Vie des campus

Comment développer et reconnaître l’engagement étudiant ?

Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable

Il recense les bonnes pratiques, les outils et partage les ressources utiles aux écoles d’ingénieurs : le guide « Valorisation de l’engagement étudiant » de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieur (Cdefi), le Bureau national des élèves (BNEI) et la commission des titres d’ingénieur (CTI) est une mine d’idées ! 

Campus Matin l’a lu pour vous et en a tiré une fiche pratique. 

Une enquête menée en 2019 auprès de 82 établissements a permis de constituer un guide de 36 pages  - © Photo by Perry Grone on Unsplash
Une enquête menée en 2019 auprès de 82 établissements a permis de constituer un guide de 36 pages - © Photo by Perry Grone on Unsplash

C’est pour répondre aux problématiques que représentent la reconnaissance et la validation de l’engagement étudiant que le guide pratique du BNEI, de la Cdefi et de la CTI a vu le jour.

« Si les impacts positifs d’un apprentissage extrascolaire ne sont pas méconnus, ils restent difficiles à identifier et à évaluer », souligne la préface du guide. D’autres obstacles qui doivent être surmontés : « déficit de communication auprès des étudiants, accompagnement des étudiants, cadre administratif, etc. ».

Une enquête menée en 2019 auprès de 82 établissements a permis de constituer un guide de 36 pages sur la valorisation de l’engagement étudiant.

Un guide qui suit la dynamique impulsée par la loi égalité-citoyenneté

Depuis la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté du 27 janvier 2017, dont l’un des objectifs était d’encourager l’engagement citoyen, les écoles d’ingénieurs travaillent sur les dispositifs permettant de mieux reconnaître les activités extracurriculaires. La dynamique est réellement lancée en 2018, avec la mise en place d’un groupe de travail dédié, animé par le BNEI, la Cdefi et la CTI.

Comment valoriser l’engagement ?

Valoriser l’engagement étudiant c’est donner de la valeur aux compétences, aux connaissances et aux aptitudes acquises. Cela peut se faire de deux manières :  par la reconnaissance de l’engagement et la validation des compétences.

Reconnaissance

Elle permet à l’étudiant de mieux concilier ses études avec son engagement, en prenant notamment la forme d’aménagement de l’emploi du temps.

De nombreux outils peuvent être proposés à l’étudiant engagé : le suivi tutoré, l’autorisation d’absence, la mise en place de demi-journées, la délivrance d’une convention, l’inscription de l’engagement dans l’annexe descriptive au diplôme, l’utilisation d’un portfolio…

Validation

La validation de l’engagement associatif atteste de l’acquisition de compétences ou de savoir-faire via une évaluation selon les modalités prévues par l’établissement supérieur.

Les établissement peuvent avoir recours à divers dispositifs : l’utilisation des crédits additionnels, des crédits liés à un enseignement libre ou optionnel, la validation entière ou partielle d’une unité d’enseignement ainsi que l’utilisation des crédits liés à un engagement associatif obligatoire.

Quel public concerné ?

• les étudiants impliqués dans une activité associative (interne et/ou externe à l’école),

• les étudiants exerçant une activité professionnelle,

• les étudiants en service civique,

• les étudiants exerçant une activité militaire dans la réserve opérationnelle, les étudiants engagés comme sapeur-pompier volontaire,

• les élèves en volontariat dans les armées.

Comment évaluer les compétences acquises ?

Pour évaluer l’engagement étudiant, il faut non seulement définir qui évalue (professeurs, personnel administratif, tierce parti, étudiant), ce qui est évalué (investissement en temps, compétences, activités) mais surtout comment, selon quels critères (rapport, présentation, entretien, portfolio) ?

Pour éclairer ces questions, le kit méthodologique d’ExtraSup, porté par le projet du même nom, développé entre novembre 2016 et avril 2019 et visant à soutenir la mise en œuvre des réformes liées à l’Espace européen de l’enseignement supérieur, s’avère intéressant.

