Vie des campus

Covid-19 : comment les universités de Lille et Angers, Mines Nancy et PSB organisent la suite ?

Par Marine Dessaux | Le | Stratégies

A défaut de revoir leurs étudiants sur les campus, universités et écoles organisent le retour de leurs personnels. Progressivement. Et préparent les examens à distance.

Comment s’y prennent les universités de Lille et d’Angers, l’école d’ingénieurs Mines Nancy et l’école de commerce Paris School of Business ?

Mines Nancy - © Raoul Gilibert
Mines Nancy - © Raoul Gilibert

Comment s’organise le déconfinement ?

A l’Université de Lille, le plan de reprise se compose de trois phases. D’abord, en mai, la remise en fonctionnement des activités. « Elle comprend notamment les étapes préparatoires suivantes : nettoyage des locaux, constitution de stock et mise à disposition de masques et de gels hydro alcooliques », précise la direction de l’Université de Lille.

Puis, en juin, la phase de transition :  « C’est une phase de priorisation des activités et d’accompagnement vers un retour à la normale des activités. Et un élargissement du travail en présentiel, avec retour progressif des agents ».

Enfin, en juillet, la phase de généralisation de la reprise d’activité qui reprend un volet dédié au retour d’expériences. « La qualité de cette démarche réflexive est importante pour pouvoir faire évoluer les modes organisationnels de l’établissement, tant en ce qui concerne le plan de reprise des activités que le fonctionnement général ». A ce stade, tous les personnels devront avoir repris leur activité en présentiel ou en télétravail.

Isabelle Richard - © D.R.
Isabelle Richard - © D.R.

« Cette semaine, la cellule de crise, le directeur général des services, les équipes administratives concernées, les agents de prévention et moi-même préparons le retour d’une partie des personnels. Il s’agit maintenant de finaliser le plan de retour en activité progressif, de déménager les bureaux pour assurer la distanciation nécessaire, de placer des distributeurs de gels hydroalcoolique à plusieurs points stratégiques, d’ajouter des affiches de prévention dans les toilettes... » explique Isabelle Richard, première vice-présidente de l’Université d’Angers, en charge du déconfinement.

Assurer la sécurité de tous via un retour progressif

Pour les personnels de l’Université de Lille, les horaires de travail seront assouplis afin d’éviter les heures de pointe dans les transports en commun.

Yves Meshaka © Mines Nancy - © D.R.
Yves Meshaka © Mines Nancy - © D.R.

Pour Yves Meshaka, directeur de la formation Ingénieur Civil des Mines de Nancy, « à présent que nous savons que nos élèves ne reviendront pas avant septembre, le déconfinement concerne principalement les équipes enseignante et administrative. Notre priorité est d’assurer la sécurité de tous via un retour progressif et la mise en place d’un protocole de sécurité dont voici certaines mesures : port du masque, reconfiguration de certains bureaux partagés pour respecter les mesures de distanciation sociale, adaptation des horaires de travail pour maîtriser le nombre de personnes présentes en même temps à l’école… Le dispositif se veut agile et sera suivi par la cellule de crise mise en place depuis mars pour s’adapter rapidement à l’évolution de la situation. »

Héger Gabteni - © D.R.
Héger Gabteni - © D.R.

A Paris, le campus de PSB (Paris School of Business) est ouvert aux collaborateurs depuis le 11 mai mais n’accueillera pas d’étudiants avant l’été conformément aux directives présidentielle et ministérielle. « L’accueil des collaborateurs se fait dans le respect des conditions sanitaires requises, à savoir mise à disposition pour chaque collaborateur de masques, gants, et de solution hydroalcoolique. Un aménagement des bureaux permet le respect de la distanciation physique » déclare Héger Gabteni, directrice académique de PSB Paris.

Qui revient, qui reste en télétravail ?

A l’Université d’Angers, « le 18 mai reviendront : les responsables d’unité, une partie du personnel administratif, les personnels du service de santé au travail mais aussi, de façon progressive, les membres des unités de recherche qui ne peuvent que travailler sur place (ce qui concerne plus particulièrement les sciences expérimentales) et, de façon ponctuelle, les membres de jury qui souhaiteraient se réunirent physiquement. Ils s’ajouteront aux 250 personnes, soit environ 10 % de nos effectifs, qui étaient déjà présents car indispensables à la continuité pédagogique et de la recherche ».

A Angers comme partout, selon les directives de l’État, le télétravail reste privilégié. Pour permettre aux équipes d’avoir accès aux scanners et autres matériels qui se trouvent sur place, la possibilité de de travailler en présentiel une ou deux demi-journées est envisagée. « Bien sûr, le télétravail intégral reste possible pour les personnes qui se jugent à risque ou qui ont des enfants ».

