FNCAS : « L’action sociale est un facteur d’attractivité et de fidélisation »
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
Elle met son expertise au service des établissements : la Fédération responsabilité sociétale et conseil en action sociale pour l’enseignement supérieur et la recherche (FNCAS) accompagne les projets qui mettent au cœur le bien-être des personnels et, plus largement, de la communauté universitaire. Chantiers en cours et à venir.
Mettre à disposition une assistante sociale ; proposer des aides pour la restauration, le logement; accompagner les familles, mais aussi promouvoir l’accès à la culture, au sport et aux loisirs… Autant d’initiatives relevant de l’action sociale dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Un sujet transverse qui recouvre les sujets de qualité de vie au travail, de responsabilité sociétale ou encore de développement durable. Dans le supérieur, la Fédération responsabilité sociétale et conseil en action sociale pour l’enseignement supérieur et la recherche (FNCAS) fait figure de référence sur la question.
Joël Guervenou, président de l’association et maître de conférences de l’Université de Bretagne occidentale, et Cyril Garnier, son premier vice-président et professeur des universités à l’Université Polytechnique des Hauts-de-France répondent à Campus Matin.
Qu’est-ce que la FNCAS ?
Joël Guervenou : Née en 1976, FNCAS est une association qui conseille et accompagne les établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans leurs projets de responsabilité sociétale et d’action sociale. Son bureau compte six membres et un conseil d’administration de quatre personnes, tous sont issus d’universités françaises. Cyril Garnier et moi travaillons à temps plein pour l’association (mise à disposition par conventions entre la FNCAS et nos établissements respectifs).
Créée avec la volonté d’aider les établissements à aller plus loin dans les initiatives sociales et sociétales, FNCAS a beaucoup travaillé avec les établissements au moment de l’accession aux Responsabilités et compétences élargies (RCE), entérinées par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) de 2007.
L’association s’est très vite intéressée à un spectre plus large que l’action sociale restreinte au sens de prestation, pour s’ouvrir à la notion d’environnement social au travail. Rapidement ceci a inclus les enjeux de responsabilité sociétale des universités (RSU) et de transition écologique, rappelant qu’un établissement, c’est un aussi un territoire. De même, l’action de la FNCAS ne se restreint plus aux personnels, mais s’étend à l’ensemble de la communauté universitaire.
Quelles sont vos activités ?
Joël Guervenou : Par son activité historique d’expertise-conseil en aide sociale et en action sociale, la FNCAS est référente pour les sujets d’action sociale notamment auprès de France Universités, de l’Agence de mutualisation des universités et des établissements (Amue) et du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Nous sommes proches de nombreux réseaux et associations, dont certains (Vécu, VP-Trees et Sup’DRH) sont représentés au sein du conseil d’administration de la FNCAS. Un accord-cadre a d’ailleurs été signé entre l’association Sup’DRH et FNCAS.
Dans la vie de la fédération, nous avons deux grands moments annuels : un colloque national, voulu comme un moment de réflexion collective, le prochain aura lieu le 12 juin 2024 à Paris sur un thème en lien avec le mieux commun. Et des ateliers d’automne, plus proches des problématiques de terrain, qui se tiennent le 24 novembre prochain dans les locaux d’Aix Marseille Université. Nous organisons également régulièrement des webinaires.
Nous comptons, en 2022, 50 établissements membres cotisants, soit environ 40 % des établissements d’ESR, mais rassemblant plus de 70 % des personnels au niveau national, traduisant la présence des plus grands établissements à nos côtés.
Concrètement, quels accompagnements passés et à venir ?
Joël Guervenou : Dans un monde de l’ESR qui se penche de plus en plus sur les thématiques du développement durable et de la responsabilité sociétale, nous avons travaillé avec des établissements sur leurs schémas directeurs DD&RSE, avant même qu’ils deviennent obligatoires, et que dès 2012 notre colloque national avait pour sujet les « Nouvelles responsabilités sociétales des établissements ».
Cyril Garnier : Nous avons notamment accompagné l’Université Polytechnique Hauts-de-France dans sa réflexion et production d’ un schéma directeur DD&RSE , ainsi que l’Université de Bordeaux, pour son schéma directeur de l’offre sociale, faisant écho à la feuille de route des transitions de cet établissement.
Avec l’Université de La Réunion, dans le cadre de la construction d’un schéma directeur qualité de vie et responsabilité sociétale nous travaillons à faire entrer en cohérence la politique de l’établissement avec l’offre et la création d’actions sociales à destination des personnels. Nous sommes en discussion avec d’autres établissements pour les accompagner avant l’échéance actuellement fixée à décembre 2024 dans la construction de schémas directeurs DD&RSE.
Les établissements s’adressent souvent à nous dans la recherche d’un fonctionnement transversal. Dans ce cadre, nous n’hésitons pas à rappeler la notion d’université sur un territoire : pertinent tant pour les enjeux sociétaux, que de biodiversité et de mobilité sur le territoire.
Nous avons récemment été interpellés pour du conseil sur la formation des personnels aux notions de transition écologique et développement soutenable, faisant écho aux discours de Bordeaux de la ministre Sylvie Retailleau en octobre 2022. Ce type d’accompagnement fait l’objet de conventionnements pluriannuels.
En quoi consiste votre éclairage ?
