Comment rétablir la confiance entre l’ESR et les étudiants ? Les pistes d’Educause

C’est l’heure du bilan pour la délégation française, conduite par le Comité des services informatiques de l’enseignement supérieur et de la recherche (Csiesr) à la conférence annuelle Educause, dédiée au numérique et organisée du 21 au 24 octobre dernier dans le Texas.

L’édition 2024 d’Educause « s’inscrit dans un contexte de forte tension politique à la veille des élections présidentielles américaines. Bien que la crise de la Covid 19 appartienne désormais au passé, les séquelles de cette période continuent de façonner l’ESR nord-américain, notamment à travers l’adoption accélérée de modèles hybrides et l’évolution des attentes des étudiants en matière de flexibilité et de services numériques », constate la délégation française, dans son rapport publié le 30 janvier 2025.

Cette synthèse de 160 pages dresse un panorama de l’enseignement supérieur américain et relève également les tendances et les initiatives qui peuvent inspirer l’ESR français, notamment l’appropriation de l’IA dans les établissements et l’adaptation à la génération Z, née entre la fin des années 1990 et 2010.

Un mot d’ordre pour l’écosystème : rétablir la confiance

Le rapport des neuf Français qui ont participé à l’événement présente les priorités IT dans l’ESR en 2025, regroupées sous le titre « Rétablir la confiance ». Un thème particulièrement d’actualité aux États-Unis où « 31 % de la population américaine considèrent que l’enseignement supérieur suit une bonne voie, contre 68 % qui pensent le contraire », d’après les organisateurs d’Educause.

« Ce scepticisme est alimenté par la problématique du coût que représentent les études supérieures, et par le questionnement de leur capacité à assurer l’accès à un emploi stable et bien rémunéré », explique le rapport.

Dans ce contexte, la manière dont les établissements du supérieur « utilisent les données apparaît comme déterminante, en particulier pour les générations Millenials et Gen-Z, pour lesquelles elle peut constituer un critère de choix ». La généralisation de l’usage de l’intelligence artificielle (IA) soulève de fait des questions quant à la confiance qui peut être accordée à la technologie.

L’écosystème du supérieur « se doit de mettre en place une stratégie envers l’IA, qui prenne en compte le scepticisme qui peut exister concernant la capacité des établissements à utiliser ces données de manière éthique, transparente, et sûre », souligne la délégation française.

« Les établissements doivent montrer qu’ils comprennent et qu’ils se soucient de leurs étudiants, de leurs personnels, et plus globalement de leur communauté, tout en s’assurant d’un mode de travail qui associe efficacité et efficience. »

Data, IA, place de l’humain… les principales priorités IT pour 2025

Figurent notamment parmi les dix principales priorités IT pour l’ESR cette année :

• la simplification administrative,
• la personnalisation des services aux étudiants,
• l’accompagnement des personnels face aux transformations,
• la résilience face à un nombre et à une diversité croissante de risques,
• l’amélioration de l’accès numérique pour les étudiants tout en préservant leur vie privée et la protection de leurs données.

« La génération Z, première à être entièrement native du numérique et très marquée par la crise de la Covid, est désormais majoritaire dans les établissements. Elle attend davantage en termes d’outils adaptés et d’accompagnement. Ainsi, la réussite étudiante demeure une priorité absolue et figure parmi les sujets le plus souvent abordés », ajoute la délégation française.

Les étudiants « ont des attentes spécifiques concernant leur charge de travail et la capacité de leur diplôme à déboucher sur un emploi. Ils souhaitent que les enseignements reçus soient pertinents et adaptés aux exigences du marché du travail. De plus, ils doivent développer de nouvelles compétences en IA, qui sont déjà très recherchées par les employeurs et qui deviendront indispensables dans un avenir proche. »

Pour répondre au mieux à leurs besoins, le rapport pointe une piste : l’accompagnement et la formation des professeurs. « Les éducateurs enseignent souvent de la manière dont ils ont eux-mêmes appris, en s’appuyant sur leurs propres expériences. À ce jour, l’un des principaux défis de l’enseignement supérieur est de savoir comment les universités et les administrateurs peuvent accompagner leurs enseignants dans la mise à jour de leurs compétences pédagogiques et technologiques. »