« Saisir la crise énergétique pour changer les pratiques » : les vice-présidents DD&RS s’activent
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
C’est la dernière née dans le paysage des associations de l’enseignement supérieur : VP-Trees s’adresse aux responsables de la politique de transition écologique et sociétale dans les universités. Dans un contexte de mise en place de plans de sobriété énergétique et du rapport de Jean Jouzel, le réseau veut être un interlocuteur expert auprès du ministère, de France Universités et des établissements.
Le développement durable est un axe fort de la responsabilité sociétale des universités et un sujet qui fait progressivement son entrée au cœur des formations. Dans les universités, il est porté politiquement par des vice-présidents et des chargés de mission.
Et depuis septembre, ils ont leur association ! Mariane Domeizel, sa présidente et vice-présidente développement durable à Aix-Marseille Université, présente de VP-Trees, ses actualités et ses ambitions.
En quoi consiste l’association VP-Trees ?
Mariane Domeizel : L’association nationale des vice-présidents et chargés de mission en charge de la transition écologique et sociétale des universités (VP-Trees) s’est formellement constituée le 2 septembre 2022. Dans un paysage de l’enseignement supérieur où préexistent d’autres réseaux sur cette thématique (le Collectif pour l’intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l’enseignement supérieur ou Cirses), le réseau des référents du développement durable ou R2D2), VP-Trees rassemble spécifiquement les personnes en charge de la mise en place de la politique de développement durable dans les établissements.
Ce réseau universitaire s’adresse aux vice-présidents en charge des questions de transition écologique et sociétale, aux chargés de mission qui les accompagnent, mais compte aussi d’autres profils parmi sa cinquantaine de membres : un conseiller du président, deux vice-doyens, des vice-présidents patrimoine… Avoir une telle diversité de profils est riche dans un champ dont il est difficile de déterminer le périmètre.
C’est aussi pour cela qu’une de nos particularités est de proposer une adhésion à l’université et non à l’individu. Une université adhérente peut ainsi missionner une ou plusieurs personnes, quel que soit son profil, pour participer et contribuer aux réflexions du réseau. Nous lancerons d’ailleurs en janvier une campagne d’adhésion.
Quelles sont ses missions ?
Mariane Domeizel : Les missions de VP Trees se déclinent en cinq points :
- affirmer l’importance d’une vision stratégique et politique globale pour les universités ;
- être force de proposition et de recommandation pour le ministère de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) ;
- être l’expression d’un collectif expert concernant les mesures et projets du gouvernement en matière de transition écologique et sociale dans les établissements ;
- être une source d’information vis-à-vis de France Universités, des ministères et des universités ;
- être une communauté de formation et d’amélioration continue pour nos membres.
Avec le ministère, nous sommes par exemple en contact avec la conseillère transition écologique auprès de Sylvie Retailleau, Jane Lecomte, pour faire connaître les actions mises en œuvre dans les universités afin de lancer un appel à projets sur les thématiques qui correspondent au mieux à la réalité du terrain.
Quelles sont vos ambitions pour cette année ?
Mariane Domeizel : La première étape est de nous structurer, via des réunions régulières. L’association sera organisée en six groupes thématiques, basés sur le référentiel DD/RS : stratégie et gouvernance, formation, recherche, environnement, politique sociale et mobilisation des communautés. Nous visons à nous organiser pour réaliser un certain nombre d’actions, notamment pour nous faire connaître.
Créer une cartographie des initiatives mises en place par les établissements
Dans l’actualité, le plan de sobriété énergétique représente une partie importante de notre travail. C’est pour cela que nous envisageons de créer une cartographie des réponses mises en place par les établissements, d’échanger sur nos pratiques. Nous nous rendrons par ailleurs à Bordeaux le 20 octobre, dans la journée d’échange qui fait suite au rapport Jean Jouzel.
Enfin, nous allons créer un premier colloque annuel, en 2022 ou 2023 et aller à la rencontre de nos futurs partenaires.
Justement, quelles sont les associations métiers avec lesquelles vous prévoyez de travailler ?
Mariane Domeizel : Le Cirses est un membre de droit avec lequel nous allons travailler régulièrement. Nous allons échanger avec d’autres associations métiers tels que la Fédération nationale de conseil en action sociale (FNCAS), l’association des VP de conseil d’administration, le réseau des VP-Num ou encore le réseau des VP de la qualité de vie au travail.
Dans une université, la transversalité est incontournable et on ne peut pas travailler seul et en silo… et dans les réseaux c’est la même chose !
Quels sont les points essentiels pour que la politique de développement durable se développe ?
Mariane Domeizel : Avoir une réelle adhésion de la part de la présidence est indispensable : sans réelle volonté politique, on peut difficilement avancer.
Et pour que les idées se réalisent il faut un budget. Actuellement, notre crainte est de voir des réponses aux enjeux énergétiques s’inscrire dans du court à moyen terme. Or, contrairement à la crise Covid, la crise énergétique va durer.
Il faut saisir l’opportunité pour changer nos pratiques professionnelles, mettre en place des politiques de long terme au sein de nos établissements et non concentrer tous nos moyens pour payer la facture énergétique. Face à l’urgence climatique, ce sont finalement l’ensemble de nos pratiques qui devront changer, notamment en matière de mobilité et dans la façon de faire de la recherche.
Les membres de notre communauté, étudiants et personnels, doivent également prendre toute leur part dans ces enjeux, ceci explique la dimension écologique et sociétale.
S’inscrire dans une démarche interservice
Autre point important : s’inscrire dans une démarche interservices. En tant que VP DD&RS, nous travaillons beaucoup avec la logistique, nous réfléchissons à la façon dont les laboratoires de recherche peuvent être dans une démarche responsable, etc. Nous devons viser à travailler vraiment en interconnexion. Dans l’idéal, le portage politique disparaitra, car tout le monde se sera saisi de ces problématiques-là.
Qu’attendez-vous du ministère ?
Mariane Domeizel : Du MESR, nous attendons un vrai soutien qui ne soit pas du greenwashing. Et à ce sujet les indicateurs sont au vert.
Maintenant, il faut voir comment intégrer le développement durable dans les formations.
Si tous les étudiants doivent être sensibilisés, il va y avoir un manque de formateurs. Comment s’y prendre ? C’est une vraie problématique globale, y compris RH : comment ajouter une nouvelle compétence ? Comment rester dans les maquettes de formation sans surcharger les étudiants ? Faut-il mettre en place des actions spécifiques ? La compétence des formateurs est également un sujet. Nous attendons de savoir comment la ministre va nous aider.
Nous voulons par ailleurs échanger avec le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Dans leur référentiel la question du développement durable est un peu cachée dans la partie sur le patrimoine… Or, c’est un axe central et essentiel ! Les choses bougent, mais pas encore assez : si on met ces questions dans le référentiel d’évaluation, les universités vont être obligées d’y répondre.
Le bureau
Le bureau des VP-Trees est constitué ainsi :
• Présidente : Mariane Domeizel, Aix-Marseille Université.
• Vice-président : Éric Macé, Université de Bordeaux.
• Trésorier : Éric Hitti, Université Rennes 1.
• Trésorière adjointe : Mathilde Gralepois, Université de Tours.
• Secrétaire : Florence Sedes, Université Toulouse 3.
• Secrétaire adjointe : Christelle Marlin, Université Paris-Saclay.