[Replay] Bâtir son écosystème numérique : quels prérequis et quelles perspectives après la crise ?

Quels sont prérequis indispensables à la création d’un écosystème de technologies d’apprentissage performant dans les établissements du supérieur ? Et à quoi pourrait ressembler cet écosystème après la crise sanitaire ? Campus Matin et son partenaire Panopto ont réuni quatre spécialistes lors d’un webinaire organisé le 4 mars sur le sujet.

Cycle : Campus Matin

« Les trois étapes nécessaires au changement dans le milieu technologique sont : les personnes, les processus, et la technologie. C’est seulement à la fin que l’on peut choisir la bonne solution adéquate et adaptée aux processus et aux personnes avec qui on travaille », introduit Kolia Guiget, directeur régional des ventes France de Panopto, qui fournit des logiciels d’enregistrement de conférences, de screencasting, de streaming vidéo et de gestion de contenu vidéo.

Les enseignants ont donc une place importante dans la construction de l’écosystème digital des établissements du supérieur au service de la pédagogie…

Les enseignants, acteurs de la transformation digitale actuelle

Concevoir une offre digitale cohérente

Afin de bâtir un écosystème digital, « il faut un dispositif qui soit le garant de cette cohérence », présente Marie-Odile Lhomme, directrice de la transformation digitale et du numérique chez Audencia.

Son service travaille en étroite collaboration avec le service développement pédagogique de l’école de commerce. « Tout le monde a de bonnes idées, des envies. Ce qui est important, c’est de maintenir cette cohérence d’ensemble via une offre de services coconstruite », dit-elle.

Des professeurs qui changent de posture et réinventent leur pédagogie 

« Avec le digital, l’enseignant passe d’une posture de transmission de savoirs, d’expertise, à une posture d’animation. Le vrai sujet n’est pas sur l’adoption de la solution digitale mais comment les professeurs changent de posture. Les efforts de l’école portent vraiment sur l’accompagnement des enseignants », raconte Marie-Odile Lhomme.

Kolia Guiget est directeur régional des ventes France de Panopto - © D.R.
Kolia Guiget est directeur régional des ventes France de Panopto - © D.R.

Les universités ayant réussi la bascule en distanciel au printemps dernier lors du confinement sont celles qui ont travaillé avec les forces du distanciel sans essayer de refaire du présentiel en distanciel, d’après Kolia Guiget. 

« Cela passe par la remise en question de la pédagogie que ce soit la classe inversée, les méthodes d’apprentissage en mode asynchrone voire la personnalisation de l’apprentissage chez les étudiants », énumère-t-il.

« L’utilisation de Panopto est différente d’une institution à l’autre. Certaines vont travailler sur l’expérience asynchrone pour faire des petites capsules vidéos au sein de Moodle, d’autres vont diffuser le cours en live sur une plateforme LMS », poursuit-il.

Comment alors impliquer les professeurs dans cette transition et les accompagner ? À Audencia et l’Essec, les équipes s’adressent à l’ensemble des enseignants, plutôt qu’aux réticents ou aux plus motivés.

« Les professeurs constituent notre cœur de cible car ils repèrent des problématiques très précises. Par exemple, vont-ils identifier l’écosystème digital comme une aide ou comme une contrainte supplémentaire qui va leur donner davantage de travail ? Cela nous permet de proposer des innovations acceptables et de convaincre les récalcitrants », explique Benjamin Six, directeur de l’innovation et l’expérience utilisateur à l'Essec.

Les étudiants, promoteurs des nouvelles pratiques pédagogiques

Enfin, une fois la majorité des professeurs convaincus et les outils mis en place, les étudiants jouent également un rôle de promoteur de certaines pratiques pédagogiques auprès des enseignants en leur signifiant celles qu’ils apprécient.

« Un client Panopto arrive à 100 % d’utilisation par son corps enseignant au bout de la troisième année en moyenne. Le déploiement prend du temps et cela passe aussi par la promotion des élèves », témoigne Kolia Guiget. 

