« Les doctorants sont le coeur de notre activité de recherche » (Thomas Coudreau, président du RNCD)
Par Marine Dessaux | Le | Doctorat
Thomas Coudreau, président du Réseau national des collèges doctoraux, est également directeur du Collège des écoles doctorales à de l’Université de Paris. Au cœur du dossier de la prolongation des contrats doctoraux depuis trois mois, il revient sur les récentes mesures du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, qui promettent son financement.
Thomas Coudreau est catégorique : « Les doctorants sont le cœur de notre activité de recherche. Ne pas les prolonger, ou prolonger moins que ce qu’ils demandent serait très difficile et pas souhaitable ».
Président du Réseau national des collèges doctoraux (RNCD), il avait exprimé le sentiment d’incertitude qui touchait les écoles doctorales avant la parution, le 26 juin, de la circulaire annonçant que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), prendrait en charge le financement de la prolongation des contrats doctoraux.
« On sait qu’il y a aura une aide pour l’ensemble des doctorants salariés, mais nous sommes encore dans l’incertitude sur le montant et les modalités de cet accompagnement financier, et sur les sources budgétaires : on espère une clarification très vite, il y a une vraie urgence », affirmait-il le 7 mai dernier.
Une circulaire qui « correspond à ce qui était attendu »
Aujourd’hui, il est rassuré sur la question des modalités. Un sujet sur lequel la Conférence des présidents d’université (CPU) et le Réseau national des collèges doctoraux ont pris les devants, en essayant, dès la fin mai, de faire le tri dans les cas de figure. Ils ont déterminé trois niveaux d’impact donnant lieu à trois durées de prolongation des contrats doctoraux, allant de quatre à 12 mois, en fonction des conséquences du confinement sur le travail des doctorants.
Un document qui a commencé à circuler dans les établissements alors que les réponses détaillées du gouvernement n’étaient pas encore là.
Mais ils ont vu juste puisque « la circulaire du 26 juin correspond à ce qui était attendu », affirme Thomas Coudreau. Elle laisse le soin aux établissements de valider les demandes au cas par cas : « Nous estimons que le ministère fait confiance aux établissements et compensera a posteriori, ce que confirme cette circulaire ».
« La circulaire répond à notre demande de compensation quasi systématique en cas d’impact réel de l’état d’urgence sanitaire sur le déroulement du projet de recherche », dit Thomas Coudreau.
L’égalité des candidats, un point important
De même qu’il a milité pour que le financement ne dépende pas des moyens propres des établissements - ce qui aurait créé des inégalités entre doctorants - Thomas Coudreau insiste sur l’importance de ne pas laisser pour compte les doctorants qui ne relèvent pas directement du Mesri.
« Dans les établissements, nous travaillons à avoir un traitement équitable de tous les types de contrats doctoraux, non seulement ceux qui sont financés par la subvention pour charge de service public, mais également ceux disposant d’un financement autre ».
Il cite en exemple l’ANR, les contrats européens ou encore les financements qui ne sont pas dédiés à la thèse, comme les salariés de l’éducation nationale, les médecins, etc.
« Nous essayons de traiter tous ces cas ensemble. L’idée étant, pour ceux qui n’entrent pas dans le dispositif du Mesri, mais qui sont financés, d’évaluer de la même manière leur besoin de prolongation pour leur permettre de se retourner vers leur employeur pour l’obtenir »
Un financement qui « reste toujours une interrogation »
« Il reste toujours une interrogation sur la disponibilité du financement. Mais nous allons partir du principe qu’il sera bien là », souligne le président du réseau. « Dans tous les cas, les établissements ne peuvent pas financer ces prolongations. Cela représente des centaines de millions d’euros à l’échelle française. »
Selon lui, en limitant le budget dédié à accompagner les doctorants jusqu’à l’accomplissement de leur thèse, « on gâcherait alors les trois années de recherche des doctorants concernés, financées par l’État via nos impôts ».
« Au final, si les montants débloqués par le Mesri sont trop faibles, nous serons obligés d’opérer un arbitrage fin, ce qui sera très long », prévient-il.