Les certifications, clés de valorisation de l’expérience pédagogique des étudiants
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Un nombre croissant d’établissements du supérieur ajoutent à leurs diplômes des certifications attestant de la maîtrise par leurs étudiants de blocs de compétences spécifiques. Quelles raisons les poussent à mettre en place ce type de parcours ? Comment engager étudiants et enseignants ? Quelles conditions respecter pour faire de ces outils un vrai plus pédagogique et un levier d’employabilité pour les étudiants ?
Les atouts que représentent les certifications dans les parcours des étudiants, mais aussi les pistes de vigilance, pour une exploitation optimale par les établissements du supérieur : tel était l’objet des débats menés le 20 juin dernier lors d’un petit-déjeuner d’échanges proposé par Campus Matin avec son partenaire Isograd, autour de dirigeants d’Ipag Business School, de l’école multimédia belge ISFSC et d’un formateur.
Justifier de ses compétences tout au long de la vie
« Les carrières uniformes sont révolues : les actifs vont exercer plusieurs métiers tout au long de leur vie, expose Juliette Brun, directrice commerciale EMEA d’Isograd. Le premier s’appuie généralement sur le diplôme, les suivants plutôt sur les compétences. » Cet organisme de certification est le maître d’œuvre du Tosa. « Celui-ci permet aux étudiants certifiés de valoriser leurs compétences informatiques et digitales sur leur CV (pour 70 % des répondants) et d’augmenter leur employabilité (67 %) », précise-t-elle.
Ce certificat est en effet plébiscité par les entreprises. « Pour celles-ci, faire valoir un score de 800 sur 1000 au Tosa Excel, par exemple, sera une plus-value plus forte que la simple allégation : “Je maîtrise Excel“ », pointe Juliette Brun. Les certifications font la différence avant même la sortie des écoles, comme le souligne Frédéric Beaupère, directeur de la section écriture multimédia à la haute école ISFSC : « Nos étudiants les utilisent pour se “vendre” dès leurs recherches de stages ».
Mieux évaluer le niveau de chacun
« La certification est la béquille qui permet d’évaluer, en quelques minutes, le niveau d’un groupe de plusieurs dizaines d’étudiants, pointe Benjamin Pierre, formateur et enseignant en bureautique d'Ateliers Achats. À la clé, la possibilité d’adapter le cours en fonction. » Cette faculté d’évaluation est d’autant plus appréciable qu’elle est très affinée. « À niveau égal, le système permet de voir que tel étudiant peut être meilleur sur la manipulation de données, tel autre sur l’environnement de travail, etc. », rapporte-t-il.
Motiver les étudiants
72 % des étudiants estiment que le passage du Tosa a été une source d’investissement supplémentaire dans leur formation. Benjamin Pierre analyse que cette approche très concrète accélère l’adhésion à un cours.
« Notamment ceux, comme la bureautique, jugés pas très glamour et en mode d’apprentissage très descendant », note-t-il. Pour Frédéric Beaupère, l’externalisation est un autre levier de motivation. « Ce n’est plus le professeur qui évalue : un point important pour nos étudiants », estime-t-il.
Asseoir sa marque employeur
Des étudiants ou des jeunes diplômés plus performants en entretien grâce à la mise en valeur de certifications, voilà qui est bon aussi pour l’image des établissements dans lesquels ils ont les ont passées.
Une installation généralement progressive
Adapter la demande aux besoins et y aller pas à pas : telle est la stratégie le plus souvent adoptée. À l’ISFSC, la mise en place des certifications a été initiée par une demande du milieu professionnel, il y a cinq ans. « Ils nous ont dit : “Le diplôme c’est bien, mais ce n’est pas suffisant : il faut faire comprendre à vos étudiants qu’ils vont devoir se former tout au long de leur vie‘ se souvient Frédéric Beaupère. Nous avons revu notre grille de programmes de A à Z et installé des certifications en première année. Nous sommes en train de réfléchir à leur extension à l’année intermédiaire (équivalent de la licence professionnelle). »
Natacha Bradier, cheffe de projet digital learning de l’Ipag Business School, a elle aussi suivi un schéma progressif. « Nous avons commencé les certifications Tosa en 2016, d’abord avec une classe pilote d’une trentaine d’étudiants, avant de les monter sur un parcours complet, déclare-t-elle. Aujourd’hui, nous avons neuf programmes concernés, et cette année nous avons fait passer 1 646 certifications (Excel, mais aussi Word, PowerPoint, Photoshop…). »
Des modalités de mise en place diversifiées
Sur le plan des rythmes d’apprentissage
« Selon les établissements, le planning de cours sera très resserré, dans d’autres, plus espacé, détaille Benjamin Pierre. Une dernière modalité préférable à mon sens, car elle laisse le temps de “digérer” les acquisitions. »
À l’ISFSC, c’est un modèle intensif, de 36 heures sur une semaine pleine, qui a été adopté. « Un rythme trépidant, générateur d’émulation entre étudiants, et profitable, puisque nous enregistrons 80 % de réussite au test », se félicite Frédéric Beaupère. À l’Ipag, les formations sont plus étalées : « Selon les programmes, elles durent entre un et quatre mois », précise Natacha Bradier.
Sur l’inscription dans les référentiels
Dans certains cas, c’est très cadré. « À l’ISFSC, la certification est valorisée dans le cadre d’un cours, à hauteur de cinq ECTS », fait savoir Frédéric Beaupère.
À l’Ipag, cette valorisation varie selon les programmes. « La certification Tosa peut être intégrée à un cours d’outils bureautiques plus large, sanctionnée à la fois par une note et des crédits ECTS et par une certification Tosa. Nous avons aussi des cours 100 % Tosa, à faible amplitude horaire, sur le mode tutorat et validés par la certification », présente Natacha Bradier. Le nombre de points exigés au test peut aussi varier en fonction de l’avancée de l’étudiant dans les études.