A Mines Nancy, Yves Meshaka note d’abord que le télétravail pour les équipes s’est très bien passé. « Nous travaillons sur plusieurs scenarii possibles avec un retour progressif des personnels au bureau et sans doute des rotations entre travail présentiel et maintien du télétravail notamment pour minimiser les risques et tenir compte des situations individuelles de nos collaborateurs. Cela dépendra bien sûr de l’évolution de la situation sanitaire et d’un certain nombre de missions prioritaires à assurer pour le recrutement de nos élèves, et la préparation des rentrées… »

Mines Nancy - © Raoul Gilibert
Mines Nancy - © Raoul Gilibert

Sur la base du volontariat

Le retour sur le campus de PSB, lui, se fait dans un premier temps sur la base du volontariat. « Notre campus étant situé en Ile-de-France, classée en zone rouge, le télétravail reste la voie privilégiée et nous adapterons le déconfinement à l’évolution de la crise sanitaire. Sont concernés tous les personnels qui sont en lien avec les publics qui auraient besoin de venir sur le campus : les attachés de promotion et le service des admissions, ainsi que nos futurs étudiants et certains de nos étudiants actuels pour des questions administratives. Les autres continuent à travailler à distance comme actuellement. »

Cours et examens en ligne

A l’Université de Lille, tous les cours en présentiel jusqu’à la fin de l’année universitaire ont été supprimés, et toutes les évaluations continues et terminales sont organisées à distance. « Nous sommes aussi très attentifs à mettre en place des dispositifs d’aide aux étudiants en difficulté (aide sociale, accès à du matériel informatique…) pour faciliter la poursuite du distance learning », selon la direction.

Concernant, les cours magistraux à distance dont parlait Frédérique Vidal, « un volet pédagogique au plan de reprise d’activité de l’Université de Lille sera présenté à la Commission Formation et Vie Universitaire, et nous mettrons tout en œuvre pour que la rentrée 2020 se déroule dans les meilleures conditions et en toute sécurité. »

Pour l’instant, toutes les évaluations ont lieu à distance avec les outils U Lille, à savoir Moodle classique pour les écrits et Big Blue Button pour les oraux, « voire par téléphone pour certains étudiants qui ont des soucis de connexions » précise Christophe Mondou vice-président à l’innovation pédagogique de l’Université de Lille. Actuellement 1 400 examens ont été collectés par la Direction de l’innovation pédagogique de l’Université de Lille.

« Le retour des étudiants, cet été, qui doivent passer des examen sera aussi limité que possible et concernera a minima les étudiants en pluripass (Paces) pour les épreuves classantes » indique Isabelle Richard, de l’Université d’Angers.

« Concernant les cours magistraux à distance annoncés pour la rentrée par Frédérique Vidal, les détails n’ont pas encore été définis. C’est une réflexion qu’on débute mais nous sommes confiants : si on a été capable de le faire en quelques jours, on doit être capable de le faire en 4 mois. Le challenge sera de monter en gamme, de proposer des maquettes scénarisées, d’avoir une organisation impeccable. Je n’ai pas encore de précisions à ce sujet mais c’est une réflexion que l’on entame. Il faut d’abord que nos équipes pédagogiques en ait fini avec les examens à distance ! » ajoute-t-elle.

Bibliothèques universitaires

LILLIAD, le learning center de l’Université de Lille, et les bibliothèques universitaires resteront fermés au public jusqu’à la rentrée. L’Université de Lille travaille aujourd’hui d’une part au maintien de services dématérialisés, notamment à travers l’accès distant aux ressources électroniques à toute la communauté étudiante, d’autre part à des modalités sécurisées de prêt des collections physiques, libre accès comme magasins type drive. Ce service devrait être déployé pour le mois de juin.

Un accès en drive à la BU de l’Université d’Angers permet aux étudiants de récupérer leurs documents après les avoir réservés en ligne. « Une attention particulière est portée aux conditions de travail des doctorants, nous souhaitons qu’ils puissent bénéficier d’un espace de travail serein. Ainsi ils pourront réserver un créneau sur un planning pour revenir travailler et consulter des documents à la BU » explique Isabelle Richard.

BU Belle-Beille - © Université d’Angers
BU Belle-Beille - © Université d’Angers

La recherche

A Lille, la majorité des unités de recherche de l’Université de Lille sont multi-tutelles, et à ce titre elles mobilisent des personnels de différents établissements. Certaines unités de recherche sont par multi-sites, et peuvent être hébergées par plusieurs établissements. « Afin de gérer dans des conditions optimales les opérations de reprise des activités, et les harmoniser dans la mesure du possible entre les personnels d’une même unité de recherche, un accord inter-établissement établissant des principes communs à 19 établissements[1] a été établi. Les établissements ont notamment convenu que la tutelle hébergeante sera opératrice du plan de reprise des activités qui est mis en œuvre à partir du 11 mai 2020 ».

Aux Mines Nancy, « comme chaque année, nous accueillons, mais cette fois début juillet les écrits du concours commun Mines-Ponts qui marquera la “réouverture” du campus pour quelques 300 candidats. Une série de mesures de protection sera mise en place, testée en amont, pour assurer la sécurité des candidats et des personnel pendant ces 3 jours d’épreuve : ajustement des emplois du temps, reconfiguration de certaines salles, dédoublement des groupes… » conclut Yves Meshaka.

Etudiants des Mines Nancy, avant le confinement… - © Raoul Gilibert
Etudiants des Mines Nancy, avant le confinement… - © Raoul Gilibert

[1] CENTRALE-LILLE, CHU, CNRS, ENSAIT, ENSAPL, FUPL-IESEG, INRAE, INRIA, INSERM, IMT-LD, IPL, ONERA, ScPo-Lille, UArtois, ULCO, UPJV, ULille, UPHF, YNCREA