Comment l’IA transforme-t-elle l’évaluation dans l’enseignement supérieur ?
L’évaluation des étudiants connaît une transformation majeure avec l’intégration de l’intelligence artificielle. Automatisation des examens, personnalisation des parcours et enjeux de surveillance… ces thèmes étaient au coeur du dernier webinaire organisé par Campus Matin avec Isograd. L’occasion de partager les bonnes pratiques et de mesurer l’état de maturité de l’ESR.
Dans un contexte de marché très actif, les établissements de l’ESR s’interrogent beaucoup sur les modalités d’entrée comme sur les évaluations des étudiants. Marc Alperovitch, CEO et fondateur de Tosa et Isograd testing services, souligne que la question de la surveillance et de la triche est au cœur des préoccupations des établissements. La technologie interroge sur le rôle de l’humain : « Qui valide un examen : la machine ou l’homme ? »
Au service de la pédagogie

Céline Joiron, enseignante-chercheuse et vice-présidente numérique de l’Université de Picardie, met en avant les résultats des recherches autour des environnements de l’informatique pour l’apprentissage humain, au service de la pédagogie. L’enjeu est d’assurer une évaluation équitable en définissant des niveaux de difficulté adaptés et en utilisant les données des évaluations précédentes pour ajuster les contenus. L’IA doit également être explicable, permettant de justifier les notes attribuées.
Scénarisation

Pour Julie Pierru, directrice de l’ingénierie de l’offre de Galileo global education France, l’intégration de l’IA exige d’identifier les raisons de se lancer. Trois principales demeurent : l’optimisation des processus pour libérer du temps à l’équipe pédagogique, l’amélioration de l’expérience apprenante avec des parcours plus fluides ou individualisés, et enfin, l’ajustement à la réalité professionnelle, c’est-à-dire comment garantir que les compétences acquises sont celles attendues par le marché de l’emploi.
Au sein de Galileo, de nombreuses initiatives ont été lancées sur le plan pédagogique ou certifiant. Aujourd’hui, chaque école gère ses examens en fonction du secteur d’activité. « Pour nos écoles d’art, nous évaluons les livrables, tandis que, dans les écoles de commerce, des outils permettent de s’évaluer de manière plus automatisée à partir de scénarios pédagogiques », commente Julie Pierru.

La méthode automatisée permet assez naturellement et de manière fiable de retracer la progression des étudiants, « tout en libérant du temps aux enseignants », estime Inès Jazaerli, fondatrice d’IJSchool. En ce qui concerne les étudiants en alternance, l’usage de solutions pour détecter l’IA est très utile pour les rapports fournis par les étudiants.
Les établissements prennent donc le chemin de l’automatisation des examens « sachant que l’étudiant en bout de la chaîne accepte les nouvelles approches », prévient Marc Alperovitch. Cela suppose une grande vigilance sur la méthode et les outils. « Or, l’expertise n’est pas toujours disponible dans les établissements. »
Centres d’évaluations connectés
La généralisation de ces outils pose des défis techniques et économiques. Comme le souligne Céline Joiron, une université avec 30 000 étudiants doit s’assurer de la robustesse des solutions et de leur viabilité financière. L’Université de Picardie met ainsi en place des centres d’évaluations connectés garantissant une surveillance optimale tout en assurant la mesure des connaissances.
Chez Galileo, qui compte 240 000 étudiants, l’IA est intégrée de manière progressive, avec des outils mutualisés entre les écoles, tout en respectant les spécificités pédagogiques de chacune. La transformation nécessite néanmoins un accompagnement et une conduite du changement adaptée.
Interopérabilité

L’interopérabilité des outils est essentielle pour assurer leur intégration dans les plateformes de gestion de l’apprentissage (LMS). Marc Alperovitch rappelle également l’importance de la robustesse des évaluations pour garantir la fiabilité des résultats.
Enfin, la question de la confidentialité des données est cruciale, et de nouvelles solutions, comme Mistral, permettent désormais un hébergement local et sécurisé des informations.