Vie des campus

Les festivals, un moyen de faire entrer la transition écologique dans la vie universitaire ?

Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable

Alors que beaucoup d’universités ont bouclé leur schéma directeur développement durable et responsabilité sociétale, elles cherchent désormais un moyen de faire vivre leur engagement au sein de leur communauté. L’Université Toulouse Jean-Jaurès et celle de Tours ont fait l’expérience de ce format.

Les universités toulousaines se réunissaient pour la première fois autour du festival Futurs Proches - © Laurence Barthe
Les universités toulousaines se réunissaient pour la première fois autour du festival Futurs Proches - © Laurence Barthe

Exprimer un sujet fort de manière festive et par des actions concrètes : telle est la raison d’être des festivals de la transition écologique et sociale qu’organisent des établissements du supérieur.

Favoriser les rencontres et créer du débat

Porté par l’Université de Toulouse, le festival Futurs Proches, organisé le 3 octobre 2024, a marqué une première, en mobilisant tous les établissements d’enseignement supérieur de la région. L’événement a été une occasion pour l’Université Toulouse-Jean Jaurès (UT2J) et ses différents campus de témoigner de leur engagement sur les enjeux de transitions écologique et sociétale, via différents formats et contenus qui ont permis de débattre et de se projeter dans l’action.

«  Cette journée a témoigné de la forte mobilisation de la communauté universitaire autour de ces enjeux : enseignants-chercheurs, étudiants et personnels administratifs ont tous proposé des contenus, qui ont été autant d’occasions de rencontres et de partages d’idées. La mobilisation a été importante, aussi bien en amont que le jour J », rapporte Laurence Barthe, vice-présidente responsabilité sociétale de l’UT2J.

Le public a pu suivre des formats variés, comme la conférence d’Arthur Keller, expert de la systémique des risques et des stratégies de résilience face aux crises environnementales et sociétales, qui a attiré un large public continue à être écoutée en ligne.

Enseignants-chercheurs, étudiants et personnels administratifs ont été mobilisés pour le festival toulousain. - © Laurence Barthe
Enseignants-chercheurs, étudiants et personnels administratifs ont été mobilisés pour le festival toulousain. - © Laurence Barthe

À Tours, distiller la sensibilisation tout au long de l’année

L’Université de Tours a, de son côté, organisé une Rentr’écolo en 2021 et 2022. Ce festival a évolué entre sa première édition sur une semaine, et la deuxième concentrée sur une journée. Aujourd’hui ce format n’existe plus. «  Pour plus de visibilité et de disponibilité, nous avons regroupé différents types d’événements, comme le sport et la culture, autour d’un même festival de rentrée. La transition écologique n’est pas un sujet isolé, mais bien une partie intégrante de la vie de campus  », précise Mathilde Gralepois, vice-présidente en charge de la transition écologique.

Des ateliers et partenaires en lien avec les enjeux DD&RS s’invitent donc dans un événement de rentrée qui vise le zéro déchet et une empreinte carbone aussi réduite que possible. « Les événements autour de la transition écologique et sociale sont répartis sur l’année, offrant ainsi plus de possibilités aux étudiants d’y assister, notamment pour les primo-arrivants qui n’ont pas encore tous leurs repères », souligne par ailleurs la VP.

Croiser les savoirs et sensibilités

L’objectif à Toulouse était de sortir des formats classiques pour encourager des échanges actifs et collectifs. «  Nous avons proposé des ateliers interactifs, des immersions et des moments de convivialité  », raconte Laurence Barthe.

Les personnels Biatss ont contribué en proposant des ateliers, tels qu’une fresque du climat, co-animée par une enseignante-chercheuse, ou encore des activités sur la qualité de vie au travail, la détente, la production d’objets durables, et des échanges autour des métiers liés aux transitions.

Les étudiants se sont également mobilisés, organisant des débats autour des grands projets d’aménagement, ainsi que des expositions sur le campus. «  La journée n’a pas été banalisée pour éviter de vider les campus, mais il n’y avait pas de contrôle d’assiduité afin de permettre aux étudiants de suivre les ateliers et conférences  », ajoute-t-elle.

La journée, bien qu’étant destinée principalement à la communauté universitaire, a également attiré des partenaires extérieurs avec lesquels l’UT2J travaille régulièrement, autour des questions sociétales et environnementales (associations, collectivités territoriales…).

Conférences, fresques du climat ou encore ateliers de réparations de vélo ont été organisés lors du festival Futurs Proches. - © Laurence Barthe
Conférences, fresques du climat ou encore ateliers de réparations de vélo ont été organisés lors du festival Futurs Proches. - © Laurence Barthe

Une initiative expérimentée dans plusieurs établissements

Au printemps 2024, l’Université Paris 8, Gustave Eiffel et celle de Lille ont organisé des éco-festivals. L’Université Grenoble-Alpes a lancé sa « rentrée de la transition écologique ». Assiste-t-on à la naissance d’une nouvelle tendance ?

« Toutes les universités françaises sont mobilisées par l’élaboration et la mise en œuvre d’un schéma DD&RS qui donne à voir les transformations à opérer dans nos missions et notre fonctionnement pour être à la hauteur des changements écologiques et sociétaux. Ce mouvement de fond est également présent à l’échelle des territoires », décrypte Laurence Barthe, qui souligne que ces sujets touchent profondément les sensibilités individuelles et les identités professionnelles.

Mathilde Gralepois ajoute : « Sensibiliser à la transition écologique et sociale devient une mission forte pour l’ensemble des services publics, et les universités, qui produisent des connaissances, doivent être exemplaires. Mais cette exemplarité ne peut pas être imposée de manière descendante. Avec 30 000 étudiants, nous avons le devoir et l’envie de les préparer aux enjeux futurs, de leur donner les connaissances nécessaires. »

À l’Université de Tours, un Forum des possibles pour imaginer l’agenda stratégique

Pour construire l’agenda stratégique de transformation écologique et sociale, l’Université de Tours organise un Forum des Possibles. Cet outil de pilotage par projets, lié au schéma directeur DD&RS adopté en décembre 2023, aborde des thématiques récurrentes comme la formation, la recherche, le numérique ou encore la mobilité sous l’angle de la transition.

« Nous l’implémentons lorsque les projets sont finalisés et passent en phase opérationnelle. C’est le cas pour la mise en place du socle écologique et social (inspiré du rapport Jouzel-Abadi). À la fin du semestre, nous ferons un retour d’expérience avant de l’intégrer pleinement dans le fonctionnement de l’université », détaille Mathilde Gralepois.

Une initiative qui pourrait se répéter

Pour les universités qui les ont organisés, ces festivals ont permis de montrer que les enjeux des transitions sont concrets et peuvent faire l’objet d’actions communes.

L’Université Toulouse Jean Jaurès prévoit, à l’instar de celle de Tours, d’autres événements plus ponctuels tout au long de l’année universitaire. « Il s’agira aussi de réfléchir avec nos partenaires de l’Université de Toulouse à la possibilité de renouveler ce type de festival pour les années à venir. Nous allons nous réunir prochainement pour dresser un bilan plus global », indique Laurence Barthe.