Numérique

Trois conseils pour s’assurer du sérieux d’une solution edtech

Par Nicolas Chalon | Le | Edtechs

En bonne start-up, une edtech est souvent petite, voire très petite ; elle porte une solution novatrice, donc encore peu éprouvée. Des éléments qui en font un interlocuteur difficile à appréhender pour les décideurs. Voici quelques conseils pour inspirer la confiance ou choisir un partenaire fiable.

Quels sont les éléments à scruter avant de choisir une solution edtech ? - © Pexels
Quels sont les éléments à scruter avant de choisir une solution edtech ? - © Pexels

Comment convaincre une collectivité ou un établissement du bien-fondé d’une solution edtech ? À quelles portes frapper pour trouver des partenaires ? Des questions que se posent de nombreuses entreprises de la filière des technologies pour l’éducation.

Les collectivités, rectorats et établissements du supérieur se confrontent eux à une autre interrogation : comment faire confiance à une entreprise parfois très jeune pour construire un projet sur le long terme ? Campus Matin a sondé plusieurs experts du sujet et vous livre ses conseils. 

1. Le label Édu-up, un tiers de confiance dans le scolaire

Un dispositif comme Édu-up est là pour répondre à une double problématique sur le segment du scolaire. D’un côté, constituer un tremplin pour de jeunes pousses edtechs pas encore calibrées pour répondre aux exigences du monde enseignant. De l’autre, être ce tiers de confiance, dont la sélection de edtechs n’oublie aucune dimension.

« Nous sommes exigeants sur tous les points à la fois, qu’ils soient scientifiques, juridiques, éthiques… Un bon projet doit réunir de nombreuses facettes complémentaires », signale Florence Biot, sous-directrice à la transformation du numérique à la Direction du numérique pour l’éducation (DNE) du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse.

Des subventions jusqu’à 70 000 euros

Elle pilote le dispositif Édu-up, qui se positionne comme un soutien aux projets numériques destinés à l’école, tous niveaux confondus, avec des subventions allant jusqu’à 70 000 euros, ainsi qu’un programme complet d’accompagnement. Selon Florence Biot, une solution edtech peut être merveilleuse, portée par une bonne équipe, mais… pas encore mature pour passer à l’échelle :

« Sur une centaine de dossiers soumis chaque année, nous en retenons une quinzaine. Mais nous faisons à chacun un retour complet sur les raisons de notre refus, et certains reviennent vers nous bien plus forts l’année d’après », explique-t-elle.

Édu-up a sorti un panel de edtechs devenues célèbres auprès des enseignants, de Plume à Lalilo, ne « perdant » qu’une entreprise sur 45 ces trois dernières années.

2. Prime à la co-construction

Pour Florence Biot, la solidité d’une solution edtech va de pair avec un développement au plus près des usagers, c’est-à-dire des professeurs, en complément d’un dialogue nourri avec des centres de recherche.

« Quand certains outils reposent sur un panel de testeurs constitué de dizaines d’enseignants, nous parlons de centaines ou de milliers de participants potentiels. C’est ainsi qu’un produit évolue vraiment pour répondre aux besoins », estime-t-elle.

L’acculturation au monde éducatif

Mathilde Thorel est responsable de l’accélérateur Passerelles et des programmes d’incubation de Makesense. - © D.R.
Mathilde Thorel est responsable de l’accélérateur Passerelles et des programmes d’incubation de Makesense. - © D.R.

Au-delà du frottement aux professeurs et à la recherche, un critère de solidité d’une edtech réside dans son degré d’acculturation au monde éducatif. « C’est un milieu complexe pour des entrepreneurs, où un produit n’est pas acheté par celui qui l’utilise, et où une petite solution peut avoir un gros impact », analysent Mathilde Thorel et Alice Bouteloup, responsables du programme d’accélération Passerelles, financé par la Banque des Territoires et piloté par l’association Makesense.

Le programme dédié aux edtechs à impact n’est pas là pour confirmer la création de valeur, les projets sélectionnés générant déjà des chiffres d’affaires de quelques dizaines de milliers d’euros.

« Comme notre nom l’indique, nous voulons être cette passerelle entre les entrepreneurs et l’écosystème éducatif dans son ensemble : enseignants, établissements publics et privés, institutions, etc. Le projet doit être prêt à évoluer, parfois en profondeur, à mesure que l’équipe comprend mieux les besoins spécifiques de chacun », souligne Mathilde Thorel.

Laquelle préfère un porteur de projet prêt à « remettre les mains dans le moteur pour faire bouger sa solution » qu’un dirigeant « trop amoureux de son outil pour accepter qu’il s’adapte aux problématiques réelles. »

3. Dream team complémentaire

Alexandre Glaser est venture capitalist au sein du fond d’investissement Educapital. - © Educapital
Alexandre Glaser est venture capitalist au sein du fond d’investissement Educapital. - © Educapital

L’équipe est d’ailleurs un point essentiel à scruter avant de se lancer dans l’acquisition d’une edtech. « Celle-ci n’a pas besoin d’être issue de l’éducation, mais doit avoir une fine connaissance de ses enjeux, des problématiques de formation et des leviers qui animent la jeune génération », décrypte Alexandre Glaser, capital-risqueur d’Educapital, le plus grand fonds européen dédié aux edtechs.

Après un premier fonds edtech de 47 millions d’euros, l’entreprise a lancé en mars 2022, Educapital 2, un second fond de 100 millions d’euros pour accompagner une vingtaine d’edtechs. Pour lui, la complémentarité entre les dirigeants compte au moins autant que la taille de l’entreprise.

« Une petite structure peut être très utile très tôt. Elle offre en plus une grande agilité, et des tarifs plus abordables », rappelle Alexandre Glaser.

Viennent ensuite des points que seront capables de vérifier les équipes IT d’une université ou d’une école au cours de leur processus d’achat : faisabilité technique, comptabilité avec la plate-forme LMS et les autres outils utilisés par l’établissement… Sans oublier la question essentielle de la protection des données.