Des ateliers de cuisine pour aider les étudiants à bien manger malgré un budget serré
Sur ses campus de Lorient et Vannes, l’Université Bretagne Sud mise sur des ateliers de cuisine pour sensibiliser ses étudiants à une alimentation équilibrée et petit budget. Un projet en collaboration avec une association locale.

Comment aider les étudiants à manger sainement ? C’est la problématique à laquelle répond l’initiative menée par le pôle social et handicap et le service de santé des étudiants (SSE) de l’Université Bretagne Sud (UBS) en organisant des ateliers culinaires.
« Nous nous sommes aperçus que les étudiants sautaient leurs repas pour plusieurs raisons : manque de temps, de moyens financiers, d’équipements de cuisine… Nous avons demandé à l’association Optim’ism, qui est présente sur le territoire de Lorient, d’intervenir auprès des étudiants. Nous avons donc mis en place des ateliers pour leur permettre de cuisiner de manière équilibrée dans ces conditions », explique Nolwenn Nicolle Perron, infirmière à l’UBS.
Gilles Gasselin, directeur du pôle social handicap de l’établissement, ajoute : « À l’Université Bretagne Sud, nous n’avons pas de restaurant universitaire le soir : il faut donc que les étudiants puissent préparer leurs repas chez eux. »
Des ateliers de passage et d’autres plus approfondis
Ces ateliers existent sous deux formats complémentaires. D’un côté, les « ateliers de passage » permettent aux étudiants de s’arrêter quelques minutes pour observer, participer et déguster. Organisées directement dans le hall des composantes (faculté des lettres et sciences humaines, école d’ingénieurs…), ces sessions sont pensées pour être accessibles à tous et rapides.
« À Lorient, nous avons organisé six ateliers cette année. L’idée est que les étudiants s’arrêtent quelques minutes et réalisent des préparations très rapides, qui sont en partie commencées à l’avance. L’objectif est aussi de donner des idées anti-gaspillage », précise Nolwenn Nicolle Perron.
Les étudiants peuvent ainsi goûter les créations sur place et s’inscrire pour un atelier plus approfondi, où ils prépareront un repas complet. Ce second format, plus immersif, consiste en de véritables ateliers culinaires réunissant une dizaine d’étudiants, qui cuisinent ensemble dans des lieux variés : cafétéria universitaire, salle de classe, tiers lieu…

L’opportunité de faire de la prévention
Les ateliers de passage sont aussi l’opportunité de sensibiliser les étudiants. « J’utilisais des photos d’aliments, en m’appuyant sur le Plan national nutrition santé, pour partir des habitudes alimentaires des étudiants et leur demander ce qu’il faudrait augmenter ou réduire. Ils pouvaient ensuite prendre en photo leurs recommandations personnalisées », ajoute l’infirmière.
Des assistants sociaux étaient également présents. « Ils discutaient avec les étudiants, ce qui permet d’identifier certains besoins liés à l’alimentation. Notre rôle est aussi de les accompagner dans l’accès aux droits : nous pouvons les orienter vers un rendez-vous à l’université, vers une épicerie solidaire, les Restos du cœur ou encore le Solidaribus, qui se rend régulièrement sur les campus », rapporte Gilles Gasselin.
Il souligne la complémentarité avec d’autres dispositifs d’aide alimentaire : « Certains étudiants ne prenaient pas leurs paniers-repas ou finissaient par en jeter une partie, faute de savoir comment les cuisiner. Il y a donc aussi un enjeu de découverte du goût et d’éducation à l’achat de produits de saison », insiste-t-il.
Quels financements ?
À Lorient, Optim’ism est soutenue par la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) et bénéficie de fonds via le réseau national Cocagne. À Vannes, c’est l’université qui soutient financièrement ces actions.
« L’association a une vocation sociale et environnementale, avec l’ambition que l’alimentation de qualité soit accessible à tous. L’objectif est aussi de proposer des espaces conviviaux pour échanger et partager des astuces », souligne Marianne Loubier, responsable animation de l’association Optim’ism.
Des étudiants convaincus

Lors des ateliers de passage, les participants pouvaient partager leur retour d’expérience via un QR code. « Certains se sont rendu compte qu’ils aimaient finalement les légumes, d’autres ont découvert de nouvelles recettes », sourit Nolwenn Nicolle Perron.
Dans leurs retours les participants ont souligné la découverte d’astuces pratiques, comme la préparation de menu sur mangerbouger.fr, le fonctionnement du Nutri-Score, l’importance de consommer des produits complets, mais aussi de recettes variées et accessibles : « la soupe aux pommes de terre et panais, la mousse au chocolat et pois chiche » ou encore « comment plier un rouleau de printemps ». Une initiative instructive, ludique et conviviale, selon des participants.
Un projet qui s’étend à d’autres campus
Menés depuis 2022 à Lorient, les ateliers culinaires sont destinés à se poursuivre. L’université a même intégré cette dynamique dans ses projets pédagogiques. « La première année, nous avons travaillé avec des étudiants d’une licence en économie et développement durable sur un guide de l’alimentation durable », raconte-t-il.
L’expérimentation s’est étendue au campus de Vannes pour l’année 2024-2025 avec deux ateliers de passage organisés à la faculté des sciences et à l’institut universitaire de technologie (IUT). « Nous sommes encore en phase de rodage, Optim’ism n’intervenant que sur Lorient, nous travaillons avec l’association qui distribue des paniers alimentaires Rebom. Il y a encore des calages à faire en termes de proactivité envers les étudiants et des questions liées à la configuration des locaux », précise Gilles Gasselin. Une initiative qui pourrait inspirer d’autres universités ?