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Sortir des sentiers battus pour créer des ressources destinées aux doctorants

Par Marine Dessaux | Le | Doctorat

Après son doctorat, Sophie Leclère a créé le blog « What Sup » où elle raconte son expérience de la thèse. Une ressource qui lui a ouvert les portes de l’université en tant que chargée de valorisation du doctorat. Aujourd’hui, c’est donc avec ce regard de personnelle administrative qu’elle écrit une newsletter bimensuelle. Au cœur de ses articles et sa veille : dénicher des ressources pour les doctorants.

Bien qu’elle travaille dans une université, Sophie Leclère gère What Sup sur son temps personnel. - © Sophie Leclère
Bien qu’elle travaille dans une université, Sophie Leclère gère What Sup sur son temps personnel. - © Sophie Leclère

« Certains disent qu’il faut un village pour élever un enfant, il en faut un également pour former un doctorant ! », sourit Sophie Leclère. Cette chargée de coordination administrative et valorisation du doctorat à l’Université Catholique de Louvain présentait, lors d’un atelier du colloque annuel du Conseil pour la formation doctorale de l’Association européenne des universités le 16 juin 2023, les outils qui sortent des sentiers battus de la communication institutionnelle.

Des ressources alternatives qu’elle a participé à produire en lançant, après son doctorat, le blog « What Sup ». D’abord dédiés à parler de son expérience de thèse, ses contenus ont évolué au fil de son parcours, intégrant aujourd’hui son expérience de personnelle administrative accompagnant les doctorants.

Un partage d’expérience qui ouvre des portes et peut s’étendre au-delà du doctorat

Contrairement à d’autres créateurs de contenus qui documentent leur doctorat en temps réel, Sophie Leclère attend d’avoir passé sa soutenance pour se lancer en octobre 2018 afin d’« avoir du recul et de voir ce qui résonnait ».

Elle rejoint ainsi la grande famille des créateurs de contenus sur le doctorat, déjà active au niveau de la francophonie — en France ou au Québec — mais plus rare en Belgique francophone.

« Il n’existait pas de blog comme j’avais envie de créer en Fédération Wallonie-Bruxelles. Or, selon les pays, le fonctionnement du doctorat diffère, les financements ne sont pas les mêmes non plus », témoigne-t-elle.

Elle crée ce blog « avec l’idée de travailler à l’université ». Alors gestionnaire du programme Erasmus+ à l’agence francophone pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, elle se rend compte que le contact direct avec l’enseignement supérieur lui manque.

Sophie Leclère décide d’utiliser What Sup comme un outil pour rencontrer les personnes actives dans le domaine du doctorat : « Vice-recteur de recherche, bailleur de fonds… j’écrivais des articles sur eux, sur leur travail. Cela me permettait aussi de me faire connaître. »

Les coulisses du quotidien de personnelle administrative du doctorat

Le pari fonctionne puisqu’en avril 2019, elle décroche un poste actuel à l’Université Catholique de Louvain (UC Louvain). Elle continue à écrire sur son temps personnel, car le ton du blog, plus informel, ne se prête pas à de la communication institutionnelle et parce qu’elle y mêle également des éléments de son expérience personnelle. « Je continuais à l’utiliser pour partager ce qui était créé autour du doctorat, des ressources faites en interne ou dont je prends connaissance en partie grâce à la veille que j’effectue dans mon travail. »

Sophie Leclère est chargée de coordination administrative et valorisation du doctorat à l’UC Louvain. - © D.R.
Sophie Leclère est chargée de coordination administrative et valorisation du doctorat à l’UC Louvain. - © D.R.

Elle fait aussi évoluer son point de vue : « Je suis moins à l’aise pour parler d’expérience doctorale comme je ne suis plus dedans, j’observe de l’autre côté du miroir. »

Elle partage donc sur sa nouvelle fonction et son regard de personne de soutien, une façon de donner à voir une des perspectives professionnelles pour les doctorants et d’expliquer les dessous administratifs de l’expérience de thèse. « Un parcours doctoral, c’est aussi de l’administratif et des gens derrière cette gestion. Je veux aussi montrer que si on leur court après, ce n’est pas pour les embêter ! », raconte-t-elle.

