Remplissez-vous les critères pour devenir le prochain astronaute recruté par l’ESA ?
Par Isabelle Cormaty | Le | Concours/recrutement
Vous rêvez d’installer vos quartiers dans la station spatiale internationale voire de poser un pied sur la Lune ? L’agence spatiale européenne a lancé une campagne de recrutement : quatre à six postes d’astronautes sont à pourvoir. Campus Matin vous détaille les critères de recrutement, les atouts pour conquérir le jury et la procédure de sélection.
Prendrez-vous la relève de Thomas Pesquet, en devenant le prochain astronaute français recruté par l’agence spatiale européenne (ESA) ? Voici les principaux critères de sélection établis par l’organisme :
- être citoyen d’un des 22 pays membres ou associés de l’ESA ;
- avoir un master (ou plus) en sciences naturelles, en ingénierie, en informatique, en mathématiques ou avoir un diplôme de pilote d’essai expérimental ;
- avoir une expérience professionnelle d’un moins trois ans ;
- avoir un excellent niveau d’anglais et maîtriser une seconde langue.
« Avoir un doctorat dans les domaines cités précédemment est un atout, mais ce n’est pas un critère essentiel pour postuler. On accepte aussi les candidatures de pilote d’essai expérimental ou ingénieur d’essai diplômés d’une école officielle au niveau maîtrise », détaille Zineb Elomri, responsable des ressources humaines au sein de l’ESA.
Devenir astronaute impose la maîtrise parfaite de l’anglais ainsi que la connaissance d’une seconde langue (niveau courant B2). « Contrairement à la croyance populaire, le russe n’est pas nécessaire pour postuler, car la langue est ensuite enseignée après dans la formation », ajoute Zineb Elomri.
Pas de minimum, mais une limite d’âge fixée à 50 ans
L’ESA ne fixe aucun âge minimum pour postuler à l’offre d’emploi. Après l’obtention d’un diplôme de niveau master dans le domaine scientifique, seules trois années d’expérience professionnelles avec prise de responsabilités suffisent, et cela dans des domaines divers. Sont notamment cités en exemple le travail en laboratoire, dans un hôpital ou la conduite de travaux de recherches.
Lors de la précédente sélection en 2008, les candidats pouvaient postuler jusque 37 ou 40 ans. Un seuil désormais repoussé à 50 ans comme l’explique Guillaume Weerts, responsable de la médecine spatiale et de l’équipe de support à la gestion du centre européen des astronautes :
« Nous espérons que les astronautes que l’on recrute restent avec nous minimum quinze ans. Après un an de sélection, puis un an minimum de formation, on souhaite qu’ils fassent au moins deux missions. Or, la limite pour voler est fixée à 63 ans. »
La recherche de profils diversifiés
Être calme et flexible
Au-delà des diplômes et de l’expérience professionnelle, l’ESA recherche des personnes calmes, capables de gérer des situations variées et de résister à la pression. Une grande flexibilité est aussi demandée. Les missions nécessitent des déplacements fréquents dans des pays voire des continents différents, des horaires irréguliers et de longues absences du domicile.
Quels sont les points communs partagés par les astronautes ? Pour deux d’entre eux travaillant à l’ESA, Claudie Haigneré et Luca Parmitano, les astronautes sont curieux et ont envie de partager une aventure collective avec un équipage aux profils variés.
Les candidatures féminines encouragées
« Dans la sélection du Cnes dont je suis issue en 1985, il y avait 10 % de candidates, 15,6 % dans la sélection de 2008. Au total, il y a aujourd’hui 64 femmes dans le monde sur 575 astronautes », note l’astronaute française Claudie Haigneré.
L’ESA espère donc attirer des candidates. « S’il y a 50 % de candidates et 50 % de candidats, il est quasi évident qu’à la fin nous aurons ce même ratio de 50/50. C’est ce qu’il faut viser », suggère le responsable dans le programme d’exploration humaine et robot de l’ESA, Didier Schmitt qui rappelle que les candidatures sont examinées indépendamment du sexe, de l’orientation sexuelle, des croyances…
Une longue procédure de recrutement en plusieurs étapes
Quatre à six postes seulement à pourvoir
On ne recherche pas des surhommes
« On ne recherche pas des surhommes, ni supermen ni superwomen. Les critères ne sont pas drastiques », insiste Guillaume Weerts.
Si sur le papier, les critères et les responsables de recrutement semblent ouverts, n’en reste pas moins que le processus de sélection est en réalité draconien. En 2008, lors de sa dernière campagne de recrutement, l’agence spatiale européenne avait ainsi reçu 8 413 candidatures au total… pour seulement six postes disponibles ! Et parmi les heureux élus, figurait alors le Français Thomas Pesquet, le plus jeune membre du corps européen des astronautes. Pour cette campagne, quatre à six astronautes seront recrutés.
Les résultats donnés en octobre 2022
Les candidats et candidates pourront déposer leur dossier dans l’espace dédié sur le site de l’ESA du 31 mars jusqu’au 28 mai 2021. Les personnes intéressées devront fournir une lettre de motivation, un CV, un certificat médical spécifique et répondre à un questionnaire encore inconnu à ce jour.
S’ensuivront ensuite un tri des dossiers et une présélection des candidats convoqués pour réaliser plusieurs épreuves. Tout d’abord des tests psychologiques, puis des tests pratiques et psychométriques, des examens médicaux et enfin deux séries d’entretien d’embauche. Les noms des lauréats ne seront communiqués qu’en octobre 2022.
Combien gagne un astronaute de l’ESA ?
Les astronautes de l’agence spatiale sont régis par la grille de salaire des organisations coordonnées qui comprend plusieurs grades. L’avancement de grade se fait en fonction des missions proposées comme l’explique l’ESA.
Un astronaute qui vient d’être recruté commence au grade A2 et gagne 6 197,55 € par mois net pour un célibataire sans enfant à charge. Après sa formation basique, il accède alors au grade A3 ce qui équivaut à un salaire de 7 647,05 € par mois net. Puis après sa première mission dans l’espace, il obtient le grade A4 et touche alors un salaire de 8 886,75€ par mois net. À ces rémunérations de base, s’ajoutent des primes lors des missions longues ou du travail les week-ends et jours fériés.
À titre de comparaison, les astronautes civils de la NASA touchent entre 5 099€ et 11 160€ par mois tandis que ceux issus de l’armée reçoivent une solde militaire.