Le carnet de Campus Matin : les cinq mouvements de septembre 2023 à connaître
Par Marine Dessaux | Le | Concours/recrutement
La nouvelle mission de celui qui fut président du Hcéres, une juriste à la direction adjointe d’Erasmus+, une ancienne enseignante prend la tête de la communication de l’Université Paris-Cité après celle de la Ville de Paris… Apprenez-en plus sur cinq prises de postes qui ont marqué le mois de septembre dans l’enseignement supérieur et de recherche.
Delphine Gassiot-Casalas, Thierry Coulhon, Gwenaëlle Solignac, Jeanne Lazarus et Olivier Ginez. Ces personnalités de l’ESR ont pris de nouvelles fonctions stratégiques en septembre. Découvrez leur parcours et leurs missions !
1. Delphine Gassiot-Casalas, directrice adjointe de l’agence Erasmus+
Nommée directrice adjointe de l’Agence Erasmus+ France, Delphine Gassiot-Casalas a pris ses fonctions le 1er septembre. Elle succède à Sébastien Thierry, à ce poste depuis septembre 2009.
Son parcours
Diplômée de l’Université Montesquieu-Bordeaux 4 (devenue Université de Bordeaux), Delphine Gassiot-Casalas débute sa carrière comme juriste spécialiste des affaires internationales à Bordeaux 1, en 2008. Elle est responsable des affaires juridiques de Bordeaux 4 de 2010 à 2014, puis directrice des affaires juridiques de l’université fusionnée de Bordeaux. Depuis janvier 2021, elle était secrétaire générale de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux.
En parallèle, elle s’engage auprès de l’association des responsables des affaires juridiques de l’enseignement supérieur et de la recherche, Jurisup. Elle en devient la présidente en 2016, fonction qu’elle occupe jusqu’en mai 2022.
Elle a notamment joué un rôle moteur dans les réflexions autour de la réforme des instances disciplinaires à l’université et de la formation disciplinaire du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser).
Optimiser le fonctionnement de l’agence et mettre en œuvre les objectifs 2021-2027
Cette nomination vient renforcer l’équipe de la nouvelle directrice générale de l’agence, Nelly Fesseau, en poste depuis octobre 2022.
Delphine Gassiot Casalas suivra particulièrement le projet d’établissement en cours d’élaboration pour optimiser le fonctionnement de l’Agence Erasmus+ France, qui bénéficie d’une enveloppe totale de 2,2 milliards d’euros pour la période 2021-2027.
En 2022, le programme Erasmus+ a permis de financer plus de 130 000 mobilités en 2022.
2. Thierry Coulhon, président par intérim de l’Institut Polytechnique de Paris
Il était depuis trois ans le président du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), Thierry Coulhon quitte son bureau parisien pour le plateau Saclay. Il est en effet désormais président par intérim de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris), par arrêté au Journel Officiel, le 26 septembre.
IP Paris ? C’est le nom de l’établissement public expérimental qui rassemble l’X, mais aussi l’Ensta, l’Ensae Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis. Un grand projet présidentiel lancé en 2017 par Emmanuel Macron : il avait alors décidé la division du plateau de Saclay en deux pôles universitaires avec les grandes écoles d’ingénieurs d’un côté, et les universités de l’autre.
Son parcours
Professeur des universités en mathématiques devenu l’un des principaux dirigeants universitaires ces 20 dernières années, Thierry Coulhon a occupé divers postes au sein de l’ESR : président de l’Université Cergy-Pontoise (devenue CY Cergy Paris, et PSL) de 2004 à 2008, vice-président de la Conférence des présidents d’université (aujourd’hui France Universités) de 2006 à 2008, directeur de programmes centres d’excellences au Commissariat général à l’investissement (devenu Secrétariat général pour l’investissement), entre 2010 et 2012, et conseiller en charge de l’éducation et de l’ESR auprès du président de la République Emmanuel Macron de 2017 à 2020. Il devient président du collège du Hcéres en octobre 2020.
Il a par ailleurs exercé en Australie entre 2012 et 2015 comme directeur de l’Institut mathématique de l’Australian National University.
