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Budget, autonomie, simplification… Philippe Baptiste partage ses priorités lors de ses vœux


Un peu plus d’un mois après être devenu ministre en charge de l’ESR, Philippe Baptiste est revenu sur les chantiers en cours et à venir lors de ses vœux, le 30 janvier au musée du Quai Branly.

Philippe Baptiste a notamment annoncé des nouveautés sur Parcoursup et Mon master. - © D.R.
Philippe Baptiste a notamment annoncé des nouveautés sur Parcoursup et Mon master. - © D.R.

Après le passage éclair de Patrick Hetzel au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste, aux côtés d’Élisabeth Borne, la ministre de l’éducation nationale et de l’ESR, a partagé ses priorités.

Budget : « une confusion » sur la Mires

Le projet de loi finance 2025 a été adopté le 3 février, en recourant à l’article 49.3. Le budget total de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires) s’élève à 15 365,5 millions d’euros en autorisations d’engagement et 15 428,1 millions d’euros en crédits de paiement. C’est 148,5 millions de plus en autorisation d’engagement et crédit de paiement que le texte initialement déposé par le Gouvernement Barnier en octobre 2024.

Sur la baisse actée en amont par un amendement du Gouvernement de 630 millions d’euros sur Mires, elle a, selon Philippe Baptiste lors de ses vœux, le 30 janvier, « provoqué une certaine confusion. Cet effort porte sur des programmes budgétaires qui concernent d’autres ministères : armées, économie, énergie, et porte sur des décalages d’investissement dans le temps. Il n’affectera pas les ambitions » du MESR.

Les crédits de la Mires, adoptés le 20 janvier, comprennent un amendement du Gouvernement octroyant 100 millions d’euros aux universités (sur le programme 150) pour compenser le relèvement du compte d’affectation spécial (CAS) Pensions.

Acte 2 de l’autonomie des universités

« Les universités ont un rôle particulier à jouer dans les territoires. Et je serai attentif à ce que les contrats d’objectifs, de moyens et de performance reflètent cette dimension d’une meilleure répartition territoriale des capacités d’accueil post-bac, du public mais également par des collaborations public-privé », déclare Philippe Baptiste.

Philippe Baptiste veut renforcer l’autonomie des universités notamment en direction de l’insertion professionnelle et de l’apprentissage. - © MESR
Philippe Baptiste veut renforcer l’autonomie des universités notamment en direction de l’insertion professionnelle et de l’apprentissage. - © MESR

Ce sujet fera partie du chantier de l’acte 2 de l’autonomie des universités, auquel il dit vouloir travailler « dans les prochains mois ». Cette trajectoire passe selon lui par « accentuer leur virage en direction de l’insertion dans l’emploi et en direction de l’apprentissage, dès que cela est pertinent ».

L’université, « en bonne “cheffe de file”, doit pouvoir entraîner son écosystème autour d’elle sur une trajectoire claire et résolue en matière de recherche et de formation », a ajouté le ministre. Un rôle de cheffes de file au cœur des tensions autour de la création des key labs, annoncée par le P-DG du CNRS, Antoine Petit. Philippe Baptiste s’est également exprimé sur ce sujet à l’occasion de ses vœux en partageant la décision d’un moratoire et d’une consultation avec les institutions concernées, comme vous le racontait Campus Matin.

Nouveautés Parcoursup et Mon Master

Philippe Baptiste a annoncé que les lycéens devront classer, au bout d’une semaine, les propositions de Parcoursup favorables qu’ils auront reçues début juin, afin d’atteindre l’objectif de 90 % de lycéens ayant une proposition d’inscription à la mi-juin.

Plusieurs évolutions marqueront la campagne 2025 :

  • La carte d’identité des formations.
  • L’ajout de nouvelles informations pour connaître le profil de lycéens qui ont intégré la formation au cours des trois dernières années.
  • L’intégration des données financières de première embauche, le fruit d’un travail interministériel réalisé par la mission Inserjeunes.

Il indique également que la troisième campagne de la plateforme Mon Master est « marquée par une profonde refonte de son portail d’information, pour faciliter la lisibilité et le dépôt de candidatures ».

Les pistes d’évolution pour la formation en santé

Le ministre a indiqué vouloir « rouvrir la question de la formation aux métiers du soin et de la santé », en collaboration avec le ministre de la santé, Yannick Neuder.

Outre la réforme du premier cycle, il dresse plusieurs pistes d’évolution :

  • La création d’une antenne locale de première année, voire de deuxième et troisième année.
  • Des internats dans les hôpitaux de villes moyennes.
  • Le déploiement dans tous les territoires des professions paramédicales.