Les autres dispositifs d’évaluation recensés par le guide pratique :

Conseils pour une meilleure communication

La communication sur les dispositifs pour l’engagement étudiant prend déjà des formes diverses : e-mailing, affichage, présentation en amphithéâtre (par l’école ou les élèves), partage sur les réseaux sociaux, inscription au règlement des études/de la scolarité, partage sur le réseau interne de l’école, présentation dans le guide des études d’ingénieurs…

Le BNEI, la Cdefi et la CTI remarquent que « la communication est facilitée lorsque les élèves et les enseignants sont inclus dans le processus d’élaboration » et que « l’officialisation du processus dans les documents de l’école permet d’accentuer et de clarifier l’offre auprès des étudiants ».

Ils avertissent également sur l’importance de ne pas se focaliser uniquement sur la communication de pairs à pairs, qui peut sembler la plus efficace.

« Il est fondamental que le corps enseignant se saisisse du dispositif de valorisation de l’engagement associatif qui met en pratique les compétences enseignées dans les unités, et qu’il communique sur ce dispositif ».

Bonne pratiques

Le statut Engage de Toulouse INP

Depuis avril 2017, l’Institut national polytechnique de Toulouse reconnaît officiellement l’engagement étudiant, associatif ou électif, à travers le statut « Engagement étudiant » (Engage).

Ce statut est attribué à la suite de la demande de l’étudiant par une commission mise en place dans chaque composante et présidée par le chargé de mission Vie étudiante de Toulouse INP, responsable de ce statut. L’attribution se fait pour une durée d’un an renouvelable.

Des formations pour les associations 

A chaque rentrée, pour accompagner les associations dans leur prise de fonction, des formations sont organisées. « Elles aident les associations à préparer leur année de mandat et mesurer leur responsabilité dans : la consommation d’alcool, les risques et gestion des débordements, les addictions et dérives ainsi que le harcèlement et sexisme », indique Emilie-May Hubbard, responsable vie étudiante à l’EBI (Ecole de biologie industrielle).

Des rendez-vous réguliers 

Partager l’information à toute la communauté de l’école et encourager la participation et l’expression libre des étudiants au travers d’une commission : c’est que fait l’EBI avec le “Students and Association Meeting” qui a lieu toutes les 6 semaines. Il réunit EBIstes et membres du personnel. « Les étudiants ont également leurs sièges dans le comité de gestion de site, une réunion dédiée à l’évolution du campus. Cette implication dans les prises de décision est essentielle, elle permet aux choix d’être plus concrets et pertinents ».

Des projets citoyens

« On travaille beaucoup en mode projet », explique Marie Saad, responsable de la vie associative à l’ECE Paris, « avec leur compétence en ingénierie des projets, nos élèves sont à même d’aider les autres en montant des start-up, en produisant de nouveaux services et objets ».

C’est le cas de Soliguide, start-up qui est née sous forme du projet de fin d’études de Victoria Manfield, qui consiste en plateforme en ligne qui référence les lieux et services utiles et accessibles aux personnes en situation de précarité.

Travailler avec les entreprises

De nombreux projets de fin d’études à l’ECE Paris sont accompagnés par les entreprises et les associations puis reprises par elles. Le travail de l’élève ingénieur continue ainsi d’exister et de faire sens.

L’unité d’enseignement « Valorisation de l’engagement étudiant »

Généralisée par la loi sur la citoyenneté de 2017, l’unité d’enseignement (UE) « Valorisation de l’engagement étudiant » est accessible sur simple candidature. L’étudiant n’a qu’à décrire le type d’engagement prévu et les missions qui seront demandées.

Cette UE peut être sollicitée comme enseignement libre ou optionnel. La validation de la candidature entraîne l’attribution d’un tuteur qui suivra de près l’activité de l’étudiant et participera à l’évaluation de ses compétences.

Cette UE n’impose pas de créneau hebdomadaire mais des échanges réguliers avec le tuteur et un travail de réflexion sur les compétences mises en avant par l’engagement.