appui sur des entreprises expertes, comme Microsoft. L’éditeur collabore avec l’enseignement supérieur pour doter les étudiants de compétences professionnelles sur des technologies diverses : cloud, IA, création de tableaux de bord, cybersécurité…
Chaque établissement adapte l’offre des éditeurs de manière souple, en fonction de ses besoins et de son organisation. « À l’Edhec, cette sensibilisation s’intègre dans tous les enseignements de façon transversale, en fonction du format du cours et de la discipline, note Guergana Guintcheva, professeure de marketing et directrice de programme à Edhec Business School. Par exemple, en marketing des arts et de la culture, plusieurs séances sont dédiées à la limitation de l’empreinte carbone, soit sur une plateforme Microsoft très ergonomique, soit sur notre réseau interne. »
« Le temps du digital n’est pas celui de l’enseignement »
Sur le marché du travail, la certification présente deux intérêts majeurs. « Elle valide une compétence opérationnelle et immédiate sur certaines technologies, présente Béatrice Matlega. À la clé, un gain de temps et d’argent pour les entreprises. Pour les professionnels, elle permet de valider les compétences acquises via la formation tout au long de la vie, nécessitée par l’évolution permanente des outils numériques. »
La certification est aussi un atout de poids pour compléter les apports des établissements du supérieur en matière d’apprentissages digitaux. D’abord, parce que le temps du digital n’est pas celui de l’enseignement. « Dans nos écoles on travaille sur du temps long (a minima 5 ans en cas d’entrée post-bac), expose Frédéric Meunier. Donc, à la fin du cursus, les connaissances acquises sont presque caduques. D’où la nécessité de nous appuyer sur des éditeurs comme Microsoft, IBM ou Onepoint, qui ont des services prospectifs très affutés sur les compétences requises. »
Des attestations de compétences ciblées, complémentaires aux diplômes
Ensuite, parce que les écoles et les universités ne disposent pas toujours de l’expertise nécessaire pour délivrer ces compétences pointues. « Le produit rare qui sort de l’université, c’est le juriste doté d’une maîtrise approfondie d’un certain nombre de techniques numériques et digitales, observe Stéphane Braconnier. D’où notre rapprochement avec Efrei Paris, dans le cadre de l’établissement public expérimental. Mais la compréhension des enjeux sur l’évolution de ces métiers à moyen et long terme est le volet le plus difficile à mettre en œuvre, car elle implique des enseignants soient très au fait de ceux-ci ou de faire venir des experts extérieurs en nombre suffisant. »
Enfin, parce que les diplômes, qui sanctionnent des compétences générales, ne sont pas adaptés à la mise en valeur de compétences très ciblées. Un écueil bien compris à l’Edhec.
« Si on veut développer des compétences transversales utiles pour l’entreprise, il est indispensable d’avoir un socle généraliste, puis d’y rajouter un socle “business”, analyse Guergana Guintcheva. C’est dans cette optique que nous avons créé une certification pour nos étudiants en double diplôme marketing analytics. Et à partir de 2024, tous nos élèves de M1 vont finir leur premier semestre avec une certification Microsoft. Une avancée qui leur tient à cœur, car rimant avec compétence clairement labellisée sur leur CV. »
Certains écueils sont encore à surmonter
Le manque de temps, en premier lieu.
« Établissements comme étudiants ont un volume horaire contraint, dans lequel on ne peut pas toujours faire entrer toutes les compétences annexes nouvelles liées aux grands enjeux du monde contemporain », souligne Stéphane Braconnier.
Un poste d’investissements conséquent
« Pour une université comme la nôtre, la transformation numérique est l’un des postes de dépense les plus importants, poursuit Stéphane Braconnier. Elle implique en effet un investissement matériel, avec la remise à niveau de nos équipements. Mais aussi humaine, avec la formation de près de 800 agents administratifs et techniques, à laquelle s’ajoutent des niveaux de rémunération en hausse des professionnels des directions informatiques, de plus en plus pointus. »
Frédéric Meunier confirme : « Former un étudiant coûte de plus en plus cher en investissements, et nous ne pouvons pas trop répercuter ces hausses sur les frais de scolarité. »
Dans un contexte de budgets publics restreints, il est donc indispensable de trouver des moyens complémentaires. « Ce sont les entreprises, qui vont trouver dans nos écoles leurs talents de demain, qui vont nous aider à trouver les moyens pour mieux les former », prévoit Frédéric Meunier. « Un coup de pouce qui peut passer par les fondations partenariales ou par du mécénat de compétences », précise Guergana Guintcheva.