Campus Matin vous fait découvrir le nouveau campus Sciences Po, le 1 Saint-Thomas
Par Enora Abry | Le | Stratégies
Au cœur de Paris se cache le nouveau campus Sciences Po : 14 000m2 dédiés à l’enseignement et à la recherche qui ont trouvé refuge entre les murs d’un bâtiment historique acquis et rénové pour 188 millions d’euros. L’inauguration officielle a eu lieu le 28 janvier 2022 pour les 150 ans de Sciences Po, l’occasion pour Mathias Vicherat, le nouveau directeur depuis novembre 2021, d’exposer les objectifs de cet investissement. Campus Matin vous y emmène !
Dans l’enceinte d’un bâtiment historique se trouve un établissement d’enseignement supérieur à la pointe de l’innovation, outillé pour la recherche. À quoi ressemble ce campus ? Quels en sont les atouts et les objectifs ? Suivez Campus Matin pour une visite des nouveaux locaux de Sciences Po !
Un campus au cœur de Paris
En se tenant sur la place Saint-Thomas d’Aquin dans le 7e arrondissement, difficile d’imaginer qu’un campus se situe tout près. Et pour cause : ce n’est que par une petite porte, sur le côté de l’église, qu’il est possible d’y entrer. Et pourtant… une fois à l’intérieur, on découvre un établissement d’envergure !
Nous voilà projetés dans le cœur historique d’une bâtisse avec son grand escalier qui mène aux salons d’honneur datant du XVIIIe siècle, dans lesquels se tiendront des séminaires et des soutenances de thèses.
Encore quelques pas et le centre du campus se dévoile : une grande cour avec, en son centre, un large escalier faisant office d’amphithéâtre à ciel ouvert qui mène à une nouvelle construction sur trois étages : le pavillon de l’innovation. Le campus est si imposant qu’on oublierait presque être en plein centre de Paris !
Rassembler la communauté Science Po Paris
« Le problème est de conserver les étudiants dans les grandes villes », expose l’architecte Jean-Michel Wilmotte, à l’occasion de l’inauguration du campus le 28 janvier dernier. Une volonté qui a maintes fois été réaffirmée par Sciences Po qui concentre ses activités parisiennes sur deux principaux pôles au nord et au sud du boulevard Saint-Germain. Le 1 Saint-Thomas devient le centre du pôle nord et communique avec les locaux originels de l’institution du 13 rue de l’Université.
Cette concentration des activités de l’institut d’études politiques (IEP) permettra un vrai rassemblement de la communauté Science Po, selon Mathias Vicherat. Le directeur de l’établissement depuis novembre 2021 veut faire de ce nouveau bâtiment un lieu de partage et d’échange pour tous les étudiants. Le 1 Saint-Thomas accueillera des premières et deuxièmes années, mais aussi des étudiants en master et doctorat. Certains d’entre eux ont déjà pu le découvrir pour la reprise des cours le 24 janvier, et les autres arriveront progressivement au long de l’année.
Les lieux de vie comme la cafétéria, les bibliothèques et le pavillon de l’innovation seront accessibles à tous les élèves. Des évènements culturels, concerts ou expositions d’œuvres d’art, se tiendront sur l’amphithéâtre en plein air, de quoi animer la vie étudiante. La ministre de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, a insisté sur ce point lors son discours d’inauguration :
« Aujourd’hui, on ne peut plus dissocier l’excellence académique, en termes d’enseignement et recherche, du bien être et de la vie des étudiants. Ce campus a été pensé comme cela. »
Des espaces verts
Autre objectif affiché : faire de Saint-Thomas un « campus vert ». 2000m2 y sont consacrés sur les 14 000m2 du campus. Des plantations ont été réalisées sur le grand escalier central, une cour sera pourvue de jardins suspendus d’ici quelques mois et une autre dispose même d’un potager participatif autour duquel pourront se réunir les étudiants et les riverains. Le fruit des récoltes sera donné à l’association La Grenade qui s’occupe d’épiceries solidaires. Les étudiants dans le besoin pourront alors en profiter.
L’idée de ce « campus vert » fait partie des priorités d'Emmanuelle Dubrana, directrice de l’immobilier de Sciences Po, qui réaffirme également sa volonté penser tous futurs travaux comme des exemples de rénovations au bilan carbone neutre.
Un bâtiment historique
Classé depuis 1982, l’hôtel de l’Artillerie qui abrite le campus fut d’abord un noviciat fondé au XVIIe siècle, puis une propriété de l’armée à partir de la Révolution. Sciences Po l’acquiert en décembre 2016.
Un établissement à la croisée de l’éducation et de la recherche
En plus d’un emplacement idéal, le nouveau campus Sciences Po dispose d’une infrastructure propice à l’enseignement avec onze salles de cours, huit salles de projet, deux plateaux pour les ateliers artistiques et des locaux pédagogiques pour l’école de journalisme. La recherche n’est pas en reste avec une bibliothèque générale et une bibliothèque de recherche comptant plus de 23 500 ouvrages, cinq espaces pour les séminaires et 150 postes de travail pour les doctorants. Au total, quatre écoles professionnelles (management et innovation, urbaine, journalisme, recherche) et neuf centres de recherche sont présents sur ce site.
« Ce que le 1 Saint-Thomas rend possible, concret, c’est le dialogue entre recherche et enseignement, le développement des échanges entre les disciplines, et le renforcement de la place des sciences humaines et sociales dans la Cité », explique Mathias Vicherat.
Au sein du pavillon de l’innovation des espaces, tels le centre pour l’entreprenariat et l’institut McCourt, seront dédiés au dialogue entre les étudiants, les entreprises et les chercheurs.
Ce nouveau campus vient ainsi renforcer l’attractivité de Sciences Po. Plusieurs chercheurs s’y sont déjà installés et des écoles étrangères prennent rendez-vous pour visiter le campus, a annoncé Mathias Vicherat. Une attractivité qui n’est pas en berne : en effet, l’IEP a reçu 107 % de dossiers supplémentaires durant la campagne Parcoursup 2021.
Malgré le nombre de candidats en hausse, Mathias Vicherat affirme ne pas vouloir augmenter la proportion d’entrants, alors comment financer cet investissement ?
Des défis pour l’avenir
Car la création de ce campus hors normes représente un coût : 188 millions d’euros (108 millions pour l’acquisition du lieu et 80 millions de travaux). 30 millions proviennent de fonds propres dont 21 accordés par divers mécénats. Le reste de la somme a été réuni via deux emprunts bancaires qui devront être remboursés d’ici 30 ans.
Mathias Vicherat explique cet investissement comme une volonté de « sortir de la logique du locataire », qui représenterait une économie sur le long terme. En effet, en faisant construire ces nouveaux locaux, Sciences Po pourra progressivement résilier ses baux de location pour concentrer ses activités sur le nouveau campus. Selon le directeur, cela permettra à l’établissement d’économiser 4,3 millions d’euros dès la fin de l’année 2022, puis 6,3 millions par année complète qui suivra.
Cependant, les investissements ne s’arrêtent pas là. D’autres travaux sont à prévoir pour le 1 Saint-Thomas. À l’image de New York University, Mathias Vicherat dit vouloir trouver « une identité visuelle à ce bâtiment afin qu’il s’ancre dans le quartier ». La première étape serait le désenclavement du campus au niveau de la place Saint-Thomas d’Aquin afin que celui-ci soit visible depuis la rue. Des discussions à ce propos se tiennent en ce moment avec Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et Anne Hidalgo, la maire de la capitale.