Un mode de gouvernance qui évolue
Le jour de sa nomination à fort enjeu politique, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, et son collègue de l’économie, Bruno Le Maire, détaillent la mission dévolue à Thierry Coulhon. Celle-ci passe par une évolution de la gouvernance de l’IP Paris et de l’École polytechnique.
Le prédécesseur de Thierry Coulhon, Éric Labaye, qui a choisi de ne pas se représenter à la quasi surprise générale, présidait les deux structures. Et pour cause, celles-ci se confondaient presque. Si l’attelage autour d’IP Paris a bien progressé, le projet reste au milieu du gué du fait de la faible mutualisation de la gouvernance, de la recherche et de la formation. On est encore loin du « MIT à la française » imaginé, c’est-à-dire d’une université de technologie reconnue internationalement.
Pour faire avancer les choses, Thierry Coulhon devra faire aboutir une nouvelle architecture. L’IP Paris et l’X bénéficieront désormais d’une double gouvernance, le premier avec des compétences renforcées qui restent à construire, et le second, avec une directrice générale — Laura Chaubard, qui occupe ce poste par intérim. Un président de conseil d’administration non exécutif doit encore être désigné.
3. Gwenaëlle Solignac, directrice de la communication à l’Université Paris Cité
Gwenaëlle Solignac est la nouvelle directrice de la communication de l’Université Paris Cité, annonce-t-elle le 4 septembre. Elle succède à Virginie His, qui a occupé ces fonctions de 2019 à mai 2023, jusqu’au départ de Christine Clerici, présidente de l’établissement.
Son parcours
Diplômée d’une maîtrise de lettres modernes, et titulaire du Capes et de l’agrégation, Gwenaëlle Solignac a débuté sa carrière comme enseignante, et a occupé aussi des fonctions 3 le monde de l’édition, à Singapour et en France. En 2010, elle devient responsable de la valorisation des études à la direction générale des entreprises de Bercy.
En 2014, elle est nommée cheffe du bureau de la communication à la direction du budget. En 2018, elle intègre le Centre national du livre comme cheffe du département des relations extérieures. Puis en 2021, elle est nommée cheffe du service de la communication interne à la Ville de Paris.
Dépasser l’image des crises
Les débuts de l’Université Paris-Cité ont été marqués par des crises innombrables après la fusion en 2019 entre Paris Diderot et Paris Descartes. Au ministère de l’enseignement supérieur, l’établissement a même la réputation d’être celui sur lequel ont porté le plus grand nombre de rapports d’inspection…
Citons les refus d’inscription d’élèves en médecine retoqués par le Conseil d’État, le conflit sur le changement de nom en Université de Paris, finalement abandonné, ou encore scandale du « charnier » du centre du don des corps, hérité de l’Université Paris-Descartes. Sans oublier des difficultés dans les systèmes d’information qui ont perturbé l’inscription d’étudiants lors des premières rentrées ou encore, fait divers glaçant, une agression au couteau d’une étudiante sur le campus en mars 2023…
En 2023, les élections pour la succession de la présidente Christine Clerici ont été marquées par une forte polarisation entre trois listes concurrentes. C’est son successeur désigné Édouard Kaminski qui l’a emporté, difficilement, que devra épauler Gwenaëlle Solignac dans un contexte budgétaire difficile.
4. Jeanne Lazarus, doyenne du collège universitaire de Sciences Po
Jeanne Lazarus a pris de nouvelles fonctions de doyenne du Collège universitaire de Sciences Po Paris en cette rentrée universitaire. Elle succède à Stéphanie Balme, qui a été chargée d’une mission sur les libertés académiques auprès du directeur de l’institut d’études politiques (IEP), Mathias Vicherat, qui porte ce dossier pour l’association France Universités.
Son parcours
Jeanne Lazarus est diplômée de Sciences Po Paris, titulaire d’un DEA de sociologie et d’un doctorat en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales, ainsi que d’une habilitation à diriger des recherches de l’Université Paris 8 — Vincennes Saint-Denis. Elle est également directrice de recherche au CNRS, membre du Centre de sociologie des organisations depuis 2011.
Elle est élue au Conseil de l’IEP en 2016, l’un des deux organes de gouvernance de Sciences Po Paris, avant d’en prendre la présidence de 2019 à 2022.