What Sup étant plutôt bien identifié dans le milieu du doctorat en Belgique, il arrive à Sophie Leclère d’être reconnue pendant son travail à l’université ou de recevoir des mails au sujet de ses articles sur son adresse universitaire plutôt que sur celle du blog. Car ses missions consistent plutôt à coordonner tous les aspects liés au doctorat pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. La communication y est plus marginale.

Un nouveau format newsletter

Alors qu’il lui devient difficile de jongler entre ces deux activités, elle décide en février 2023 de se concentrer sur un format plus court : une newsletter bimensuelle qui résume des articles et met en avant des ressources. « Je publiais très régulièrement au début puis c’est devenu de plus en plus espacé. Après la naissance de mon fils, je n’avais pas envie de laisser tomber, donc j’ai opté pour le format newsletter plus rapide à faire », rapporte-t-elle.

Un nouveau média qui plaît d’ailleurs plus particulièrement aux personnels en charge du doctorat : « Mes collègues par exemple sont plus nombreux à être inscrits que les doctorants déjà saturés d’informations. Je suis dans une période de transition entre le blog et la newsletter avec pour l’instant 200 vues et 91 inscrits. »

Quels sont les contenus qui fonctionnent le mieux ?

Sur What Sup, les article sur l’abandon de la thèse et la parentalité sont parmi les plus lus. « Les questions autour de la santé mentale sont centrales de la réalité de la recherche aujourd’hui », souligne Sophie Leclère.

Son regard sur les ressources qui changent pour les doctorants

Avec la veille qu’elle effectue et son expérience de créatrice de contenu pour le doctorat, Sophie Leclère liste plusieurs types ressources qui peuvent inspirer les doctorants et écoles doctorales.

« Il n’a jamais été aussi simple de partager de l’information. Les ressources et les supports pour communiquer auprès des doctorants sont multiples : groupes LinkedIn, newsletter, bande dessinée… », expose Sophie Leclère.

Les doctorants sont friands de conseils désormais proposés dans une multitude de formats. À commencer par la vidéo. C’est un type de contenu que propose l’Université de Strasbourg avec « Assieds-toi et écris ta thèse ». Les thématiques simples font mouche, jusqu’à expliquer « Comment ranger son bureau ? ». La série de vidéos YouTube dédiée au doctorat de l’Université de Namur, en Belgique, est « une initiative individuelle soutenue par l’établissement », explique-t-elle.

GuiHome est un youtubeur humoriste mis à contribution par l’Université de Mons pour parler du doctorat ! - © GuiHome (CaptureYT)
GuiHome est un youtubeur humoriste mis à contribution par l’Université de Mons pour parler du doctorat ! - © GuiHome (CaptureYT)

L’humour est un moyen d’accrocher les gens, observe Sophie Leclère. C’est là-dessus qu’a misé l’Université de Mons en invitant le youtubeur GuiHome à parler du doctorat, avec plus ou moins de succès : la première vidéo de mars 2021 compte plus de 100 000 vues et la seconde moins de 2 000 à trois mois de sa sortie.

Au-delà de la vidéo : podcast, webinaires, blogs…

D’autres formats se prêtent également bien au sujet comme les blogs, les webinaires ou les podcasts. L’agence de conseil pour les chercheurs, Tress academic, dispense des conseils gratuitement et en profite pour faire connaître ses solutions. 

En France, « Thésard-es » est un podcast de deux docteures, Jeanne Pierrier et Marianne Le Gagneur, racontant l’expérience des thèses Cifre, devenu un endroit de partage d’informations plus générales, mais aussi une communauté pour lutter contre l’isolement.

Parmi les ressources audio, le podcast populaire « Bien dans ma thèse », proposé par Mathilde Maillard est complété d’un forum sur le réseau social Discord où les doctorants se retrouvent pour échanger. Pour les anglophones, le podcast « PapaPHD », réalisé par le Canadien David Mendes, compte plus de 250 épisodes !

« Le partage d’expérience par podcast fonctionne bien : c’est simple et réalisable partout », recommande Sophie Leclère.