Les vœux de Philippe Baptiste à l’ESR se sont déroulés au musée du Quai Branly - Jacques Chirac. - © Andreas Praefcke
Les vœux de Philippe Baptiste à l’ESR se sont déroulés au musée du Quai Branly - Jacques Chirac. - © Andreas Praefcke

Régulation des établissements d’enseignement supérieur privé

Concernant l’enseignement privé, Philippe Baptiste déclare vouloir « porter, avec les différents ministères compétents, toutes les démarches nécessaires pour mieux réguler l’offre de formation postbac ». Il évoque la mise en place, déjà annoncée, d’un dispositif de déréférencement sur Parcoursup « des formations usant de pratiques inacceptables ».

Formation des enseignants

Pour répondre la crise « grave » et « préoccupante » de vocation des enseignants, le ministre a dit s’atteler à la réforme de leur formation avec Élisabeth Borne. Une « priorité majeure » qui fera « l’objet d’annonces bientôt ».

Le 23 janvier, Élisabeth Borne avait déjà « dit aux organisations syndicales vouloir reprendre la concertation sur ce sujet ». Annoncée en avril 2024 par Emmanuel Macron, cette réforme prévoyait initialement le déplacement du concours en fin de L3 (contre M2 actuellement), l’ouverture de licences de préparation au professorat des écoles, et une rémunération dès le M1.

Sa préparation s’était heurtée aux critiques des syndicats. Et elle n’avait pas pu aboutir, Bercy ayant finalement bloqué le texte, en raison du coût trop élevé de la réforme. L’instabilité politique qui s’en est suivie n’avait pas permis de remettre le sujet sur la table.

Un AMI SHS

Le ministre a indiqué travailler sur la très attendue vague 2 de l’appel à manifestation d’intérêt en sciences humaines et sociales, en lien avec le Secrétariat général pour l’investissement. Plus largement, il dit vouloir s’atteler au chantier visant à « donner aux SHS toute la place et tout le rayonnement qui devraient être les leurs ».

Les annonces pour la recherche

Simplification

Le ministre est revenu sur la simplification de la recherche, dont l’objectif est de réduire le temps dédié aux tâches administratives au strict minimum, alors que 17 sites pilotes avaient été choisis en août 2023 à la suite du rapport de la mission Gillet sur l’évolution de l’écosystème français de R&I .

« Cela veut dire moins d’appels d’offres dans tous les sens. (…) Concentrons-nous sur les appels d’offres européens, auxquels nous répondons encore trop peu, et sur ceux de l’Agence nationale de la recherche », indique-t-il.

Sur le sujet de la gestion des laboratoires, qu’il qualifie de « serpent de mer », il dit vouloir « parvenir ensemble à sortir du système de gestion multiple chaque fois que cela vient apporter une complexité supplémentaire ». Il suggère en outre la limitation des remontées d’indicateurs pour se concentrer sur les plus pertinents.

Agences de programme

Le ministre incite les agences de programme à flécher leurs moyens sans passer par des appels d’offres. - © News Tank
Le ministre incite les agences de programme à flécher leurs moyens sans passer par des appels d’offres. - © News Tank

Philippe Baptiste demande aussi aux pilotes des agences de programmes « d’assumer des choix, d’assumer des risques en finançant les projets sans passer par [les appels d’offres] ».

Dispositif annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron, le 7 décembre 2023, les agences de programme ont pour objectif de faire porter la recherche sur les priorités stratégiques du Gouvernement.

Un an après leur mise en place, « les agences ont permis de mettre autour de la table les acteurs de chaque secteur pour converger sur les programmes stratégiques dans chaque domaine. Des financements de France 2030 en découlent, et je veillerai à ce que ces programmes soient maintenus », assure Philippe Baptiste.

Revoyure de la loi de programmation de la recherche

Comme il l’avait annoncé lors du débat budgétaire au Sénat, le ministre dit vouloir « mettre en œuvre la clause de revoyure » de la loi de programmation de la recherche « qui consiste à prendre ensemble le temps de faire le bilan de ce qui a déjà été fait, de ce qui doit être amélioré, au service de la recherche ». Selon lui, elle a permis entre 2021 et 2024 le déploiement de quatre milliards d’euros supplémentaires.

Attirer les talents avec des chaires internationales sur l’IA

Sur l’IA, à quelques jours du sommet mondial de l’IA du 6 au 11 février, Philippe Baptiste rappelle que, via le programme France 2030, « un milliard d’euros a déjà été investi dans ce secteur, plus 360 millions d’euros pour doter neuf IA clusters d’importants moyens de développement et d’attractivité, et plus de 100 millions d’euros pour des démonstrateurs des usages du numérique dans les universités et écoles ».

Il ajoute : « Nous irons plus loin avec le financement de chaires internationales de l’IA, pour attirer les talents dans notre pays et trouver notre voie propre dans cet univers de l’IA. »