Séminaires pédagogiques, bootcamps… Comment Audencia forme ses enseignants aux transitions
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
Pour intégrer les transitions écologiques et sociales dans l’ensemble des cours, il faut d’abord former tous les enseignants : c’est le constat qu’a fait l’école de commerce Audencia qui a lancé, en 2023, le projet Gaïa improvement for future teaching (Gift). Au programme : des séminaires, retraites, et bootcamps pédagogiques. Mais aussi des formations et un portail de ressources.
Former 100 % d’étudiants aux transitions écologiques et sociales : c’est l’un des objectifs qu’Audencia s’est fixés dans son plan stratégique, Ecos 2020-2025. Seulement, « nous voulons éviter l’écueil de dire que les étudiants sont formés simplement parce qu’ils ont participé à une fresque du climat de deux heures », veille Thibaut Bardon, directeur académique de la recherche de l’école de commerce.
L’objectif de l’école est de mettre ces enjeux au cœur de tous les enseignements : « Il ne s’agit pas simplement d’intégrer les transitions via des exemples, mais d’en faire l’objet de discussions, de débats afin d’outiller les managers de demain », souligne Adeline Ochs, professeure permanente en sciences de gestion, spécialisée en marketing durable.
Thibaut Bardon ajoute : « Une part significative de nos étudiants travaille dans le conseil ou la finance. Nous ne formons pas des spécialistes des transitions, mais nous voulons que tous nos diplômés soient sensibilisés et capables d’agir en conséquence. »
Afin de former et sensibiliser les enseignants, le directeur académique de la recherche a initié en 2023 le projet Gaïa improvement for future teaching (Gift), qui fait référence à l’école de transition écologique et sociale d’Audencia. Avec l’aide d’Adeline Ochs et de Tamim Elbasha, directeur du développement de l’apprentissage et de la qualité, il coordonne Gift et ses sept ambassadeurs répartis dans les départements de la faculté.
Origine du projet
C’est en travaillant sur le référentiel de compétences DD&RS de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM), paru en juin 2023, que l’idée de Gift émerge. « À cette occasion, nous avons identifié le besoin d’accompagner les enseignants en priorité », se souvient Tamim Elbasha.
Pour co-construire ce projet et garantir son appropriation, les coordinateurs et ambassadeurs Gift ont interrogé plus de 50 membres de la faculté.
Trois grandes priorités ont été définies : enrichir (en proposant des ressources pour placer la faculté à la pointe des avancées sur la transition écologique), transformer (en accompagnant l’évolution des cours) et valoriser (en mettant en lumière les initiatives, notamment via le prix d’innovation pédagogique annuel de l’école).
« Gift se distingue par son approche massive et structurée, estime Thibaut Bardon. Ce projet touche l’ensemble des membres de la faculté. Il se situe à la fois au niveau individuel et des programmes et possède un volet valorisation en interne comme en externe. »
Les actions de Gift
Le projet Gift agrège des initiatives récentes et préexistantes. Parmi elles :
- Des formations sur les enjeux de transitions écologiques et sociales.
- Des séminaires pédagogiques dans chaque département pour partager les bonnes pratiques. Ces séminaires sont obligatoires pour tous les profils pédagogiques et recommandés pour les autres membres de la faculté.
- Des retraites pédagogiques d’une journée pour accompagner les membres de la faculté dans la transformation effective.
- Dans chaque réunion de département, qui a lieu une fois par mois, une séquence dédiée aux transitions est désormais intégrée.
Les séminaires et retraites permettent aux enseignants de faire évoluer concrètement leurs enseignements tout en étant transdisciplinaires. « Lors de ces événements, nous supposons que les connaissances transversales sont déjà acquises, explique Adeline Ochs. Nous nous concentrons alors sur la structuration des cours : comment aborder les transitions écologiques et sociales, quelles émotions transmettre, quelles postures adopter, et comment évaluer. Cette transdisciplinarité apporte de la richesse dans les échanges. »
Une semaine pour créer et partager un cas pédagogique
Autre format original : des bootcamps qui réunissent des enseignants de tous horizons et des entreprises autour de la production d’un cas pédagogique, pendant une semaine. Ces ateliers ne perdent pas leur attrait pour les enseignants puisqu’ils seront 14 à se mobiliser du 17 au 21 février prochain.
« L’objectif est de se baser sur des problématiques concrètes qui seront ensuite répertoriées sur la plateforme internationale Case center. Audencia propose une collection de 33 cas où les transitions écologiques et sociales sont intégrées de façon systémique. Nous voulons renouveler nos contenus constamment », rapporte Tamim Elbasha.
Des ressources sélectionnées en interne en collaboration avec les professeurs
Côté outils, Gift possède son portail web avec des ressources accessibles à toute la faculté, que les enseignants soient permanents ou vacataires. Y sont abordées des thématiques telles que le climat, la biodiversité, l’énergie ou encore l’inclusion.
Comment sont choisies ces références ? « Une sélection des ressources est opérée par une équipe interne en s’appuyant sur le travail de The Shift project, mais pas uniquement. Nous collaborons avec les ambassadeurs Gift et nos professeurs experts sur les sujets concernés. Nous travaillons aussi avec le knowledge hub, qui centralise les ressources dans une médiathèque en partenariat avec les documentalistes », liste Adeline Ochs.
Un coût, principalement en ressources humaines, qui n’a pas été évalué
L’investissement financier que représente Gift n’a pas été chiffré par Audencia. Il s’agit principalement de ressources humaines, estime Thibaut Bardon. Adeline Ochs, par exemple, a une partie de son activité spécifiquement dédiée à cet accompagnement. Des intervenants externes sont également mobilisés dans le cadre des bootcamps et des retraites pédagogiques.
En ce qui concerne l’investissement en temps des enseignants, le directeur académique de la recherche observe : « L’accompagnement que nous proposons demande du temps, certes, mais est efficace : les séminaires d’une journée permettent de repartir en ayant bien avancé sur la transformation de son cours et les bootcamps en ayant créé une étude de cas aboutie. »
Après un premier état des lieux, continuer l’intégration des transitions dans les cours et les programmes
Actuellement, Audencia évalue à 78 % le nombre de cours de la formation initiale intégrant les transitions écologiques et sociales.
« Nous avons réalisé un mapping pour évaluer la présence des transitions écologiques et sociales dans les cours existants et repenser les maquettes des programmes en conséquence. À partir de cet état des lieux, nous effectuons un tuilage avec les programmes et allons repenser les maquettes », retrace Thibaut Bardon.
L’ensemble de la faculté a recensé 130 thèmes. L’objectif est désormais de les mettre en lien avec le référentiel de compétences de la CDEFM et les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Mais pour l’heure, après deux années d’existence de Gift, ses coordinateurs se réjouissent du chemin parcouru et de l’élan collectif que génère ce projet.