Du beurre dans leurs épinards : l’initiative qui lutte contre la précarité étudiante en plein Covid
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
Des repas mijotés par des chefs parisiens et des produits de première nécessité : c’est ce qu’ont distribué les bénévoles de « Du beurre dans leurs épinards » à des étudiants. Une initiative lancée en pleine crise sanitaire… Et qui fait du bien !
C’est un constat qui a été fait en plein confinement : avec la fermeture des restaurants universitaires et la perte de leur petit boulot, de nombreux étudiants se sont retrouvés dans une situation de précarité soudaine, sans ressources.
A Student Pop, une société de mise en relation entre étudiants et entreprises pour différentes missions ponctuelles, le besoin d’un soutien urgent s’est vite fait ressentir. C’est ainsi qu’est né « Du beurre dans leurs épinards », une initiative de distribution de produits de première nécessité et repas préparés par des chefs du mouvement Refettorio Paris.
Pour Campus Matin, Ouriel Damon, un des quatre co-fondateurs de Student Pop, revient sur cette initiative qui a réuni 80 bénévoles et permis de distribuer plus de 4500 repas en Île-de-France.
La naissance du projet
Quelle est l’origine de votre engagement auprès des étudiants ?
Les boulots étudiants nous ont beaucoup marqués, mes associés et moi, pour le meilleur et pour le pire. C’est avec ces premières missions que j’ai pu obtenir mes premiers euros, que j’ai gagné en indépendance, en confiance en moi. Mais c’est aussi à travers ces jobs étudiants que j’ai été confronté à la dure réalité que peut être le monde du travail.
C’est pourquoi nous avons décidé de créer Student Pop, pour réinventer le job étudiant. Notre objectif : prendre le meilleur du digital et de l’investissement humain de nos équipes, pour faire du job étudiant, une expérience positive, formatrice, bienveillante et « challengeante ».
Comment est né Du beurre dans les épinards ?
Chez Student Pop, on travaille au quotidien avec des jeunes qui ont besoin de se financer. La période de confinement, pour eux, a été synonyme d’absence de petits boulots et donc de situation financière compliquée.
En avril, nous avons réalisé un sondage auprès de nos étudiants pour connaître leur situation. Beaucoup d’entre eux (63 %) nous ont révélé leurs galères financières, que ce soit à cause de la fermeture des restaurants universitaires, la mise en pause des jobs étudiants, le loyer qu’il faut continuer à payer, mais aussi une crainte par rapport au marché du travail.
Penser un projet qui crée du lien et qui fasse du bien aux étudiants
On s’est demandé comment nous pourrions leur venir en aide rapidement et de manière pertinente. Les dépenses alimentaires sont un poste de dépense assez conséquent pour les étudiants. C’est l’aide la plus évidente qui nous est venue à l’esprit.
Au-delà d’offrir une aide alimentaire, il fallait aussi penser un projet qui crée du lien et qui fasse du bien aux étudiants. D’où l’idée de collaborer avec le Refettorio et des chefs cuistots pour livrer des repas de qualité aux étudiants dans leurs résidences.
On s’est mobilisé en interne. Plusieurs membres de Student Pop se sont portés volontaires et nous avons été chercher des acteurs du monde étudiant pour rejoindre le cœur de l’équipe, notamment Article 1, Jobteaser et l’Étudiant. A plusieurs acteurs, c’est plus facile d’avancer rapidement.
Un réseau d’étudiants relais bénévoles
Comment déterminez-vous qui a besoin d’aide ?
Nous avons joué la carte du terrain. Les étudiants eux-mêmes sont les plus à même de savoir quels autres étudiants sont vraiment dans la galère. Nous avons constitué un réseau d’étudiants relais bénévoles à travers des offres sur l’Étudiant et JobTeaser, qui recensaient au sein même de leurs résidences qui était le plus dans le besoin.
Nous étions en contact tous les jours avec ces étudiants pour organiser les livraisons, ajuster le nombre de repas demandés et assurer la distribution. Beaucoup d’étudiants n’osent pas dire qu’ils sont dans la galère. Alors, quand ça vient d’un proche, d’un autre étudiant qu’il connaît, le contact est beaucoup plus facile.
Combien de repas avez-vous livrés ?
1000 colis secs et 4750 repas distribués dans 19 cités universitaires
Tous les jours, à partir du 28 avril, nous avons livré environ 150 repas dans plusieurs cités universitaires. En parallèle, nous avons organisé les collectes de produits que nous avons livrés pendant deux jours. Au total, ce sont 1000 colis secs de 11 kgs et 4750 repas qui ont été distribués gratuitement dans 19 cités universitaires d’Île-de-France ainsi qu’à la mairie de Montfermeil.
Comment est organisée la logistique pour la remise des colis ?
Durant deux mois, plusieurs bénévoles ont appelé quotidiennement des entreprises pour collecter des dons de produits de première nécessité et de qualité. Nous avons réceptionné ces colis dans nos locaux grâce à l’aide de dizaines de bénévoles.
En juin, nous avons organisé deux jours entiers de préparation de colis avec une trentaine de bénévoles qui a constitué les kits, chargé dans les camions gracieusement prêtés par Everoad.
Lancée en pleine crise, une aide toujours nécessaire
Comment vous assurez-vous du respect des règles sanitaires ?
Nous avons suivi strictement les gestes barrières pour ne pas être en contact avec les produits, mais aussi préserver les bénévoles. Nous avons donc dû réorganiser totalement les locaux pour séparer les équipes, qu’elles se croisent le moins possible. Nous avons investi dans des masques, gels et gants.
Avez-vous constaté une baisse des demandes avec le déconfinement ?
La baisse de demande n’existe pas, il faudra du temps aux étudiants pour se sortir de cette situation, mais nous avons contribué à apporter une dose de réconfort durant cette période difficile. Nous travaillons actuellement sur de nouveaux projets pour continuer à venir en aide aux étudiants dans le long terme.
Le mouvement va-t-il s’arrêter avec le retour à la normale ? Quels sont vos projets ?
Un vrai réseau qui est prêt à se mobiliser
Nous avons à cœur de prolonger le projet. Malheureusement, les difficultés auxquelles font face les étudiants ont toujours existé. Elles se sont renforcées pendant cette période exceptionnelle. Nous avons constitué un vrai réseau qui est prêt à se mobiliser. Nous venons de lancer un projet pour aider les étudiants à trouver leur job d’été, Student Work, qui offre aux entreprises un service de recrutement CDD (service gratuit jusqu’au 15 septembre).
Informations complémentaires
Pour faire un don (financier ou en nature -brosse à dents, masque, gel douche- pour les entreprises) : contacter Du beurre dans leurs épinards.
Pour suivre leurs actions sur les réseaux : c’est sur facebook ou instagram.