Vie des campus

Transition écologique : où en est la formation des cadres, personnels et enseignants de l’ESR ?

Par Isabelle Cormaty | Le | Rse - développement durable

Alors que les établissements publics doivent rendre avant la fin 2024 leur schéma directeur du développement durable au ministère, l’Amue et l’IH2EF organisaient fin septembre des journées d’étude intermétiers sur la transition écologique. L’occasion pour les cadres de l’ESR de partager les bonnes pratiques et pour Campus Matin de faire le point sur la formation des personnels et enseignants à ces enjeux.

La formation à la transition écologique serait obligatoire en premier cycle dès la rentrée 2025. - © Canva
La formation à la transition écologique serait obligatoire en premier cycle dès la rentrée 2025. - © Canva

Après une première édition en 2023, l’Agence de mutualisation des universités (Amue) et l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF) ont renouvelé, du 25 au 27 septembre 2024, leurs journées intermétiers consacrées au plan climat-biodiversité de l’ESR.

À Chasseneuil-du-Poitou, près de Poitiers dans la Vienne, une centaine de personnes ont participé à cette formation : des chargés de mission, responsables de la mise en œuvre du développement durable, des fonctions supports (directeurs de cabinet, achats, juridiques), ainsi que des vice-présidents en charge de la transition.

« Il s’agissait donc d’un public assez hétérogène, bien au fait des sujets. Il y avait un besoin d’échanger, de faire réseau et de rencontrer d’autres métiers », commente Ellen Cordier, responsable de cycles de formation à l’IH2EF.

La cheffe du département défis sociétaux et environnementaux au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Béatrice Noël, complète : « La diversité du public montre que le sujet du développement durable est transversal. Ce n’est pas seulement l’affaire des vice-présidents en charge de la transition, mais bien une stratégie d’établissement. »

Faire réseau et partager des pratiques

Ellen Cordier est  responsable de cycles de formation à l’IH2EF. - © D.R.
Ellen Cordier est responsable de cycles de formation à l’IH2EF. - © D.R.

Imaginées avec l’association des directeurs généraux des services, France Universités, la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle et la conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, ces journées d’étude répondaient à plusieurs objectifs :

  • une logique intermétiers pour sortir du cloisonnement;
  • mutualiser les expériences ;
  • et s’inscrire dans le plan climat biodiversité du ministère de l’ESR.

L’un des enjeux principaux de l’édition 2024 était de « parler des pratiques, car les établissements doivent tous élaborer des schémas directeurs DD&RSE pour fin 2024 », rappelle Ellen Cordier.

Ces schémas « sont conçus pour embarquer l’ensemble de l’établissement. Échanger avec ceux qui ont déjà mis des choses en place est très motivant », s’enthousiasme Béatrice Noël.

Béatrice Noël est cheffe du département défis sociétaux et environnementaux au MESR. - © D.R.
Béatrice Noël est cheffe du département défis sociétaux et environnementaux au MESR. - © D.R.

Une deuxième édition axée sur la biodiversité

« Pour cette deuxième édition, nous avons mis un focus sur la biodiversité, un sujet plus difficile à aborder dans l’ESR. La transition est bien identifiée, mais la biodiversité est plus difficile à définir et à rendre concrète », poursuit-elle.

Benoit Laignel, le haut fonctionnaire au développement durable du ministère de l’ESR, salue de son côté la variété du programme « mêlant aspects institutionnels, scientifiques, tables rondes et ateliers pratiques. En tant qu’ancien vice-président, je sais que ces sujets transversaux sont complexes à mettre en œuvre. Mais ces journées permettent de repartir boosté, plein d’énergie. »

Une formation qui doit inclure tous les personnels

Benoît Laignel est haut fonctionnaire au développement durable du ministère de l’ESR depuis juin 2024. - © Université de Rouen Normandie
Benoît Laignel est haut fonctionnaire au développement durable du ministère de l’ESR depuis juin 2024. - © Université de Rouen Normandie

Au-delà des cadres intermédiaires de l’ESR, d’autres collectifs ont également formé leurs équipes.

« France Universités a formé les présidents d’université, mais il faut prévoir des actions en direction des nouveaux élus cette année. Les présidents des organismes nationaux de recherche se sont réunis et ont fait une déclaration conjointe », cite le haut fonctionnaire au développement durable du ministère.

Les agents du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ont eux été formés en deux vagues.

« Nous avons fait le choix d’ouvrir ces formations à tous, quel que soit le statut. La formation des cadres supérieurs de l’État avance bien, mais ira au-delà de 2024, date initialement fixée par le gouvernement », précise Benoit Laignel.

La formation des personnels et enseignants à la charge des établissements

Après la publication du rapport Jouzel en 2022, le ministère a annoncé que la formation à la transition écologique ferait partie des conditions pour obtenir un diplôme de premier cycle d’ici 2025 et que les nouveaux enseignants recrutés devraient suivre une formation certifiante à la transition écologique.

Charge désormais aux établissements de former des enseignants volontaires pour dispenser le socle commun de connaissances aux étudiants et l’acculturation de l’ensemble des personnels à ces enjeux !

Les journées d’étude intermétiers ont eu lieu au siège de l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou. - © IH2EF
Les journées d’étude intermétiers ont eu lieu au siège de l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou. - © IH2EF

Pour les accompagner, le ministère a donc publié fin septembre une note de cadrage . Au-delà du contenu de la formation et des ressources, la note suggère des dispositifs à mobiliser pour inciter les enseignants à s’impliquer : décharge horaire, congés pour projets pédagogiques « qui pourraient être envisagés de manière collective pour instaurer une dynamique au sein des établissements », résidences pédagogiques…

Elle propose aussi d’utiliser le compte personnel de formation (CPF) pour suivre et obtenir des certificats sur la transition écologique. Et le régime indemnitaire unifié à destination des enseignants-chercheurs, personnels assimilés et des chercheurs, aussi appelé Ripec, pour reconnaître l’implication des enseignants-chercheurs.

Des schémas directeurs DD&RSE attendus pour fin 2024

Tous les établissements publics devront présenter au ministère leur schéma directeur du développement durable et responsabilité sociétale et environnementale (DD&RSE) d’ici la fin de l’année 2024. En raison d’une vague d’élections de président, certaines universités ont toutefois pris du retard.

« Nous adoptons une stratégie des petits pas. Certains établissements vont peut-être se concentrer sur un domaine particulier, comme les achats ou la mobilité, selon les spécificités de leur territoire. Nous ne voulons pas d’homogénéité. L’important est de rédiger des plans d’action concrets et de faire des choix », indique Béatrice Noël.

Le haut fonctionnaire au développement durable ajoute : « L’essentiel est que ces plans soient participatifs, que les établissements se réunissent pour réfléchir au sujet. Je dis toujours qu’il ne faut pas stresser. Nous accompagnerons les établissements pour améliorer leur plan. »