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L’organisation et le management des services Tice et audiovisuel en débat

Par Isabelle Cormaty | Le | Management

Organisation des services d’appui à la pédagogie, audiovisuel et Tice, management des équipes, évolution de carrière des personnels et lien avec les autres structures de l’université… Autant d’éléments abordés aux journées nationales de l’Anstia qui ont eu lieu fin novembre à Toulouse.

Le référentiel des emplois types, Referens, n’est plus à jour, estiment certains personnels Tice. - © CPU/Université d’Angers
Le référentiel des emplois types, Referens, n’est plus à jour, estiment certains personnels Tice. - © CPU/Université d’Angers

« Regards croisés sur nos métiers », tel était le thème d’une table ronde organisée lors des journées nationales de l’Association nationale des services Tice et audiovisuels de l’enseignement supérieur et de la recherche (Anstia), qui se sont déroulées du 24 au 26 novembre à l'Université Toulouse Jean Jaurès. Quels sont les enjeux carrières qui préoccupent ces personnels ? Synthèse.

Des enjeux RH au cœur des questionnements

Quelle organisation des services Tice et audiovisuel ?

« Qui êtes-vous ? Qu’attend-on de vos services ? Quels sont vos clients ? Une fois ces questions posées, on se demande en tant que direction générale des services (DGS) quelles seraient les structures idéales pour organiser vos services. Avec ou sans la direction des systèmes d’information (DSI) ? Quid de la relation composante - niveau central ? », énumère Cécile Chicoye, consultante pour l’ADGS, l’association regroupant les directeurs généraux des services.

Benoit Roques, responsable du service des usages numériques à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne rappelle lui l’importance de la dénomination des services : « C’est à travers ces quelques mots qui définissent nos services que se construit la représentation qu’en ont nos enseignants bénéficiaires », souligne-t-il. 

Quel management des personnes recrutées sur projet ?

Cécile Chicoye est consultante pour l’ADGS. - © D.R.
Cécile Chicoye est consultante pour l’ADGS. - © D.R.

D’après une étude menée par l’Anstia en 2021, les contractuels représentent la moitié des professionnels des services d’appui à la pédagogie, Tice et audiovisuels dans l’enseignement supérieur. Et les trois-quarts des contractuels sont recrutés sur projet, ce qui amène les organisations à interroger le management de ces équipes au fort turn over…

« Soit vous excluez les équipes projet des services permanents, mais il n’y a pas de lien entre ces personnes. Soit, j’ai vu des établissements intégrer les personnels recrutés sur projets aux équipes existantes, souvent mal dotées. Mais les personnels projets étaient parfois plus nombreux que les titulaires et le chef de projet n’était pas le chef de service », décrit Cécile Chicoye pour résumer ce dilemme.

Referens, une grille dépassée ?

Le référentiel des emplois types, Referens a également été au cœur des débats lors des journées nationales de l’Anstia. Aux yeux de certains, il n’est plus en adéquation avec l’évolution des métiers et des missions depuis la crise sanitaire. Devant la multiplication des intitulés de postes, la présidente de l’association Sophie Guichard a notamment conseillé aux personnels de prêter attention à l’intitulé de leur fonction lors de la signature de leur contrat. La présence d’un intitulé Referens favorise en effet la reconnaissance des missions effectuées pour l’avancement de carrière.

Faut-il externaliser certaines activités ?

Cécile Chicoye, elle-même ancienne directrice générale des services de Toulouse 1 Capitole, s’interroge sur l’externalisation de certaines activités pour des besoins ponctuels. Elle cite notamment l’exemple de colloques enregistrés par les services de l’université à la demande des enseignants-chercheurs, mais non exploités par la suite.

« Dans mon ancien établissement, nous avons mis en place des processus avec certaines captations réalisées en externe. Ce qui ne remet pas en cause les compétences internes. Mais il faut accepter de se poser la question », insiste-t-elle. 

Quelle stratégie numérique dans les universités ?

La crise a mis en lumière ces métiers

Situation paradoxale, la crise sanitaire a mis un coup de projecteur sur les professionnels de l’ingénierie pédagogique, sans pour autant s’accompagner d’une meilleure valorisation de ces métiers du point de vue RH. « La crise sanitaire a mis en valeur certaines dimensions de vos métiers, mais je ne suis pas sûre qu’elle ait mis en lumière les aspects qui auraient été souhaitables », constate l’ancienne DGS de l'Université Toulouse 1 Capitole.

La conduite de changement, un processus long

Ronan Tournier est membre du bureau de l’association des VP-Num. - © D.R.
Ronan Tournier est membre du bureau de l’association des VP-Num. - © D.R.

« On en est toujours à parler d’expérimentation aujourd’hui, à se demander comment parler aux enseignants-chercheurs. Je trouve cela consternant qu’au bout de 30 ans, on en soit toujours à se poser ces questions-là », regrette la consultante de l’ADGS, Cécile Chicoye.

Si la crise a levé de nombreux freins et servi d’accélérateur à la bascule numérique, Ronan Tournier, membre du bureau de l’association des VP-Num et ancien VP de Toulouse 1, rappelle que la conduite de changement prend du temps et nécessite de déconstruire des habitudes ancrées.

« Je suis arrivé à l’université sans savoir enseigner à une époque où il y avait très peu de pédagogues pour nous aider. Tous mes collègues se fabriquaient leur propre méthode d’enseignement et la gardait toute leur carrière. Ce n’est pas évident de changer des pratiques ancrées depuis plus de dix, vingt voire trente ans. Maintenant les jeunes enseignants-chercheurs ont des formations, mais pas les autres, ou il faut qu’ils le demandent », souligne Ronan Tournier.