Le carnet de Campus Matin : les 5 prises de postes de février 2025 à connaître
Le nouveau poste du directeur de cabinet de l’ancien ministre Patrick Hetzel, l’ex-présidente du Cnous à l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, des dirigeants d’établissements qui prennent leurs fonctions dans un contexte d’instabilité… Campus Matin vous fait vivre les enjeux de l’enseignement supérieur au travers des parcours de personnalités qui ont pris (ou ont été nommés à) de nouvelles fonctions en février 2025.

Jean-Luc Moullet, Dominique Marchand, Jean-François Hoarau, Anne-Sophie Courtier et Patrick Olivier. Ils et elles ont été appelés à de nouvelles fonctions dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche. Découvrez leur parcours et leurs nouvelles missions !
1. Jean-Luc Moullet, directeur général de la recherche et de l’innovation du MESR
Jean-Luc Moullet a été nommé directeur général de la recherche et de l’innovation du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR), lors du conseil des ministres du 19 février. Il succède à Claire Giry, devenue présidente de l’Agence nationale de la recherche en septembre 2024. C’est Nicolas Jeanjean, chef de service adjoint de la Direction générale de la recherche et de l’innovation, qui était chargé de l’intérim depuis.
L’ancien directeur de cabinet de Patrick Hetzel

Après avoir été directeur de cabinet de Patrick Hetzel, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le gouvernement de Michel Barnier, de septembre à décembre 2024, Jean-Luc Moullet avait repris ses fonctions de directeur général délégué à l’innovation du CNRS, qu’il occupait précédemment, depuis mars 2019.
Ancien élève de l’École polytechnique et de Mines-PSL, ingénieur du Corps de mines, Jean-Luc Moullet débute sa carrière en 1992 comme analyste chez Banexi-NYC, puis au sein de la préfecture de région Centre. Il rejoint, en 1997, le Service des participations de la direction générale du Trésor (maintenant Agence des participations de l’État) au ministère de l’économie.
Entre 1999 et 2009, il occupe différentes fonctions au sein du groupe Thomson-Technicolor. En 2009, il devient directeur général de Sephira, PME familiale dans le domaine de l’informatique de santé. En 2010, il est nommé conseiller sur les affaires industrielles au cabinet du ministre de la défense. En 2012, il rejoint les services du Premier ministre en tant que directeur du volet « industrie » du Programme d’investissement d’avenir au Secrétariat général pour l’investissement (SGPI).
Jean-Luc Moullet était candidat à la présidence de l’Agence nationale de la recherche, face à Claire Giry.
Structurer les relations organismes et université
Jean-Luc Moullet sera en charge de mettre en œuvre la feuille de route du ministre Philippe Baptiste sur la recherche : la revoyure de la loi de programmation de la recherche, la simplification administrative pour les chercheurs, les agences de programmes… Et, bien sûr, l’épineux dossier de la création d’un label key labs, qui fait, après une large levée de boucliers, l’objet d’une concertation par le P-DG du CNRS. Antoine Petit dont Jean-Luc Moullet était l’un des principaux collaborateurs il y a peu.
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2. Dominique Marchand, cheffe du service de l’Igésr
Dominique Marchand, administratrice de l’État, a été nommée cheffe de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr), selon un décret publié dans le Journal officiel du 14 février.
Une inspectrice générale de l’administration passée par le MESR, l’ARS et le Cnous

