[Replay] Les enjeux de la personnalisation de la formation par les technologies
Les établissements d’enseignement supérieur doivent impérativement personnaliser leurs contenus pédagogiques pour leurs étudiants en utilisant les outils les plus pertinents sans pour autant sacrifier à des dispositifs à la carte. Telle était la thématique du webinaire « Défi de la personnalisation : quel apport des technologies ? » organisé par Campus Matin, le 13 juin 2023.
Cycle : Campus Matin
Personnaliser son offre vis-à-vis des étudiants sans perdre de vue la dimension collective de la démarche pédagogique tout en utilisant les technologies les plus performantes : tels sont quelques-uns des défis majeurs que doivent relever les établissements supérieurs d’éducation.
Avec, en ligne de mire, l’importance de stimuler l’engagement des étudiants. « Il est nécessaire de rendre les contenus pédagogiques à la fois interactifs et ludiques. En utilisant par exemple la pertinence des vidéos asynchrones », relève Andreia Dionisio, chargée de comptes de Panopto, qui propose un outil destiné à enregistrer et partager des présentations vidéo en ligne.
Cet engagement ne peut donc être obtenu que si ces établissements parviennent à personnaliser leur offre. « Nos étudiants recherchent des produits d’enseignement que l’on pourrait qualifier de “sur mesure”. Un étudiant athlète de haut niveau ou un élève entrepreneur n’expriment pas les mêmes besoins en la matière. À nous de nous adapter et de nous montrer imaginatifs. Nous devons également pouvoir répondre aux situations d’élèves en détresse ou qui décrochent », explique Guergana Guintcheva, professeure de marketing et directrice de programme à Edhec Business School.
Pour parvenir à élaborer des parcours pédagogiques personnalisés, il importe de concevoir des processus « agiles » avec par exemple des dispositifs de mentorat (étudiant/étudiant ou professeur/étudiant).
Des systèmes automatisés face à une grande diversité des publics
« Grâce à la technologie, les étudiants doivent pouvoir bénéficier de systèmes automatisés d’organisation de leur scolarité avec la gestion de leurs emplois du temps, de leurs absences, mais également en mettant à disposition des ressources riches leur permettant, par exemple, de contacter facilement les alumni, ces derniers pouvant les aider à décrypter utilement la réalité des métiers qu’ils exercent » souligne Olivier Bullat, directeur des systèmes d’information de Sigma Clermont et coordinateur système informatique de Clermont Auvergne INP.
Si la personnalisation des contenus pédagogiques est indispensable, elle n’est pas simple à mettre en œuvre, en raison notamment de l’extrême diversité des publics concernés. « Cette diversité va croissante entre les étudiants inscrits dans des cursus postbac, les admissions parallèles, les élèves qui sortent des écoles préparatoires, les stagiaires de la formation continue ou encore ceux qui travaillent pour payer leurs études ou pour gagner de l’argent », pointe Loïc Plé, directeur de la pédagogie d’Iéseg school of management.
Alors que le nombre d’étudiants va s’accroitre de manière spectaculaire d’ici 2030, selon toutes les projections, le déficit d’enseignant sera patent. D’où le recours croissant à la technologie, avec, pour les établissements concernés l’ardente obligation de proposer la meilleure expérience d’enseignement possible (pour l’étudiant et pour l’enseignant) et d’offrir aux personnels administratifs les meilleures conditions pour accomplir leur tâche (automatisation, intelligence artificielle).
Faut-il aller jusqu’à l’individualisation ?
Si la thématique de la personnalisation de l’enseignement ne fait guère débat, faut-il pour autant verser dans l’individualisation ? « Ce n’est pas simplement un débat sémantique, alerte Loïc Plé. Un élève ne peut demeurer dans sa bulle et se contenter de recevoir un programme à la carte. Il faut qu’il s’inscrive dans un collectif globalement d’enseignement. »
Guergana Guintcheva insiste tout de même : « Il faut respecter les fondamentaux, les socles communs d’enseignement et encourager les travaux en groupe, même à distance, afin de susciter des réactions, des interactions, sources de richesse pour chacun. » Si l’on envisage les coûts à engager pour mettre en place ces dispositifs pédagogiques, il semble logique de privilégier les outils technologiques transversaux, multi-usages afin d’en mutualiser l’utilisation.
« Difficile de répondre de manière globale. Mais lorsqu’on choisit un progiciel de gestion intégré (ERP), un outil coûteux, il ne faut pas se tromper dès le départ. Quoiqu’il en soit, il est moins onéreux de produire en interne les solutions digitales dont on a besoin. Au nom de la durabilité et de l’obsolescence, il faut être très vigilant lorsqu’on investit dans une machine », conseille Olivier Bullat.
L’IA pour l’exploitation des données et la pédagogie
Débat fortement animé depuis quelques mois avec l’arrivée de ChatGPT d’Open AI dans le débat public, l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) est au cœur des discussions des directions pédagogiques des établissements supérieurs.
« L’IA est indispensable pour bien gérer et exploiter l’ensemble des données à notre disposition. Par exemple, lorsque nos étudiants visionnent une vidéo, nous pouvons savoir précisément quels ont été les pics d’attention de ces derniers ou les moments plus faibles et inverser la donne si nécessaire », note Guergana Guintcheva.
Quant à l’utilisation de ChatGPT, l’ensemble des interlocuteurs se disent persuadés de la nécessité de l’enseigner afin d’en tirer les meilleures opportunités, mais sur un mode éthique. « Chat GPT permet d’automatiser des tâches et de se consacrer à des actions plus créatives. Il ne faut pas en avoir peur. La machine est certes parfaite, mais l’humain lui est créatif », conclut Loïc Plé.