Vie des campus

[Vidéo] Campus Cyber, créer des vocations et fédérer en cybersécurité | JF Fiorina x Yann Bonnet

Par Marine Dessaux | Le | Stratégies

Directeur général adjoint de Grenoble École de Management, Jean-François Fiorina est un acteur et observateur des enjeux de l’enseignement supérieur. Il interviewe pour Campus Matin ceux qui façonnent cet écosystème et se trouvent au cœur de son actualité. Retrouvez ce mois-ci l’entretien vidéo de Yann Bonnet, directeur général délégué du Campus Cyber. Un « lieu totem » de la cybersécurité au niveau national, qui a ouvert ses portes en février 2022.

Seuls les Français et Européens peuvent être membres associés du Campus Cyber - © D.R.
Seuls les Français et Européens peuvent être membres associés du Campus Cyber - © D.R.

Projet imaginé par le président de la République, Emmanuel Macron, le Campus Cyber est un « lieu totem » de la cybersécurité qui vise à favoriser la formation, la recherche et la collaboration dans ce domaine.

C’est en juillet 2019 que le Premier ministre de l’époque Édouard Philippe a mandaté Michel Van Den Berghe, actuel président du Cyber Campus, pour examiner la faisabilité de ce projet.

Un travail qui a abouti en février, avec l’ouverture du campus. Interrogé par Jean-François Fiorina pour Campus Matin, son directeur général délégué, Yann Bonnet, présente les ambitions de cette institution atypique.

Une menace grandissante de cyberattaques

« Plus on utilise d’outils qui se numérisent, plus il y a de surfaces d’attaques », introduit Yann Bonnet. En effet, en France, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information observe une multiplication par quatre du nombre d’attaques par rançongiciels* entre 2019 et 2020. Une perte financière qui se chiffre à plus de 6 000 milliards d’euros.

Néanmoins, le champ des cyberattaques est plus vaste que ces seules manœuvres de chantage. « Il y a plein de risques différents avec des motivations ou des modes d’attaques divers : d’espionnage, de demande de rançon, de sabotage », indique le directeur adjoint délégué de Campus Cyber.

Il ajoute : « Face à cette menace, il y a une volonté étatique (…) de fédérer les acteurs de l’écosystème et faire rayonner l’excellence française. »

Créer des vocations, fédérer et mener des opérations de cybersécurité

Une volonté étatique qui a pris corps, en février 2022, sous la forme d’un campus de 26 000 m2 qui vise à héberger entre 1 500 et 1 800 experts en cybersécurité. Les trois axes du Campus Cyber se composent ainsi :

Talents et éducation : « En France, 15 000 postes en cybersécurité sont non pourvus et cela va augmenter. Les formations ne sont pas remplies, il y a un problème d’attractivité de ces métiers, en particulier en termes d’image. C’est un énorme enjeu de montrer que les métiers de la cybersécurité ont beaucoup de sens et qu’ils ne sont pas réservés qu’à des ingénieurs ou des matheux. Nous avons besoin de beaucoup de techniciens, de professionnels du relationnel, de la communication et d’autres profils qui maîtrisent les enjeux géopolitiques actuels. Nous avons l’idée de faire de grandes campagnes pour créer des vocations », explique Yann Bonnet.

Recherche et innovation : « Il faut être à la pointe de l’innovation pour mieux se défendre. C’est pourquoi Campys Cyber veut faciliter la création de start-up avec le ‘start-up studio’ qui coache les futurs entrepreneurs dans la création d’entreprise », précise-t-il.

Opérations : « Nous mobilisons des cyberpompiers à même d’intercepter les attaques à n’importe quel moment », illustre Yann Bonnet.

Comment intégrer Campus Cyber ?

Le campus cyber a été inauguré le 15 février. - © Campus cyber
Le campus cyber a été inauguré le 15 février. - © Campus cyber

Campus Cyber accueille des acteurs de la recherche (Inria, CNRS, Institut Mines-Télécom…), de la formation, publique comme privée, mais aussi des entreprises (des start-up aux grands groupes) et des acteurs publics. Un tiers de ses espaces a d’ailleurs été conçu pour faciliter le travail transversal.

Pour collaborer avec cette nouvelle institution, différentes possibilités :

  • Devenir membre associé et faire partie de la gouvernance du campus (réservé aux Français et Européens ) : le coût d’entrée s’élève à 10 000€ pour une start-up ou association, 30 000€ pour les petites et moyennes entreprises et 100 000 € pour un grand groupe ;
  • Devenir résident : au sein des espaces de coworking, mais « il n’y a plus beaucoup de places », prévient Yann Bonnet ;
  • Devenir partenaire.

Un écosystème qui veut être reconnu à l’international

Au-delà d’un lieu qui s’inscrit « dans un réseau de campus territoriaux au niveau des régions françaises », le Campus Cyber porte des sujets au niveau européen et international.

« Fédérer ne va pas se faire naturellement, prévient cependant Yann Bonnet. Cela va passer par les “communs de la cyber” : des ressources mutualisées qui vont permettre à tous les acteurs d’être plus forts ensemble. Depuis plus d’un an, 200 experts travaillent ensemble sur certaines thématiques. »

L’une d’entre elles : « Chercher à plusieurs l’ADN numérique des cyberattaquants, ce qui va permettre de plus facilement détecter les attaquants qui essaient de lancer d’autres opérations malveillantes ». Autre piste : créer une plateforme d’intelligence artificielle pour automatiser la réponse face à ces assauts.

*Un rançongiciel est un logiciel malveillant ou un virus qui bloque l’accès à l’ordinateur ou à ses fichiers et qui réclame à la victime le paiement d’une rançon pour en obtenir de nouveau l’accès. En savoir plus sur cybermalveillance.gouv.fr.