Recherche : les séminaires de demain ne ressembleront pas à ceux d’avant le Covid-19…
Par Marc Guiraud | Le | Doctorat
La pandémie Covid-19 a provoqué l’annulation des conférences de recherche qui ont basculé, comme l’enseignement, en mode 100 % digital.
Et le succès des séminaires virtuels est énorme !
Décryptage avec l’exemple de l’ICLR (International Conference on Learning Representation). Françoise Prêteux, directrice de la recherche l’École des Ponts ParisTech répond à Campus Matin.
Une très grande conférence internationale, comme l’ICLR (International Conference on Learning Representation) qui devait se dérouler du 26 au 30 avril à Addis Abeba (Ethiopie) après La Nouvelle Orléans (États-Unis) en 2019, a été totalement virtualisée cette année.
Quelles sont les conséquences de la virtualisation d’une conférence internationale ?
La virtualisation a favorisé la diffusion de la connaissance
On est passé de 2 700 participants en mode physique à 5 600 en mode digital, avec 1 300 speakers orateurs, 1 million de pages visitées et 100 000 vues des vidéos. L’impact social et écologique et scientifique est considérable. Assister à la conférence coûtait 50 dollars pour les étudiants et 100 dollars pour les chercheurs. Les laboratoires ont ainsi économisé le budget voyage et hébergement et un plus grand nombre de jeunes chercheurs et de doctorants a pu participer. La virtualisation a favorisé la diffusion de la connaissance et l’inclusion des laboratoires de toute taille. C’est la démonstration que des conférences de haute valeur peuvent passer à l’échelle virtuelle sans altérer la qualité scientifique des échanges.
Comment cette conférence a-t-elle fonctionné ?
Chaque article soumis avait sa page web avec des liens qui renvoyaient sur l’article intégral, sur ses reviews (car nous étions dans l’open science, avec open review), et sur une présentation vidéo de 5 minutes réalisée par les auteurs de l’article, sans oublier un chat et une et salle de visioconférence dédiée à l‘article. Il y avait donc un véritable arsenal pour dialoguer de multiples manières, de 7 h à minuit, pour couvrir les fuseaux horaires.
Les vidéos de 5 minutes ont été plébiscitées
Au début, la communauté a été dubitative, mais les retours de l’expérience utilisateur ont été excellents. Les vidéos de 5 minutes ont été plébiscitées. Elles ont été jugées plus impactantes qu’un pitch d’une minute qui sert le plus souvent un discours commercial pour attirer du monde dans sa conférence. En effet, 5 minutes de vidéo, avec des slides synchronisées, permettent d’avoir du vrai contenu scientifique, que chacun peut consulter autant de fois qu’il le souhaite et à son rythme.
Le français Yann LeCun président de la conférence
2020 ICLR Officers and Board Members
• Président : Yann LeCun - New York University & Facebook AI Research
• Secrétaire général : Hugo LaRochelle - Google Brain
• Trésorier : Yoshua Bengio - Université of Montreal & MILA
• Membres du board
- Aaron Courville - Université de Montreal & Mila
- Alexander M Rush - Cornell University
- Raia Hadsell - DeepMind
- Samy Bengio - Google Brain
- Tara Sainath - Google AI
Le site permettait aussi d’avoir une visualisation globale de tous les papiers et il était possible de les regrouper par mots clefs, ce qui facilite le travail de bibliographie des jeunes chercheurs.
La salle de visioconférence était plus clairsemée, mais permettait des échanges longs et soutenus avec les auteurs de la publication et a donc été très appréciée.
Les conférenciers invités mettaient à disposition leurs présentations 24 h à l’avance, ce qui n’est jamais le cas habituellement. Du coup, les chercheurs pouvaient préparer des questions. La salle de discussion était ouverte sans limitation de durée. Ne plus être contraint par le temps comme dans le monde physique où il faut libérer la salle a permis de séances de questions-réponses durant parfois une heure, d’où un véritable gain scientifique.
Quels sont les inconvénients ?
Il est plus difficile de trouver les ténors de la communauté dans le monde virtuel que dans le monde physique.
Et il y a moins de sérendipité. Comment recréer cette chance qui fait que l’on croise une personne, qui nous en présente une autre, en compagnie d’un troisième qui se révèle fortuitement du plus grand intérêt pour notre recherche ?
Il sera intéressant d’analyser comment les participants ont navigué d’une salle à l’autre et je suis certaine que des solutions seront trouvées pour améliorer la fluidité du networking.