Diplômée de l’Institut régional d’administration de Metz, Dominique Marchand est directrice de l’ESR de la Ville de Marseille de 2001 à 2005, avant d’être nommée inspectrice générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (Igaenr devenue Igésr). Elle occupe ensuite la fonction de conseillère sociale puis de directrice adjointe du cabinet de Valérie Pécresse (2007-2009), alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Par la suite, elle est détachée auprès de l’Agence régionale de santé du Languedoc-Roussillon, où elle est directrice générale adjointe puis directrice générale par intérim jusqu’en 2015. Elle devient alors directrice générale des services de l’Université Claude Bernard Lyon 1, jusqu’en mai 2018.
Elle est nommée présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) par le président de la République, sur la proposition de Frédérique Vidal, alors ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, pour un premier mandat à compter du 28 mai 2018. Elle est renouvelée dans ses fonctions en juin 2021.
Elle quitte la présidence du Cnous au 31 décembre 2023 pour réintégrer l’Igésr.
Être garante de l’indépendance des inspecteurs
Alors que la fonction de cheffe de l’Igésr était vacante depuis la nomination de Caroline Pascal comme directrice générale de l’enseignement scolaire, le 16 juillet 2024, cette nomination a été retardée du fait de l’instabilité ministérielle.
Dominique Marchand, dont le profil est axé sur l’enseignement supérieur, a été retenue face à des candidats d’horizons différents : Anne Szymczak, cheffe de l’inspection par intérim plus proche de l’éducation nationale, Christine Gavini-Chevet, rectrice de Normandie, et Bertrand Jarrige, ancien directeur des sports au ministère chargé des sports (2008-2012).
Elle prend son poste dans une inspection « fonctionnalisée » qui doit désormais répondre à des enjeux d’attractivité et de mobilité au sein de la haute fonction publique. Les pratiques et outils des inspecteurs généraux doivent aussi s’adapter à la révolution de l’IA et aux enjeux de transition écologique.
« J’ai consacré beaucoup de temps au dialogue social et à l’attention managériale », déclarait Dominique Marchand à News Tank (abonnés) le 20 décembre 2023 lors d’une interview sur le bilan de son mandat de présidente du Cnous. Des compétences qui lui serviront pour animer le collectif très large des inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche.
3. Jean-François Hoarau, président de l’Université de La Réunion
Jean-François Hoarau, professeur des universités en sciences économiques, est élu président de l’Université de La Réunion, le 17 février.
Un alumni de l’Université de La Réunion
Titulaire d’un doctorat et d’une habilitation à diriger des recherches en sciences économiques de l’Université de La Réunion, Jean-François Hoarau y a fait toute sa carrière académique. Il est maître de conférences à partir de 2009, puis professeur des universités depuis septembre 2016. Il a aussi été à la direction du Centre d’économie et de management de l’Océan Indien d’octobre 2013 à septembre 2021.
Une université fracturée et un besoin d’apaisement

L’élection de Jean-François Hoarau n’était pas acquise : lors des élections pour les conseils centraux du 12 décembre 2024, les listes « Avenir », le soutenant, n’avaient remporté que cinq sièges au conseil d’administration. Les listes « Réunion Université Nouvelle », soutenant la candidature de son adversaire, l’enseignant-chercheur et ancien directeur de l’IUT de La Réunion, Richard Lorion, étaient arrivées en tête, avec 11 sièges. Jean-François Hoarau l’a finalement emporté avec 21 voix, contre 14, notamment grâce aux votes étudiants et des personnalités qualifiées extérieures (organismes de recherche et collectivités).
Il succède à Frédéric Miranville dans un contexte très compliqué. Le président avait été suspendu de ses fonctions à titre conservatoire pour un an le 6 octobre 2023, par Sylvie Retailleau, ministre de l’ESR de l’époque. Elle avait engagé à son encontre une procédure disciplinaire à la suite d’un courrier adressé le 7 mars 2023 par sept signataires occupants ou ayant occupé des fonctions dans l’établissement faisait état de « dysfonctionnements graves ». La ministre avait alors saisi l’Igésr pour conduire une enquête administrative parue en juillet 2023 qui l’a ensuite poussée à saisir directement le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) disciplinaire.
Le 10 octobre 2024, cette instance a condamné Frédéric Miranville pour harcèlement moral à une interdiction d’exercer toutes fonctions d’enseignement ou de recherche à l’Université de La Réunion pendant un an.
Le 12 novembre, dans le cadre d’une enquête de la Cour des comptes sur l’enseignement supérieur et la recherche dans les outre-mer, l’Université de La Réunion a de nouveau fait parler d’elle pour ses problèmes de gouvernance mais aussi une situation financière précaire.
Jacques Comby, qui a effectué une administration provisoire record de onze mois, a dû faire face à un déficit de quatre millions d’euros à son arrivée en mars 2024. L’Université de la Réunion devrait cependant « finir l’année avec un excédent », indique-t-il dans une interview à Réunion la 1ère.
Signe que des dysfonctionnements de fond existent, le collège de déontologie, interpellé à plusieurs reprises sur des procédures de recrutement et de promotion, recommande à l’Université de La Réunion de définir une stratégie visant à limiter les effets du localisme, « afin de ne pas fragiliser les nominations prononcées à l’issue de la procédure de recrutement », indique-t-il dans un avis publié au Bulletin officiel de l’ESR du 27 février.
Un mandat placé sous le signe de l’apaisement, enfin ?
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4. Anne-Sophie Courtier, directrice générale de l’EM Normandie
Anne-Sophie Courtier, directrice des programmes et membre du comité exécutif de l’EM Normandie, deviendra directrice générale de l’école, annonce l’établissement le 26 février. Elle prendra ses fonctions le 24 mars.
Un parcours orienté vers la pédagogie