Joël Guervenou : Nous sommes dans une posture d’expertise-conseil. Nous travaillons avec la gouvernance qui porte le projet, et avec qui nous parlons beaucoup des valeurs portées par l’établissement. Puis nous interrogeons à divers niveaux sur les besoins, via des ateliers de réflexion par exemple.
Lister ce qui permettra au schéma directeur d’avancer.
En coconstruction avec l’établissement, nous allons ensuite lister ce qui permettra au schéma directeur d’avancer. Puis nous faisons en sorte de revenir pour voir si les choses ont effectivement avancé et, si c’est le cas, de retourner vers les gens qui ont contribué aux réflexions pour leur montrer ce qui a été mis en place. Cela permet d’avoir un effet « boule de neige » et d’impliquer encore plus de personnes dans ces sujets.
Cyril Garnier : Nous souhaitons vraiment sortir du catalogue de bonnes intentions. Nous accompagnons les réflexions, mais sommes aussi dans l’action : en proposant des formations, par exemple, sur notre cœur de métier et son importance.
Vous avez créé en 2022 un « Prix pour le mieux commun » avec la Maif, pourquoi ?
Cyril Garnier : L’humain doit être au cœur des préoccupations : nous œuvrons pour la réussite de tous, étudiants comme personnels. Le prix pour le mieux commun récompense les initiatives des établissements allant dans ce sens.
Beaucoup projets qui s’inscrivent plus dans les tendances actuelles
Joël Guervenou : Pour la première édition en 2022, nous avons reçu six dossiers contre 20 pour la deuxième édition en 2023 !
Parmi les initiatives distinguées : le service pour le respect et l’égalité à Aix Marseille Université, le projet Falemoe — un appartement à disposition des étudiants victimes de VSS — à l’Université de Nouvelle-Calédonie, un service de santé et de prévention à l’Université PSL… Nous recevons également beaucoup projets qui s’inscrivent plus dans les tendances actuelles, comme, entre autres exemples, les distributions de protections périodiques. Ce prix porté par FNCAS et la Maif est le reflet du fort partenariat qui lie nos deux organisations.
Travailler à cette notion de mieux commun fait écho aux objectifs de développement durable (ODD), particulièrement l’ODD 17 ainsi qu’à l’ODD 3. Cela correspond d’ailleurs aux valeurs du développement durable tel qu’il a été pensé par l’ancienne première ministre de Norvège, Gro Harlem Brundtland : le pilier social est fondateur de ce mouvement.
Quel est le rôle de la gouvernance dans la politique d’action sociale ?
Des personnels qui ont besoin de reconnaissance.
Joël Guervenou : Il faut que celui qui gouverne donne la ligne. Pour les schémas directeurs notamment, s’il n’y a pas de leadership, cela ne fonctionne pas. Nous rappelons sans cesse que l’humain doit être au cœur du dispositif, qu’une université n’est pas constituée que d’étudiants, mais aussi de personnels qui ont besoin de reconnaissance. Si le président ou la présidente, le directeur, l’administrateur en est convaincu, alors les choses avancent.
Quelles sont les problématiques propres aux gestionnaires d’action sociale ?
Joël Guervenou : L’organisation du temps n’est pas toujours simple pour les gestionnaires de prestations d’action sociale. Certains sont sur plusieurs sujets en parallèle : les accidents du travail, le handicap ou le traitement des dossiers retraite par exemple.
Autre problématique : la communication. Les établissements proposent des prestations que les personnels ne connaissent pas toujours. Nous sommes tous sollicités au quotidien par beaucoup d’informations et les services d’action sociale sont souvent un peu timides en ne communiquant que trop peu (parfois une ou deux fois par an). Ce n’est pas suffisant pour permettre aux personnels de s’emparer de ce qui existe.
Parfois, il faut savoir passer par des méthodes détournées, profiter de vendre des tickets de cinéma pour faire connaître les prestations, par exemple.
Nourrir la marque employeur.
Cyril Garnier : L’action sociale se fait sur barème social, une difficulté réside donc dans la connaissance du public. Il peut être difficile de se projeter sur les besoins de l’action sociale et, pour cela, il est important de faire entrer en résonnance les actions, les besoins et ce qu’est l’établissement (sa stratégie, ce qui fait que son offre peut devenir unique). Cela peut d’ailleurs nourrir la marque employeur.
Joël Guervenou : Nous travaillons avec Sup’DRH sur cette notion de marque employeur : l’action sociale est clairement un facteur d’attractivité, et de fidélisation. De plus, si lors du offboarding (NDLR : changement d’employeur ou départ à la retraite), les personnes ont eu affaire à un établissement qui s’occupait bien d’eux, elles feront autant d’ambassadeurs de cet établissement !
Un référentiel du gestionnaire de l’action sociale encore inexistant
« Il n’y a toujours pas de référentiel du gestionnaire de prestations d’action sociale dans Referens. Nous avions travaillé sur une fiche de poste en 2019, lors de nos ateliers d’automne, mais qui n’a pas encore aboutie, par faute de ne pas avoir trouvé le bon interlocuteur », indique Cyril Garnier.
Joël Guervenou complète : « En effet, instaurer le dialogue à ce niveau n’est pas toujours chose aisée, certainement en raison d’une organisation interne de notre ministère, très silotée. »
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