[Replay] Quelles stratégies pour une rentrée universitaire réussie ?
Après trois confinements puis un retour en présentiel plus important depuis mai, comment préparer la prochaine rentrée universitaire en septembre 2021 ? Pour esquisser quelques pistes de réflexion, Campus Matin et son partenaire Blackboard, ont réuni des experts du sujet lors d’un webinaire organisé le 17 juin.
Cycle : Campus Matin
Quels points d’attention envers les étudiants ?
Les bacheliers, un public qui nécessite une vigilance
Les effectifs d’étudiants dans l’enseignement supérieur vont croissant ces dernières années. À la rentrée 2021, près de 31 400 inscrits supplémentaires sont attendus dans l’enseignement supérieur.
L'Université d’Angers, établissement qui dispose du plus fort taux de réussite en licence en France, sera notamment attentive à la situation des bacheliers qui vont découvrir le monde universitaire.
« Nous allons accueillir des élèves qui ont passé une bonne partie de leurs deux dernières années de lycée à distance. Jusqu’à la Toussaint, nous allons accompagner les étudiants dans la prise en main des outils comme Moodle. À la fin de cette première période, les jeunes passeront soit des tests d’autoévaluation, soit des examens », détaille Sabine Mallet, vice-présidente formation et vie universitaire de l’université angevine qui a mis en place un système d’enseignants référents pour accompagner les étudiants.
« Depuis 2016, nous avons recruté des chargés d’accompagnement pour prendre en charge les étudiants boursiers et les lycéens de filières techniques professionnelles. Nous savons que pour ces publics, la marche est haute en première année », ajoute-t-elle.
Au-delà de l’accompagnement dans la scolarité, l’Université d’Angers essaie également d’intégrer ses nouveaux étudiants. Des étudiants ambassadeurs informent les jeunes sur la vie étudiante sur le campus et leur donnent quelques contacts utiles dans les Crous ou services de la ville par exemple.
Différenciation des parcours et QCM
Outre les bacheliers et les étudiants boursiers, Sylvie Larbi, professeure agrégée en collège et formatrice académique en master Meef à l'Université Paris Saclay, insiste sur le niveau hétérogène des étudiants, quel que soit leur cursus.
« Il y a eu beaucoup de bienveillance pour le passage en licence. Nous allons accueillir en master des étudiants qui n’ont pas tout à fait le niveau. Nous proposerons des évaluations de diagnostic et de la différenciation », explique-t-elle. À la rentrée, ses étudiants réaliseront davantage de tests d’auto-évaluation, certes chronophages à concevoir côté enseignant, mais appréciés des étudiants.
« Certains étudiants décrochent, non parce qu’ils sont mauvais, mais parce que cela ne va pas assez vite pour eux. Cette année, nous avons proposé un système de badges numériques. Les étudiants choisissent des matières et travaillent en autonomie pour les valider, cela a été un franc succès », complète-t-elle.
Forums, tutorats
Les tutorats et les forums de discussion, où les étudiants peuvent s’exprimer et poser des questions aux professeurs et à leurs camardes, favorisent l’accompagnement des apprenants qui se retrouvent moins seuls devant leurs lacunes.
« Quand il n’y a pas d’utilisation du LMS [plateforme d’apprentissage en ligne] pour créer des forums de discussion ni d’évaluation formative pour permettre aux étudiants de se situer dans leur parcours d’apprentissage, il y a du décrochage. Il y a du décrochage avec du mauvais présentiel et avec du mauvais distanciel », prévient Hervé Didiot-Cook, responsable expérience client Europe, conseiller en pédagogie et transition numériques chez Blackboard.
« Nous avons toute une génération de lycéens qui n’a pas connu d’examens. Il y a une réflexion à mener au niveau européen sur le sens de l’évaluation. Les tests de diagnostic permettent aux responsables de juger du niveau des étudiants et d’adapter le niveau de leur cours », ajoute-t-il.
Quels équipements et modalités d’enseignements ?
Une approche « phygitale » à l’ESCP
Comment se déroulera la rentrée 2021 ? L’école de commerce ESCP mise, elle, sur le « phygital », ce concept désignant la réunion du meilleur du physique et du meilleur du distanciel comme l’expose Anthony Hié, directeur de la transformation digitale de l’école :
« Nous avons tiré les leçons des confinements et des différentes jauges. Nous sommes passés dans une logique d’hybride learning et smart campus. Pour améliorer l’expérience des étudiants et des professeurs lors d’un cours hybride en synchrone, nous avons fait en sorte de recréer les conditions d’un cours en présentiel pour que cela soit le plus fluide possible. Nous utilisons les meilleures tablettes tactiles du marché pour que les étudiants à distance voient distinctement ce que le professeur écrit sur le tableau. »
L’école a aussi augmenté sa capacité en wifi et investi dans des écrans supplémentaires pour que les enseignants voient tous leurs étudiants à distance en face d’eux. Elle s’est également dotée de « dalles spatiales qui permettent de capter le son aussi bien du côté étudiant que du côté professeur ce qui donne une qualité sonore maximale », précise Anthony Hié.
Anticipant tous les scénarii pour la rentrée, l’école de commerce a donc équipé plusieurs classes hybrides. « La direction a fixé une stratégie 20-40 avec au moins 20 % de cours minimum en distanciel en synchrone ou asynchrone et au moins 40 % de cours en présentiel. Les professeurs ont ainsi la possibilité de faire plus de cours à distance ou en physique selon leurs envies », raconte-t-il.
Choisir quels cours se feront en physique
Pour préparer la rentrée dans son établissement, Sylvie Larbi et son équipe ont « ciblé des cours incontournables à faire en présentiel. Cela nous a obligés à repenser la scénarisation pédagogique des cours en distanciel, le plan de travail nous a alors été d’une grande aide », concède-t-il.
« Nous allons garder du distanciel pour les étudiants qui veulent rester en partie à distance. L’enseignement hybride peut se poursuivre, mais nous n’imposons rien à nos enseignants », ajoute de son côté Sabine Mallet de l'Université d’Angers.