Diplômée d’un master recherche en droit privé de l’Université de Caen Normandie en 1998 et titulaire d’un doctorat de droit de l’Université de Rouen Normandie en 2005, Anne-Sophie Courtier débute sa carrière à l’Université de Rouen Normandie, d’abord comme assistante pédagogique et de recherche, puis en tant que maîtresse de conférence en droit.
En 2006, elle intègre Neoma business school où elle est enseignante-chercheuse puis elle évolue sur des fonctions de responsable pédagogique avant de devenir, en 2017, directrice des programmes MSc Full Time puis directrice adjointe du PGE, en 2019. Elle pilote notamment le projet de fusion du PGE avec les MSc Full Time en coordonnant les programmes et les services transverses.
Elle rejoint l’EM Normandie en mars 2024 en qualité de directrice des programmes, membre du Comex, et mène la refonte des programmes, en collaboration avec la faculté.
Fédérer l’ensemble des collaborateurs de l’école autour d’un projet commun
Son prédécesseur, Élian Pilvin, avait quitté son poste après un vote du conseil d’administration de l’école, en octobre 2024. Un désaccord sur la stratégie du groupe avec Jean-Louis Grégoire, président du conseil d’administration, est à l’origine de ce départ.
Selon l’école, le choix d’Anne-Sophie Courtier permet « d’asseoir la stabilité de sa gouvernance, dans un écosystème en mouvance et de poursuivre sa mission au service de ses territoires ».
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5. Patrick Olivier, directeur de Télécom Paris
Patrick Olivier est nommé directeur de Télécom Paris, par un arrêté du 14 février. Il a pris ses fonctions le 1er mars pour une durée de cinq ans et succède à Nicolas Glady devenu directeur général du Pôle Léonard de Vinci en septembre 2024. Sophie Marain était en charge de l’intérim depuis.
Un profil tourné vers les affaires financières et l’industrie

Ingénieur général des Mines, Patrick Olivier est diplômé de l’École Polytechnique, de Télécom Paris et de Mines Paris. Il commence sa carrière au sein du ministère de l’économie et des finances, à la direction générale de l’industrie, des technologies de l’information et des postes, comme chef du bureau des affaires multilatérales.
En 2001, il devient directeur du développement industriel à la direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement de la Région Rhône-Alpes. De 2005 à 2010, il est au ministère de la santé, en charge des affaires financières de la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins.
Après un passage par le privé, comme directeur responsabilité sociétale des entreprises du groupe d’hôpitaux Elsan, puis comme directeur général de la société suédoise d’analyse de données de santé, Ivbar France, il prend la tête de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi des Hauts-de-France en 2020. Puis de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités de la région. Depuis décembre 2022, il était directeur du pôle transition écologique, industrielle et agricole du SGPI.
Il devient ainsi membre du collège des directeurs des écoles de l’Institut Mines-Télécom (IMT) et du directoire de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris) et participera aux conseils d’administration respectifs.
Approfondir l’engagement de Télécom Paris pour la transition écologique
Dans un premier temps, c’est Jean-Marc Ogier, ancien président de La Rochelle Université, qui avait été choisi par les instances de l’école et de l’IMT pour être directeur. Il a finalement renoncé et est devenu directeur général de l’école d’ingénieurs Cesi, fin janvier 2025.
L’école indique que les priorités du nouveau directeur seront :
- « de piloter les orientations stratégiques pour mettre en œuvre le plan stratégique de l’école ;
- d’aligner les actions de l’école avec les engagements définis dans les COP des deux établissements, en tenant compte des moyens disponibles ;
- de mobiliser les équipes de Télécom Paris dans des projets collectifs d’envergure et contribuer à renforcer la position de l’école dans les domaines du numérique et de la transition écologique ».
Patrick Olivier a souligné l’importance de répondre aux défis du numérique soutenable : « Notre pays doit saisir les opportunités technologiques au service des transitions éco-énergétiques, de l’électrification des usages à l’intégration des IA dans tous les domaines de l’industrie et du quotidien. »
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