Numérique

« Créer la première licorne éducative francophone », l’ambition de Nomad Éducation

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Proposer des applications mobiles éducatives de révisions gratuites et disponibles hors connexion, telle est la raison d’être de Nomad Education. La société, qui connait une croissance de son chiffre d’affaires de 50 % tous les ans, souhaite poursuivre son développement en France et dans le monde. Sa cofondatrice, Caroline Maitrot s’est confiée à Campus Matin.

Nomad Education a lancé un abonnement freemium. - © CPU - Université de Bordeaux
Nomad Education a lancé un abonnement freemium. - © CPU - Université de Bordeaux

Modèle économique de l’entreprise, axes de développement, ambition à court terme, place de l’enseignement supérieur dans son activité…la cofondatrice et directrice générale de Nomad Éducation répond aux questions de Campus Matin.

Combien de diplômes peut-on réviser sur votre application ?

Caroline Maitrot : Nous couvrons 400 diplômes, dont 200 du supérieur. Notre application contient notamment le programme des trois années de 24 licences, des classes préparatoires, tous les concours de la fonction publique, tous les CAP et les bac pro… Nous avons également pris en compte la réforme du bachelor universitaire de technologie (BUT) et des études de santé, avec la suppression de la première année commune, la Paces. Nous jouons la carte de la diversité des diplômes.

Que représente l’enseignement supérieur dans votre activité ? 

25 % de nos abonnements viennent du supérieur, mais Nomad Éducation est moins connu sur ce segment que dans les collèges et les lycées. Nous menons ainsi depuis un an et demi des partenariats avec des youtubeurs et des influenceurs pour faire connaître nos contenus auprès des étudiants. Ces influenceurs, qui sont pour la plupart des étudiants, sont ravis de parler de l’application à leur communauté.

Environ 320 établissements du supérieur nous soutiennent aujourd’hui, dont une quarantaine d’écoles étrangères. Nous avons par exemple des écoles hôtelières suisses ou des établissements canadiens qui cherchent à recruter des étudiants francophones. Le marché canadien est très important pour Nomad Éducation, nous avons ouvert une filiale au Québec. 

Que viennent chercher les utilisateurs de votre application ? 

Caroline Maitrot a cofondé Nomad Éducation en 2011. - © Nomad Education
Caroline Maitrot a cofondé Nomad Éducation en 2011. - © Nomad Education

Il y a principalement des étudiants de licence qui s’intéressent à une autre discipline que leur cursus, des jeunes qui souhaitent réviser leurs connaissances en langues ou qui s’interrogent sur leur orientation. En ce moment, nous avons aussi une forte demande pour des modules de révision. 

Tout le monde n’a pas le même niveau en arrivant dans le supérieur et c’est normal d’avoir besoin de se rassurer. Un étudiant qui entre en faculté peut par exemple passer un test et l’application va identifier les notions des années précédentes qui lui manquent. Les écoles et les universités peuvent proposer à leurs étudiants ces modules de révision ou de culture générale. Ce n’est pas réservé aux classes préparatoires !

Pour ce faire, vous utilisez le machine learning, grâce au soutien de Bpifrance…

Il était temps d’intégrer la recherche dans notre développement

Oui, j’étais trop éloignée du monde de la recherche au début. L’entreprise s’est construite par la pédagogie pendant sept ans. Il était temps d’intégrer la recherche dans notre développement en gardant un objectif : mettre à la portée de tous l’envie d’apprendre. Nous avons recruté une doctorante en Convention industrielle de formation par la recherche (Cifre), passionnée par l’éducation.

Nous avons travaillé pendant six mois avec des professeurs pour relier toutes les notions entre elles de la sixième à la terminale. Nous avons des questions auxquels ont répondu 30 000 utilisateurs dans l’application ce qui permet de classer l’individu par rapport à ses pairs et de l’amener à revoir les notions qu’il ne maitrise pas.

Outre la France, vous avez des utilisateurs dans 29 pays d’Afrique. Avez-vous du personnel sur place ?

Nous recrutons un directeur du développement en Afrique pour accélérer sur ce continent. Nous avons également des consultants dans de nombreux pays africains pour nous aider à connaître les spécificités locales. Les étudiants africains et subsahariens sont ceux qui viennent le plus dans les établissement français.

Nomad Education est rentable. Nous connaissons une croissance du chiffre d’affaires de 50 % par an, tous les bénéfices sont réinvestis dans l’entreprise. Nous insistons sur ce point, quand une école ou une institution soutient notre entreprise, elle investit également pour l’éducation en Afrique.  

Nomad Education s’adresse à la fois aux établissements et aux particuliers. Quelle est votre cible prioritaire ?

Nomad s’inspire des applications de sport. - © Nomad Education
Nomad s’inspire des applications de sport. - © Nomad Education

Nous souhaitons faire de Nomad une entreprise BtoC. Pour accroitre notre développement, nous pensons qu’il est plus rapide de s’adresser au grand public. Dans les classes moyennes africaines, les parents s’impliquent beaucoup dans l’éducation de leurs enfants alors qu’il est très compliqué de discuter avec les gouvernements africains.

Nous nous inscrivons dans la foi dans l’individu et nous nous sommes inspirés du succès des applications de sport, qui reposent sur le principe d’engagement. Les jeunes choisissent le programme de révision sur l’application. 

Nous allons vers le modèle freemium. Nous avons lancé en octobre un abonnement Nomad + à 149 euros par an et par famille (pour cinq comptes). Les utilisateurs y trouveront l’ensemble des contenus d’une bibliothèque parascolaire.

Quels sont vos objectifs de développement à court terme ? 

Nous souhaitons créer la première licorne éducative francophone

Nous souhaitons créer la première licorne éducative francophonece qui implique l’impact. Nous voulons passer de 1,3 million à 2 millions d’utilisateurs en France d’ici trois ans, compter 5 millions d’utilisateurs en Afrique à cet horizon et passer de 5 à 20 millions d’euros de chiffre d’affaires.