Objectif : 100 % d’étudiants formés à la transition écologique !
Par Isabelle Cormaty | Le | Rse - développement durable
Neuf mois après sa remise à Frédérique Vidal, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a rendu public le rapport du groupe de travail “Enseigner la transition écologique dans le supérieur”. Campus Matin vous résume les enjeux de cette mission pilotée par le climatologue Jean Jouzel et les principales recommandations du rapport.
Il est enfin public ! Le 29 mars dernier, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) a publié le rapport intermédiaire du groupe de travail « Enseigner la transition écologique dans le supérieur ». La mission présidée par le climatologue Jean Jouzel avait entamé des réunions de travail en février 2020.
Quelles sont les conclusions du rapport ?
L’objectif : 100 % des étudiants formés à la transition écologique
Dans son rapport, le groupe de travail recommande à la ministre qu’à « brève échéance, 100 % des étudiants sortant de l’enseignement supérieur en formation initiale, aient été formés aux enjeux, voies et moyens de la transition écologique ».
À ce jour, 69 % des étudiants qui ne suivent pas une formation liée à l’environnement entendent très peu voire pas du tout parler de ces notions durant leurs études, d’après la consultation nationale étudiante du Refedd publiée en 2020.
« La transition écologique n’est enseignée que de façon marginale, quand elle l’est », insiste le rapport de la mission Jouzel.
Plusieurs volets évoqués
Le groupe de travail distingue et détaille également plusieurs axes de travail différents : les principes d’action, la démarche de transformation pédagogique et la mise en œuvre de ces mesures par la Mesri et les ministères de tutelle.
Ces derniers doivent « mettre en place un plan de mesures-cadres destinées à faciliter et accélérer les démarches d’amélioration de la formation à la transition écologique que les établissements engagent », d’après le rapport.
Des recommandations à court terme
Le rapport inclut également un certain nombre de propositions concrètes pouvant être mises en œuvre sans attendre, dès la rentrée 2020-2021 « sans qu’elles se substituent aux recommandations principales ». Parmi elles :
- Communiquer sur le référentiel DD&RS et le label correspondant afin d’inciter les établissements qui ne l’ont pas encore fait à s’impliquer dans la démarche.
- Promouvoir et faire connaître les outils et les ressources déjà mobilisables à travers les plateformes existantes comme Fun Ressources (outils pédagogiques et retours d’expérience).
- Identifier des établissements d’enseignement supérieur volontaires pour une expérimentation sur le renforcement de la prise en compte de la transition écologique dans la formation des enseignants, notamment dans le cadre du Master Meef.
- Organiser une rencontre nationale associant les parties prenantes pour présenter et approfondir les recommandations du groupe de travail avant la fin de l’année universitaire 2020-2021.
- Prendre en considération les recommandations du groupe de travail dans les nouveaux contrats d’objectifs et de performance des établissements d’enseignement supérieur et de recherche.
Quelles réactions après la publication du rapport ?
Des étudiants appellent à accélérer le changement
Dans un communiqué commun publié le 30 mars, quatre organisations étudiantes ayant participé au groupe de travail regrettent la publication tardive du rapport, quasiment neuf mois après sa remise à Frédérique Vidal. Elles « déplorent que les recommandations ne soient pas transcrites dans la loi » alors qu’a commencé mardi 29 mars l’examen du projet de loi Climat à l’Assemblée nationale.
« L’absence d’action et de réactivité de la part du ministère révèle un sérieux manque d’ambition pour former les nouvelles générations aux enjeux environnementaux climatiques et de biodiversité », tancent Pour un réveil écologique, la Fage, le Refedd et l’Unef.
Ces organisations appellent les établissements du supérieur « à urgemment mettre en oeuvre les premières recommandations opérationnelles, et le Mesri à débloquer les leviers et financement nécessaires ».
La CPU « soutient pleinement l’approche systémique »
La Conférence des présidents d’université salue elle la démarche systémique adoptée par Jean Jouzel. « Former les étudiants aux enjeux de la transition écologique, dans le respect de la liberté académique, nécessite de s’inscrire dans une démarche globale, associant connaissances et compétences, et reposant sur une politique d’établissement engagée », assure l’institution.
Et maintenant, quelles sont les prochaines échéances ?
Frédérique Vidal a annoncé mardi 29 mars la prolongation de la mission présidée par Jean Jouzel. Le groupe de travail est chargé de détailler dans un second rapport plus volumineux les modalités de mise en œuvre pratiques des recommandations. Il s’accompagnera notamment « d’une matrice de compétences et connaissances de base, afin de nourrir la réflexion des établissements et responsables pédagogiques ».
La ministre souhaite « poser les bases dans le Code de l’éducation d’un enrichissement des missions du service public de l’enseignement supérieur en inscrivant, à l’occasion de la Loi de programmation de la recherche, une nouvelle mission de sensibilisation et de formation aux enjeux de la transition écologique et du développement durable. »