Vie des campus

Découvrez les enjeux et penseurs du management à travers un musée universitaire

Par Anna Volfinger | Le | Expérience étudiante

L’Université Paris Dauphine-PSL a ouvert, le 2 juillet 2024, un musée sur une thématique plutôt rare pour un musée universitaire : le management. Il aborde les questions et enjeux qui ont traversé cette discipline et qui l’animent toujours. Au programme : des projections de films pour illustrer les dérives du management et des objets anciens.

L’Université Paris Dauphine- PSL abrite désormais un musée du management. - © Campus Matin
L’Université Paris Dauphine- PSL abrite désormais un musée du management. - © Campus Matin

Campus Matin vous invite à découvrir le musée du management. Un objet universitaire original situé au sein du campus de l’Université Paris Dauphine— PSL. Pour y accéder, il faut suivre les étudiants et emprunter l’entrée du bâtiment principal sur la Place du Maréchal de Lattre de Tassigny à Paris.

L’espace d’environ 140 mètres carrés répartis sur deux pièces, dont une aménagée pour faire salle de cinéma, retrace l’évolution du management dans le temps.

Un musée en itinérance avant 2024

La particularité de ce musée est d’avoir existé, entre 2018 et 2024, sous une forme nomade. Sa collection a notamment été exposée en 2020 à la conférence académique de l’Association internationale de management stratégique à Annecy, dans des sociétés savantes et même au sein d’une mairie. Mais les collections ont toujours été stockées à l’Université Paris Dauphine— PSL, son port d’attache.

Sébastian Damart est un membre de l'équipe pilote conceptrice du musée du management. - © News Tank
Sébastian Damart est un membre de l'équipe pilote conceptrice du musée du management. - © News Tank

«  En plein Paris, il n’est pas simple d’obtenir des salles dédiées. La gouvernance de l’université nous a donné cette opportunité-là  », retrace Sébastien Damart, enseignant-chercheur en management à l’Université Paris Dauphine-PSL.

De la rationalisation de l’organisation du travail à ses dérives

Le musée a été conçu comme un parcours autour de six axes  : rationalisation, responsabilité, contrôle, professionnalisation, alternatives et déviances. Ces thématiques structurent l’expérience et le cheminement du visiteur. Les sections ont été pensées de façon à se répondre entre elles, se compléter et se nuancer.

Dans la section déviance, par exemple, est exposé un boomerang qui symbolise les injonctions paradoxales subies par les salariés et des tests de personnalité qui rassurent les salariés et les étudiants… tout en les enfermant.

« Il ne faut pas voir que le côté sombre du management, précise Sonia Adam-Ledunois, professeure en sciences du management. Le but de ce musée est aussi de montrer que les grands principes fondateurs du management persistent encore aujourd’hui.  »

Pédagogie et rencontres

Depuis l’acquisition de locaux permanents au sein de l’Université Paris Dauphine— PSL, le premier objectif, selon Sébastian Damart, est de faire de ce musée un outil pédagogique.

« Nous avons beaucoup d’étudiants ici que nous allons faire passer dans le cadre de différents cours, en licence particulièrement, mais pas uniquement  », déclare-t-il.

Pour l’instant seuls les étudiants de l’Université Paris Dauphine-PSL peuvent en profiter dans le cadre des cours, mais à terme d’autres étudiants et élèves devraient pouvoir s’y rendre. «  Il y a vrai enjeu sur les lycées techniques parce que les élèves vivent rapidement des situations de management pendant leurs apprentissages », rajoute Sonia Adam-Ledunois.

La seconde salle du musée est aménagée pour accueillir des conférences, ateliers et formations pour les entreprises. Le musée pourra ainsi animer les relations de l’université avec le monde socio-économique.

Une salle de cinéma diffuse des films à l’instar du Parrain de Francis Fort Coppola. - © Campus Matin
Une salle de cinéma diffuse des films à l’instar du Parrain de Francis Fort Coppola. - © Campus Matin

Les objets et les contributeurs représentatifs de l’histoire du management

Le musée compte beaucoup d’archives anglo-saxonnes «  car les Américains et les Anglais sont les premiers à avoir parlé de management et à avoir cette idée de systématiser et de rationaliser l’utilisation des ressources  », précise Sébastien Damart.

Chaque objet est associé à une section du musée et permet d’en savoir plus sur l’histoire du management, mais aussi sur les inventeurs de ces objets et les grands penseurs du management.

Des objets rares et anciens

Un extrait du cours de management avancé de General Electric. - © Campus Matin
Un extrait du cours de management avancé de General Electric. - © Campus Matin

Parmi tous les objets, Sébastien Damart s’arrête plus longuement sur les documents de General Electric qui sont plutôt rares. Ils datent des années 1940-1950 et décrivent les points clés à enseigner afin que General Electric devienne l’entreprise la mieux managée. «  À la fin des années 1940, former un manager est quelque chose d’extraterrestre  », raconte Sébastien Damart.

Au milieu de la première pièce se trouve un objet original  : l’un des premiers modèles de pointeuse, inventée par Alexander Dey en 1888. Cet objet de contrôle sert à évaluer le temps que passe un ouvrier sur le lieu de production. « L’entreprise qui a fabriqué cet outil s’appelait la CTR compagnie, il s’agit de l’ancêtre d’International Business Machine (IBM). Aujourd’hui, l’équivalent serait les badges et les portiques à l’entrée des entreprises », précise Sébastien Damart.

Il y a également des documents reconnaissables par les étudiants qui ont déjà fait de la gestion de projet tel que le diagramme de Gantt, qui permet de visualiser les diverses tâches d’un projet.

Mettre les manageuses en lumière

Si beaucoup de notions de management viennent des ingénieurs anglo-saxons, des femmes ont aussi contribué à l’avancée de la discipline. C’est notamment le cas de Mary Parker Follett qui est mise en avant par le musée.

«  Elle est intéressante parce que, dans les années 1920, c’est une des premières à avoir parlé de leadership d’une façon qui était totalement singulière. Elle a imaginé que le leadership n’était pas quelque chose lié à un homme à un collectif », explique Sébastian Damart

 Il cite également Lillian Gilbreth qui est une des premières psychologues du travail. « Elle a été une vraie pionnière sur la question notamment de la fatigue et sur les comportements développés dans des situations de stress industriels  ».

Des visites ouvertes au public

Le musée est ouvert au grand public, pour y accéder il faut réserver en ligne. Pour l’instant, les visites sont effectuées par les quatre membres fondateurs du musée. Mais leur objectif est de transmettre leur connaissance pour pouvoir développer davantage les visites, afin d’ouvrir plus encore la science à la société.