Sur le caractère obligatoire ou non
La question de l’obligation peut se poser pour ces formations externes à l’établissement. À l’ISFSC, la présence au cours est strictement obligatoire. C’est le cas aussi à l’Ipag, mais uniquement sur les trois premières années. « Ce passage est optionnel en quatrième et cinquième années », précise Natacha Bradier.
Benjamin Pierre appelle plutôt de ses vœux une non-obligation. « D’expérience, cette contrainte risque d’entraîner une résistance : d’une part parce que le cours est le fait d’un prestataire externe, et d’autre part, car la durée de validité de la certification est limitée à trois ans », estime-t-il.
Au regard du nombre de certifications par étudiant
« En général, l’école va choisir une certification pour un parcours, et en moyenne les étudiants en passent une, voire deux », résume Juliette Brun. Mais certains vont plus loin. « Nous en imposons deux, bientôt trois, sur les trois années de formation », indique Frédéric Beaupère. À l’Ipag, les étudiants ont la possibilité d’en présenter trois (Word, Excel et PowerPoint), avec l’obligation de décrocher a minima le niveau 3 (« opérationnel ») pour chacune.
Les bonnes pratiques pour optimiser ces apports
Savoir convaincre : les enseignants, les étudiants et la direction !
Développer les certifications commence souvent par exercer ses facultés de communication à l’égard des différents acteurs.
« Si le professeur n’est pas convaincu du bien-fondé de l’ajout de cette certification à son programme, ça ne fonctionnera pas sur du long terme », prévient Juliette Brun. D’où l’importance de bien poser les choses en amont, à l’instar de ce qu’a dû faire Frédéric Beaupère. « Certains enseignants voulant s’assurer de l’évaluation de leurs étudiants, il a d’abord fallu leur expliquer en interne les raisons de notre choix », évoque-t-il.
Les étudiants aussi doivent être convaincus de l’intérêt de la certification. « En première année, les étudiants ne sont pas encore conscients des enjeux d’employabilité des certifications, et de ce fait sont difficiles à mobiliser », observe Natacha Bradier. Le volontariat n’est pas une option : « Si on leur rajoute un travail supplémentaire sans contrepartie, ils ne vont pas y aller », souligne Juliette Brun. Ce que confirme Benjamin Pierre : « La première question qu’ils me posent, c’est : “Est-ce que la matière est évaluée ? “ », rapporte-t-il.
Si les prix de vente du test par étudiant ne dépassent pas 10 ou 20 euros TTC, lorsqu’ils sont plusieurs centaines à former, c’est un budget supplémentaire à défendre devant sa direction. « J’ai dû répondre par des arguments ciselés à la question : “Pourquoi investir plus, alors que je paie déjà un professeur pour évaluer ? ‘ », se souvient Frédéric Beaupère.
Travailler la transférabilité des compétences au sein des établissements
Natacha Bradier soulève que les étudiants ont tendance à fonctionner en silos, en se contentant des ECTS obtenus et sans prendre la mesure de la transférabilité des compétences acquises par la certification. « Notre career center et notre service relations entreprises les aident à créer des liens transversaux avec les autres départements pour valoriser cette certification, car c’est bien là son but principal », indique-t-elle.
À l’ISFSC, une stratégie similaire a été mise sur pied. « En année intermédiaire — celle du premier stage — nous avons un cours intitulé “identité professionnelle”, dans lequel on met en avant la certification dans le portfolio, le profil LinkedIn ou le CV, en fonction du score obtenu, du profil du stage ou du stagiaire », retrace Frédéric Beaupère.
Des choix stratégiques, à valider par le management
À l’ISFSC, les certifications sont choisies et validées par la commission pédagogique. À l’Ipag, ces orientations sont définies par la direction des programmes, en lien avec les responsables de départements. La latitude est un peu plus souple pour les étudiants de quatrième et cinquième années. « Nous leur demandons d’en choisir une parmi une liste, en recherchant la valeur ajoutée maximale. Par exemple, nous incitons fortement les étudiants en finances à passer VBA », relève Natacha Bradier.
Conserver a minima une part de présentiel
« Nous ne sommes pas pour un parcours à 100 % e-learning », avance Juliette Brun. « La présence physique du formateur aux côtés des étudiants est indispensable pour les embarquer dans les apprentissages. », approuve Benjamin Pierre. Frédéric Beaupère est sur la même longueur d’onde : « Une des grandes leçons du Covid a été le caractère essentiel du présentiel, seul vecteur de communication verbale et non verbale », ajoute-t-il.
Adapter l’offre en permanence
Dans un environnement en évolution accélérée, il faut s’adapter en continu. Un impératif d’abord valable pour les établissements. « Chaque année, nous retravaillons unités d’enseignement et activités de cours, illustre Frédéric Beaupère. Nous faisons aussi évoluer les certifications, en fonction des demandes des professionnels. »
Même veille technologique à l’Ipag. « Nous nous tenons au courant des évolutions de l’offre et de la demande en matière de certifications, en ajustant les besoins techniques avec le service informatique et les référentiels avec l’équipe pédagogique », ajoute Natacha Bradier.
Les certificateurs comme Isograd doivent aussi se tenir à la page. « Nous mettons à jour nos certifications très régulièrement, dans les sept langues », précise Juliette Brun. Et pour éviter l’impact, potentiellement dévastateur, de l’intelligence artificielle générative sur le marché des certifications, la meilleure parade est de l’anticiper.
L’organisme se prépare déjà à intégrer la révolution IA dans ses plateformes. Bientôt une certification sur ChatGPT ?