Poursuivre la transformation digitale après la crise

S’appuyer sur l’expérience acquise depuis un an

Après de forts investissements dans le numérique au printemps et à l’été dernier, la transformation digitale des établissements, accélérée par la crise sanitaire va se poursuivre sur le long terme. « Il n’y a pas de retour en arrière possible après la crise, nous allons amplifier ce qui a déjà été lancé », prévient Marie-Odile Lhomme.

Benjamin Six est directeur de l’innovation et l’expérience utilisateur à l’Essec. - © D.R.
Benjamin Six est directeur de l’innovation et l’expérience utilisateur à l’Essec. - © D.R.

L’Essec espère, elle, capitaliser sur l’expérience accumulée par ses enseignants lors des cours à distance pour changer leurs pratiques pédagogiques :

« Avant, nous discutions de l’hybridation avec les professeurs de manière théorique, maintenant, nous parlons de leur expérience. Ils savent ce qui est davantage adapté au présentiel, à l’hybride ou au distanciel, constate Benjamin Six. Nous nous attendons à recevoir des demandes d’enseignants qui veulent complètement réinventer leur pédagogie. »

Conserver les bénéfices du distanciel et du présentiel

À quoi pourraient ressembler les cours dans le supérieur après la crise sanitaire ? Si l’horizon semble encore incertain, les intervenants de ce webinaire s’accordent sur un fait : les étudiants souhaitent majoritairement un retour à la normale en présentiel… tout en bénéficiant des apports de la crise sanitaire. 

« Pendant un an, nous avons géré toute la scolarité des étudiants sans qu’ils aient besoin de se déplacer pour des raisons administratives, et nous leur avons proposé des enregistrements des cours. Nous ne reviendrons pas en arrière sur ces points là », avance par exemple le directeur de l’innovation et l’expérience utilisateur à l’Essec. 

Le numérique renforce la proposition de valeur des établissements

Au-delà de la continuité pédagogique en période de crise sanitaire, l’offre numérique des établissements renforce leur proposition de valeur dans un contexte d’internationalisation de l’enseignement supérieur et constitue également un marqueur différenciant entre les écoles.

« Maintenant, la compétition entre les établissements n’est plus uniquement basée sur la localisation géographique des étudiants mais aussi sur l’offre digitale qu’elles peuvent mettre en avant », souligne ainsi Kolia Guiget.

Marie-Odile Lhomme est directrice de la transformation digitale et du numérique chez Audencia. - © D.R.
Marie-Odile Lhomme est directrice de la transformation digitale et du numérique chez Audencia. - © D.R.

La directrice de la transformation digitale et du numérique d’Audencia confirme cette course entre établissements. « Nos apprenants en formation initiale ou continue viennent chercher une certaine expérience d’apprentissage et c’est ce qui nous distingue des uns des autres par rapport à notre offre », note Marie-Odile Lhomme.

Benjamin Six nuance toutefois cette idée. « La compétition ne se fait pas sur le digital mais le digital va permettre d’accompagner nos marqueurs forts et les rendre encore plus visibles. À l’Essec, nous insistons sur la personnalisation du parcours, qui peut être amélioré par le digital », conclut-il.

La propriété intellectuelle, enjeu majeur de l’écosystème digital

À qui appartiennent les vidéos créées à partir de l’outil Panopto ? Au professeur, à l’établissement ou à Panopto ? Cette question juridique récurrente chez les utilisateurs ou futurs usagers nécessite la mise en place d’une politique spécifique au sein des écoles et des universités. 

« La vidéo appartient à l’établissement qui gère ensuite avec les enseignants, détaille Kolia Guiget, regional sales manager chez Panopto. Les vidéos ne sont pas mises en ligne directement sue des plateformes comme YouTube. Nous arrivons à sécuriser le patrimoine vidéo des écoles. »

Pour faciliter l’adhésion des enseignants au système de vidéo disponible en replay, l’Essec les laisse paramétrer plusieurs items. « L’enregistrement des cours se fait automatiquement par défaut. Mais les professeurs peuvent l’arrêter, supprimer ou restreindre l’accès à une vidéo quand il le souhaite, détaille Benjamin Six. La vidéo n’est pas téléchargeable, elle est supprimée au bout d’un certain temps. Et seuls les étudiants inscrits au cours peuvent la consulter. »