Une expérience « aussi performante qu’en présentiel » : l’ambition de Neoma pour sa rentrée hybride
Par Catherine Piraud-Rouet | Le | Pédagogie
Forte d’un plan stratégique 2018-2022 dont la transformation digitale est l’un des leviers phares, l’école de management Neoma prévoit une rentrée à 40 % en distanciel. Au-delà de la mise en place d’outils technologiques, ce basculement accéléré par la crise sanitaire et le confinement, implique un travail d’acculturation et d’adaptation.
Mot d’ordre du plan stratégique 2018-2022 de Neoma Business School : la « métamorphose digitale », soutenue par un budget global de 300 millions d’euros sur cinq ans. Une stratégie ambitieuse, illustrée par la création de nouveaux espaces d’apprentissage innovants : « Augmented Learning Rooms », « Creativity Rooms » et « Ressources rooms », avec mise à disposition de tous les étudiants de matériel de pointe.
« L’hybridation des enseignements s’inscrit à plein dans cette démarche », précise Alain Goudey, directeur de la transformation digitale au sein de l’école de management rémoise, rouennaise et bientôt parisienne.
60 % de présentiel, 40 % de distanciel
Deux directions ont été créées en 2018 pour porter ces transformations. Celle de la « transformation digitale », dirigée par Alain Goudey, et celle de la « pédagogie innovante », chargée du déploiement, dont Haithem Marzouki est responsable.
« Raison d’être de ces évolutions : mieux coller aux attentes du marché et notamment des nouvelles générations, aux modes d’apprentissage et aux attentes assez différents des générations précédentes », explique ce dernier.
En période d’incertitude quant aux conditions possibles d’accueil à la rentrée, l’hybridation est aussi le moyen pour accompagner les étudiants dans les meilleures conditions possibles en termes de sécurité sanitaire.
Insuffler davantage d’expérience numérique dans les cours
Scénario calé pour la rentrée 2020-2021 : dérouler 60 % des enseignements en présentiel et 40 % en distanciel, pour l’ensemble des programmes et des niveaux de formation.
« Il s’agit d’insuffler davantage d’expérience numérique dans les cours : digital learning, vidéos, simulations, cas en réalité virtuelle, etc., détaille Haithem Marzouki. Un dispositif à ne pas confondre avec de simples Mooc : nous souhaitons préserver et développer au maximum les interactions entre étudiants et professeurs, en gardant une vraie expérience de campus. »
Arsenal technologique de pointe
Les 40 % de distanciel seront effectués en quasi-totalité en synchrone. « Nous avons prévu tout un arsenal technologique pour garantir aux étudiants une expérience aussi performante qu’en présentiel, via du matériel audio-vidéo de grande qualité », assure Alain Goudey.
Des interactions maximales sont prévues via le logiciel Zoom, qui permet de lever la main, de dire si l’on a compris ou pas, de demander au professeur d’accélérer ou ralentir, de réagir, de procéder à un partage d’écran, de procéder à des sondages ou encore d’annoter des slides.
Outre les cours au quotidien, ces dispositifs pourront s’appliquer aux étudiants en stage, alternance ou année de césure. « Des publics pour lesquels le besoin en création de proximité est d’autant plus important », remarque Alain Goudey. Mais aussi aux étudiants internationaux qui ne pourraient pas rejoindre les campus dès la rentrée et pour lesquels cette hybridation fait office d’enseignement à la carte. « Cette organisation nous permet une adaptabilité maximale », se félicite Haithem Marzouki.
Un suivi selon la méthode « test and learn »
La définition du contenu et des modalités de chaque enseignement incombe aux responsables de départements. « C’est un travail d’équipe, qui doit être spécifique à chaque discipline, estime Haithem Marzouki. On n’adapte pas en hybride un cours de finance comme un cours de ressources humaines. Ainsi, pour les matières scientifiques, par essence abstraites, il est prévu un tableau blanc interactif auquel tous les étudiants peuvent contribuer. »
Autant de dispositifs déjà testés avec succès pendant le confinement. « Le fait que 100 % de nos cours soient passés online a été une formidable occasion d’apprendre », relève-t-il.
Une période dont le bilan pédagogique a fait l’objet d’une vaste enquête pour en cerner points positifs et axes de progrès. Ces retours, tant des étudiants que du corps enseignant, feront l’objet d’une attention soutenue de la direction au cours de l’année à venir. Cette mise en place à 40-60 pourra être affinée ou modifiée au cas par cas en fonction des retours de terrain et des effets mesurés (démarche du « test and learn »).
« Notre conviction : il y a de l’excellent à prendre aussi bien en présentiel qu’en distanciel, pointe Alain Goudey Nous corrigerons les outils et les approches autant de fois que nécessaire, jusqu’à parvenir à la recette idéale d’hybridation. »
Accompagnement et acculturation nécessaires
Mais l’hybridation, ce n’est pas seulement l’outil technologique. Pour que cela marche, doit s’y ajouter un important volet accompagnement et acculturation. À destination des enseignants, d’abord.
« La pratique implique de transformer les méthodes pédagogiques, souligne Haithem Marzouki. Les enseignants ne sont dans la simple transmission d’informations et de connaissances, mais endossent un rôle de coaching des étudiants, en leur apportant une vraie valeur ajoutée. »
60 % de nos enseignants sont des anglophones déjà rompus à ce type de pratique
Des sessions de formation ont été organisées via des workshops ou webinaires depuis le printemps. Avec succès. « Les réticences encore prégnantes au début ont vite laissé la place à une réelle adhésion, d’autant que plus de 60 % de nos enseignants sont des anglophones déjà rompus à ce type de pratique, évoque-t-il. Notre challenge : trouver le bon mix pour adapter le dispositif à un public francophone. »
Préparation à l’hybridation globale du monde du travail
Autre catégorie de publics à former à l’outil à distance : les étudiants. « En tant que génération de digital natives, ils maîtrisent la technique, mais il est nécessaire de les outiller sur les bonnes pratiques et postures professionnelles », note Alain Goudey. Des sessions sont prévues en ce sens à la rentrée, en présentiel et en ligne.
« Le développement de ces nouvelles compétences, cette habitude de travailler avec l’autre avec des outils de travail collaboratif, leur sera utile au-delà de leur scolarité, conclut Haithem Marzouki. Il est en effet très probable qu’à l’avenir, un certain nombre d’entreprises adoptent un modèle global de fonctionnement également hybride, avec une partie « télétravail » accrue. »
Cette maîtrise de l’outil online sera aussi, pour tous, la garantie d’un plan B valable si un reconfinement venait à imposer le rebasculement vers une vie de campus à 100 % en distanciel.