En janvier 2021, alors que l’affaire Duhamel secoue Sciences Po Paris et que le directeur Frédéric Mion démissionne, Jeanne Lazarus est ainsi au cœur de la désignation de son successeur.
Le processus est difficile et fragile. À tel point que Jeanne Lazarus et Laurence Bertrand Dorléac annoncent leur volonté de porter plainte pour des fuites d’informations et de document à la presse. En bout de course, Jeanne Lazarus joue un rôle décisif lorsque Matthias Vicherat est préféré à la candidate interne, Bénédicte Durand, en novembre 2021.
Renforcement de la gouvernance du Collège universitaire
Jeanne Lazarus est nommée avec Lamiss Azab, directrice du campus de Paris du Collège universitaire, et Youssef Halaoua, directeur du campus de Menton du Collège universitaire. Ces nouvelles prises de postes s’inscrivent dans le cadre du renforcement de la gouvernance du Collège universitaire, en charge de la formation de premier cycle, sur trois ans, de Sciences Po.
« Dans ses nouvelles fonctions, Jeanne Lazarus œuvrera en priorité pour renforcer de l’excellence au niveau du Collège universitaire et pour poursuivre l’ouverture sociale et géographique unique de Sciences Po. Elle travaillera également à adapter la formation de Sciences Po aux grands enjeux contemporains », précise l’établissement le 7 septembre.
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5. Olivier Ginez, recteur délégué enseignement supérieur recherche et innovation
Le 13 septembre, à l’issue du conseil des ministres, Olivier Ginez est nommé recteur délégué pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de la région académique Île-de-France. Il succède à Bénédicte Durand, devenue conseillère éducation, jeunesse, enseignement supérieur et sports auprès d’Élisabeth Borne.
Il quitte ainsi ses fonctions de directeur de cabinet auprès de la ministre de l’ESR, Sylvie Retailleau. Sa remplaçante, Naomi Peres, était jusqu’alors la directrice adjointe.
Son parcours
Ingénieur et titulaire d’un doctorat en micro et nanoélectronique de l’Université de Montpellier, Olivier Ginez exerce comme maître de conférences à Aix-Marseille Université de 2007 à 2010. Nommé délégué régional à la recherche et à la technologie adjoint en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en mai 2010, il devient sous-préfet en novembre 2013.
Après plusieurs postes en préfecture, il est directeur de cabinet adjoint de Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, en 2019. En septembre 2019, il rejoint le cabinet de Frédérique Vidal au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri), où il est chargé de l’organisation territoriale de la Loi de programmation de la recherche.
Il devient conseiller recherche et innovation au Mesri, avant de prendre en charge les sujets ESR au ministère de l’agriculture en mai 2020. En juillet, il rejoint Matignon comme chef de cabinet adjoint de Jean Castex. En octobre 2021, il est de retour au Mesri comme directeur adjoint de cabinet. Enfin, il prend les fonctions de chef de cabinet à Matignon en janvier 2022.
Des obstacles à l’émergence d’une vie de campus pour les étudiants franciliens
Bénédicte Durand a présenté des pistes d’amélioration pour les étudiants en Île-de-France à l’été 2023. Elles sont tirées d’un diagnostic commandé à Monique Ronzeau, présidente de l’Observatoire national de la vie étudiante.
Des priorités et recommandations en partie déroulées à l’occasion de la première conférence territoriale sur la vie étudiante, le 14 février 2023, et qui font écho aux problématiques relevées par l’Institut Paris Région, dans une analyse publiée le 13 septembre. Parmi elles :
- La précarité, qui concerne un peu plus de 6 % des étudiants franciliens ;
- La détresse psychologique qui touche un étudiant sur trois au printemps 2020;
- Les difficultés d’accès à un logement autonome, en raison du coût du loyer.
- Des durées de déplacement très élevées entre domicile et lieu d’étude.
Autant de sujets que devra prendre en compte Olivier Ginez, tout en déclinant les priorités politiques de Sylvie Retailleau dont il était le plus proche collaborateur il y a encore peu de temps.
Il devra aussi relever un autre défi, de positionnement cette fois : celui de trouver sa place alors que les recteurs délégués peinent à exister aux côtés de puissants recteurs… celui de Paris, Christophe Kerrero en particulier.
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