Quand l’Afrique professionnalise la sécurisation des diplômes
Alors que la mobilité étudiante et professionnelle progresse sur le continent africain, le besoin de diplômes vérifiés et sécurisés augmente tout autant. Un enjeu de crédibilité et de réputation pour les établissements d’enseignement supérieur, qui cherchent à être accompagnés pour répondre aux demandes d’institutions, d’ambassades et d’employeurs, mais aussi de leur alumni.
Cycle : Campus Matin
En juin 2023, l’Institut universitaire de la Côte au Cameroun a été sollicité par l’ambassade de France dans le cadre de demandes de visa pour continuité d’études. Sur les dix dossiers à vérifier, quatre diplômes étaient falsifiés.
« Cette situation nous a incités à échanger avec l’équipe de Verifdiploma et à adopter leur solution », expose Claire Choukem, directrice des affaires administratives et financières de l’établissement, qui s’exprime lors du webinaire Campus Matin en partenariat avec Verifdiploma, organisé le 7 février 2024, dans le cadre de Think Éducation et Recherche 2024.
Plus largement, avec plus de 10000 diplômés en 22 ans, « la vérification des diplômes commençait à poser un problème, d’autant plus avec le fonctionnement papier qui persistait ».
Davantage de prise de conscience de l’ampleur de la fraude
De son côté, l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire — une université issue de la fusion, en 1996, de quatre grandes écoles — diplôme environ 900 étudiants chaque année, sur l’ensemble des cursus proposés. Pour Adama Koné, directeur de la scolarité et de la vie étudiante, « cette volumétrie représente un enjeu de vérification de l’authenticité des diplômes, notamment pour répondre aux demandes croissantes des employeurs ».
Ces deux exemples confirment la prise de conscience, par les établissements d’enseignement supérieur africain, du risque de fraude et de son ampleur.
« C’est ce qui les incite, aujourd’hui, à mettre rapidement en place des process ad hoc, précise Rafael Melinon, directeur général adjoint du commerce et du marketing de Verifdiploma. Ils sont d’autant plus réactifs et motivés à traiter le sujet qu’ils sont conscients des bénéfices : la réduction de la fraude, la simplification des process de vérification et les gains de temps. »
Un enjeu d’image, de confiance et de développement
Groupe d’edtech et de solutions RH, Verifdiploma positionne son offre dans deux directions complémentaires. D’abord, la sécurisation des diplômes, avec une solution à 360° (dématérialisation, archivage, sécurisation avec QR code et blockchain, transmission de documents de scolarité), et un outil mis à la disposition des services de scolarité pour gérer les demandes de vérification émanant des recruteurs ou d’institutions publiques. Ensuite, la sécurisation des recrutements, avec vérification des diplômes, prises de référence auprès d’employeurs, e-réputation, etc.
De quoi répondre à la diversité des besoins, notamment ceux des établissements d’enseignement supérieur.
« De nombreux diplômés souhaitent travailler à l’étranger, notamment au Canada. Nous sommes donc de plus en plus sollicités par les ambassades et autorités consulaires », illustre Claire Choukem.
Elle estime que la vérification des diplômes répond à plusieurs enjeux : la crédibilité et l’image de l’établissement, les relations de confiance qu’il noue avec ses parties prenantes, et l’objectif d’implantation dans d’autres pays africains.
La sécurisation des diplômes, au bénéfice de toutes les parties prenantes
Le processus de sécurisation des diplômes profite à toutes les parties prenantes. « Étudiants, alumni, parents, tous sont concernés », estime Adama Koné, mettant aussi en avant « la perte de la valeur du diplôme aux yeux des recruteurs » associée à la fraude.
Un accès direct des alumni.
Claire Choukem, pour sa part, évoque le cas des alumni qui demandent un duplicata ; la vérification des diplômes est aussi l’occasion de généraliser leur dématérialisation. « À terme, nous allons mettre en place avec Verifdiploma un accès direct des alumni à l’authentification des diplômes. Il est donc important de disposer de ces bases de données. »
Autres bénéficiaires : les collaborateurs des services de scolarité, qui occupaient une partie importante de leur temps à l’activité d’authentification, et sont désormais mobilisés sur des tâches à plus forte valeur ajoutée pour l’établissement.
Les explications possibles à la hausse des fraudes
Le renforcement de la sécurisation des diplômes répond aussi, plus largement, à la hausse des fraudes. « Alors que le taux de faux oscillait entre 6 et 7 % ces cinq dernières années, il a atteint 9 % en 2023 », précise Rafael Melinon, en avançant des éléments d’explication :
- l’accès facilité aux nouvelles technologies pour créer ou transformer des documents ;
- les tensions sur le marché du recrutement, qui peuvent inciter les employeurs à être moins regardants sur les diplômes présentés par les candidats.
« L’essor des enjeux de mobilité appelle également un besoin de clarification et de compréhension des diplômes et des parcours », ajoute Rafael Melinon.
Un phénomène mondial, nécessitant de systématiser l’authentification
Il reste encore des verrous à lever pour aller plus loin dans la sécurisation des diplômes et des recrutements. « C’est un besoin mondial, estime Rafael Melinon. Aucun pays n’est épargné par la fraude. Des initiatives gouvernementales commencent à apparaître, mais elles restent partielles. C’est pourtant une réponse aux problématiques de mobilité internationale. »
La montée en puissance passera aussi par l’évaluation des procédures de sécurisation. Nombre de vérifications effectuées, taux de réussite des vérifications, satisfaction des services de scolarité, employabilité : les critères sont nombreux.
« Le fait de centraliser les demandes de vérification permet aux établissements de disposer de statistiques utiles, basées sur ces indicateurs », indique Rafael Melinon.
Pour Adama Koné, il est essentiel aujourd’hui d’encourager les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises à demander systématiquement une vérification : « Cela ne peut qu’avoir un impact positif sur la prévention de la fraude ».