Vie des campus

Davantage de place pour la vie étudiante dans les Inspé

Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante

En vigueur depuis la rentrée 2021, la réforme du master Meef repousse en fin de diplôme les concours de l’enseignement. Les futurs enseignants du primaire et du secondaire, qui sont encore des étudiants, peuvent désormais passer plus de temps sur leurs campus. Leur expérience étudiante en sort-elle gagnante ?

Depuis quelques années, des initiatives de vie étudiante voient le jour dans les Inspé. - © Inspé Aix-Marseille
Depuis quelques années, des initiatives de vie étudiante voient le jour dans les Inspé. - © Inspé Aix-Marseille

Écrire un mémoire, passer un des concours de l’enseignement en fin de master 1 (agrégation, Capes, Capet, etc.) et devenir enseignant stagiaire en parallèle de la deuxième année en cas d’obtention du précieux sésame : voici à quoi ressemblait la formation des étudiants en master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (Meef) il y a encore deux ans.

Un programme plus que chargé qui ne favorisait pas l’émergence d’initiatives de vie étudiante dans les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé)… Mais qui a évolué depuis la réforme de la formation des futurs enseignants du primaire et secondaire, initiée par le précédent ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et mise en place à la rentrée 2021.

Désormais, l’échéance du concours est repoussée à la fin de la seconde année. Si les stages pour les uns et l’alternance pour les autres continuent à rendre la charge de travail importante, les acteurs des Inspé comptent bien en profiter pour dynamiser la vie associative et culturelle de leurs étudiants.

Un nouveau souffle pour la vie étudiante

« Depuis la réforme, les étudiants en master Meef ont deux années complètes de formation, car le concours est à la fin du cursus. Ils peuvent maintenant être plus impliqués dans leur vie étudiante », expose Heidi Osterwalder, responsable communication de l’Inspé d'Aix-Marseille Université. Au sein de plusieurs Inspé, l’espoir de voir les initiatives étudiantes se multiplier est particulièrement présent en cette rentrée universitaire.

« Nous essayons de booster la vie étudiante depuis plusieurs années. Pour cette rentrée, nous avons organisé des journées d’accueil sur les quatre sites. Au cours desquelles il y a eu un temps pour mettre en place un dispositif parrainage/marrainage. Ce n’est pas exactement du tutorat mais une façon pour les masters 2 de prendre les premières années sous leur aile pour expliquer comment ils se sont organisés l’an passé », poursuit Heidi Osterwalder.

Du côté des étudiants, un nouvel engouement pour la vie associative se fait ressentir. « Sur le site de Nice, la création d’un bureau des étudiants (BDE) a été initiée à la demande de quelques étudiants de master 1 qui souhaitent s’investir durant les deux années du master », rapporte Nicole Faure, responsable pédagogique de l’Inspé de l'Université Côté d’Azur.

En raison des travaux, les étudiants de l’Inspé de l’Unistra suivent actuellement les cours sur plusieurs sites. - © Unistra
En raison des travaux, les étudiants de l’Inspé de l’Unistra suivent actuellement les cours sur plusieurs sites. - © Unistra

La nouvelle organisation de la formation a par ailleurs convaincu Chloé Heyd, en première année de master Meef, d’assurer la présidence de l’association des étudiants de l’Inspé de l'Université de Strasbourg. « Le concours n’étant pas pour cette année, j’ai saisi l’opportunité pour prendre plus de responsabilités au sein de l’Amicale », explique-t-elle.

Et elle n’est pas la seule à dédier du temps à la vie étudiante. « Il y a de plus en plus d’étudiants intéressés par nos événements. Sur plus de 200 adhérents au sein de notre Inspé, qui propose depuis quatre ans une licence, plus de la moitié sont en master. »

Une émulation réellement liée à la réforme ?

Nicole Faure nuance néanmoins : « Un master Meef en deux ans comprenant un stage en alternance, à tiers temps devant les élèves, dans un établissement scolaire en M2, avec un mémoire de recherche à rendre et un concours en fin de master 2 ne libère pas beaucoup de temps aux étudiants ! » L’enseignante estime par ailleurs que la vie étudiante « existait déjà dans les Inspé avant la réforme et avant la crise sanitaire de 2020 ».

À l'Université de Strasbourg, l’enthousiasme des étudiants de master pour les événements organisés par l’Amicale peut être expliqué par une meilleure identification de l’association qui se développe depuis sa création, il y a quatre ans.

« Beaucoup d’étudiants de master sont impliqués, plus en première qu’en deuxième année, mais nous n’avons pas assez de recul pour savoir si c’est lié à la réforme ou si c’est le développement naturel des initiatives prises ces dernières années », s’interroge Chloé Heyd.

Ce qui est certain : la période stage et l’approche du concours sont synonymes d’une baisse d’affluence des événements de vie étudiante.

À Avignon, les étudiants de l’Inspé participent à des événements organisés avec le festival d’Avignon. - © Inspé Aix-Marseille
À Avignon, les étudiants de l’Inspé participent à des événements organisés avec le festival d’Avignon. - © Inspé Aix-Marseille

Différents acteurs des Inspé s’investissent

Pour faire naître et soutenir la vie étudiante en Inspé, les personnels et enseignants sont moteurs. « Avant et après la réforme, nous manquons toujours de temps. Néanmoins, les personnels enseignants et non enseignants soutiennent les actions des étudiants dans le cadre de la vie étudiante et très souvent en dehors des horaires de travail. La direction de l’Inspé les soutient aussi », témoigne Nicole Faure.

L’Inspé d’Aix-Marseille Université est basé sur plusieurs sites : à Marseille, Avignon, Aix-en-Provence et Digne-les-bains. - © Inspé de Nice
L’Inspé d’Aix-Marseille Université est basé sur plusieurs sites : à Marseille, Avignon, Aix-en-Provence et Digne-les-bains. - © Inspé de Nice

Pour les quatre sites de l’Inspé d’Aix-Marseille Université, le directeur adjoint en charge des partenariats et de la vie étudiante, mais aussi la responsable de la communication et le responsable de la vie institutionnelle, accompagnent les étudiants dans leurs démarches, notamment de création de BDE.

Un soutien ressenti par les associations étudiantes. « Au sein de l’Inspé, nous sommes très accompagnés. Nous organisons également des événements avec l’association du personnel et des enseignants : une semaine de sensibilisation pendant le téléthon, lors des journées portes ouvertes ou pour un projet de bourse aux livres », liste Chloé Heyd.

Bientôt plus d’événements organisés par les étudiants ?

Alors qu’ils se structurent, les bureaux des étudiants peuvent être de plus en plus ambitieux dans leurs projets… Journées portes ouvertes, pré-rentrée, rentrée et cérémonie des diplômes : le rôle de ces associations est central pour organiser des rendez-vous fédérateurs. « En début d’année, nous nous présentons auprès de chaque niveau, nous organisons des visites de campus, nous mettons en place du tutorat pour les étudiants en échange Erasmus… », indique Chloé Heyd.

L’occasion, donc, de s’impliquer davantage ou de prendre la main sur des événements actuellement portés par les personnels ou enseignants. « À ce jour, je m’occupe d’organiser l’accueil des nouveaux arrivants et de la remise des diplômes. L’objectif est qu’à terme les BDE puissent concevoir ces événements », se projette Heidi Osterwalder.

« Avec des collègues enseignants, nous avions imaginé une journée d’intégration à la pré-rentrée sur le site avec l’ensemble des étudiants. Peut-être cela sera-t-il possible l’an prochain avec le nouveau BDE ? », imagine Nicole Faure.