[Replay] 4 questions à se poser pour améliorer l’hybridation de ses enseignements
Le 15 octobre dernier, Campus Matin organisait un webinaire intitulé « Hybridation : un changement durable ? » en partenariat avec Panopto. Trois acteurs d’établissements du supérieur différents y ont raconté leur expérience et les points de vigilance à ne pas négliger lors de la conception d’enseignements hybrides.
Cycle : Campus Matin
Après un passage forcé à l’enseignement distanciel pendant le confinement au printemps dernier, les établissements de l’enseignement supérieur se sont réorganisés pour la rentrée avec des formules en distanciel ou hybrides.
Passée la crise, comment améliorer l’hybridation des enseignements sur le long terme ? Voici quelques conseils issus de la conférence en ligne « Hybridation : un changement durable ? » organisée par Campus Matin et son partenaire Panopto, le 15 octobre.
1 - Quel ratio de cours à distance et en présence ?
Un juste équilibre à trouver selon les disciplines
Les intervenants de la conférence en ligne rappellent qu’il n’y a pas de ratio idéal entre le distanciel et le présentiel. Cela dépend des matières, de l’aisance des professeurs, des besoins des étudiants et… du contexte sanitaire. De nombreux établissements ont ainsi préféré organiser des cours en présentiel pour les jeunes bacheliers plutôt que pour leurs ainés plus familiers de l’enseignement supérieur.
Un risque : le décrochage de certains étudiants
Les professionnels du secteur s’accordent à dire que les cours entièrement en distanciel sont à éviter.
« Il y a alors un risque le décrochage de certains étudiants à cause du manque d’accompagnement des étudiants », expose Yannick Mahé, directrice du service pédagogique numérique, de la faculté de médecine de Sorbonne Université.
La valeur-ajoutée du cours en présentiel
L’hybridation des enseignements redéfinit la fonction du cours en présentiel et la fonction même du professeur. « L’objectif est d’être encore plus performant dans la salle de classe. Le cours d’aujourd’hui est devenu un projet pédagogique en tant que tel. Il faut réfléchir à ses objectifs, aux messages que l’enseignant veut faire passer, et comment il souhaite le faire », détaille Jean-François Fiorina, directeur adjoint de Grenoble École de Management.
Le présentiel apporte donc une valeur-ajoutée. Quelles sont les activités à privilégier de visu et à distance ? Quels échanges proposer pendant un cours ? Autant de questions à se poser avant d’organiser ses cours.
2 - Quels sont les besoins spécifiques des professeurs ?
« Il faut s’adapter aux besoins de l’enseignant, ce qu’il exprime, ce qu’il veut mettre en place pour trouver la solution qui va avec ses besoins. Les outils doivent s’adapter aux besoins de l’enseignant, pas l’inverse », commente Yannick Mahé.
Dans ce contexte, Jean-François Fiorina affirme qu’il s’agit pour les edtechs de s’ajuster aux besoins des professeurs et des écoles, non de proposer des solutions numériques standards. En somme de proposer du sur-mesure.
3 - Dans quoi investir ?
Dans des logiciels et plateformes numériques
Il ne faut pas partir du principe que la technologie va réduire les coûts
Contrairement à une idée reçue, « il ne faut pas partir du principe que la technologie va réduire les coûts », rappelle Jean-François Fiorina, de Grenoble École de Management. S’équiper en logiciels et plateformes nécessite des moyens financiers importants.
Quid de la sécurité des plateformes et des droits d’auteurs ?
Les réglementations européennes notamment le RGPD et les attentes des professeurs et étudiants ajoutent également une exigence : la sécurisation des données collectées et le respect de la vie privée. De nombreux départements d’informatique d’écoles et universités se sont saisis de la question en créant des groupes de travail comme à Sorbonne Université par exemple. Autre enjeu de taille avec le passage au distanciel, la question des droits d’auteurs sur les vidéos de cours. L’appui de juristes peut ici être utile afin de clarifier dans quelles situations peuvent être réutilisées les contenus pédagogiques.
Dans la formation des enseignants
Une fois l’outil choisi et fonctionnel, encore faut-il que les enseignants s’en emparent.
« On a eu la chance de travailler avec Panopto avant la crise, l’outil était déjà déployé. Ce qui était important, c’était de former les enseignants », raconte Yannick Mahé.
Les ingénieurs pédagogiques ont ici un « rôle prédominant » pour accompagner le personnel enseignant dans sa bascule sur le numérique, d’après Karine Richer, responsable de l’équipe de formation à distance de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue . Ce métier apparu récemment ne cesse d’embaucher.
Dans du matériel
A l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue par exemple, l’équipe de formation à distance prend également en compte les attentes des étudiants, grands consommateurs de films, séries ou jeux vidéos en ligne aux images de très grande qualité. L’établissement a donc créé des studios insonorisés et acheté des caméras HD utilisées par des professionnels formés.
Investir dans du matériel d’enregistrement ou de retransmission de qualité favorise ainsi la concentration des étudiants plus réceptifs au contenu même du cours.
4 - Comment valoriser le travail des enseignants ?
Adapter tous les cours pour qu’ils soient consultables en ligne demande aux enseignants du temps. A cela s’ajoutent les nombreux mails auxquels répondre pour pallier l’absence de rencontres physiques avec les étudiants.
Certains professeurs réclament de fait une prise en compte de ce travail en plus par le paiement des heures supplémentaires. Une meilleure rémunération, une certification sont des pistes pour reconnaître l’implication des professeurs.
Le directeur adjoint de Grenoble École de Management « réfléchit à une certification pour valoriser l’expertise des enseignants » qui innovent dans leur pédagogie.
Une méthode déjà éprouvée de l’autre côté de l’Atlantique à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
« Depuis deux ans, nous remettons des prix et des bourses aux professeurs qui innovent. La reconnaissance est vraiment nécessaire », insiste Karine Richer.