Comment un CFA « dans les murs » peut développer l’alternance dans les grandes écoles
Par Gilbert Azoulay | Le | Stratégies
La loi du 5 septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » veut favoriser le développement massif de l’apprentissage. Une chance pour les grandes écoles qui peuvent désormais créer leurs propres CFA et augmenter ainsi leur nombre d’apprentis, renforcer leurs liens avec les entreprises et améliorer de manière continue cette formule pédagogique qui a largement fait ses preuves.
Explications avec Mathilde Brossier, directrice de la Marque et de l’Expérience EM Normandie.
Pourquoi, l’alternance et l’apprentissage composent-ils l’ADN de l’EM Normandie ?
Nous étions assez précurseurs il y a 20 ans, mais nous avons fortement accéléré depuis 5 ans en refondant nos programmes autour de l’alternance. Nous avons plus de 800 alternants dans notre programme grande école et demain nous n’aurons plus de limites tant que nous trouvons des entreprises d’accueil. Nous le savons bien, la professionnalisation favorise l’insertion mais présente également l’avantage de renforcer l’ouverture sociale. Sur notre population « SESAME », un quart sont alternants et ils sont les trois quarts via le concours Passerelle. Pour nous, c’est une vraie satisfaction d’accueillir des enfants de catégories sociales moins favorisées dans nos filières d’excellence.
Qu’est-ce que la création de votre propre CFA va changer pour l’école ?
Jusqu’à maintenant, nous étions soumis à la décision de la région qui nous attribuait des quotas de place. Mais depuis janvier 2020, tout organisme de formation comme nous peut créer son propre CFA et donc développer le nombre de contrats d’apprentissage sans être limité par un quota et surtout sans contraintes administratives. Du coup, aujourd’hui nous pouvons proposer à nos entreprises partenaires des apprentis sur tous nos programmes et gérons les dossiers sans intermédiaires. Nous sommes désormais plus agiles et pour les entreprises il y a un vrai intérêt économique.
C’est donc une bonne réforme ?
Absolument. La loi est favorable aux grandes écoles qui souhaitent renforcer leurs filières en apprentissage. En contrepartie, nous acceptons de nous plier à des règles de certifications très exigeantes.
Concrètement, quels sont les avantages pour une école de disposer de son propre CFA ?
Disposer d’un CFA « dans les murs » indique clairement que l’école maîtrise sa chaine de valeur pédagogique de A à Z. Nous pouvons suivre au mieux nos alternants, accompagner les entreprises dans le financement ou encore faire évoluer la pédagogie de manière agile. Ce sont de vrais atouts.
Quel est l’impact de ce changement d’organisation pour les élèves et vos partenaires ?
L’étudiant continue d’être à la fois à l’école et dans l’entreprise. Il est toujours salarié et ses frais de scolarité sont pris en charge par l’employeur. Selon moi, il pourra également disposer d’opportunités professionnelles supplémentaires. Pour les entreprises, elles dépenseront moins tout en continuant de bénéficier de vraies compétences et pourront améliorer leur sourcing de talents. Bref tout le monde est gagnant.