Journées portes ouvertes : le présentiel va-t-il mettre le distanciel au tapis ?
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
Après des journées portes ouvertes en distanciel en 2021 et des jauges à respecter en 2022, cette année marque le plein retour du présentiel pour les établissements du supérieur. Certains, cependant, ont fait le choix conserver le distanciel, en intégralité ou en partie. Bilan.
Trois ans après le premier confinement, toutes les universités françaises sont revenues au présentiel pour organiser leurs journées portes ouvertes (JPO). C’est ce que constate Cécile Lecomte, présidente de la Conférence universitaire en réseau des responsables de l’orientation et de l’insertion professionnelle des Étudiants (Courroie). Et elles ne regrettent pas leur choix.
Pour l’Université Paris-Cité, il s’agissait, en février, des premières JPO en présentiel depuis la crise sanitaire. « Les visiteurs étaient très attentifs à pouvoir rencontrer des enseignants, étudiants, visiter les locaux », remarque Géraldine Ludger, responsable du pôle de l’orientation et de la professionnalisation.
L’Université d’Angers a, elle, connu un retour au présentiel en 2022. Mais il était restreint par des jauges à 50 %. L’établissement, dont le leitmotiv est « Un étudiant bien accueilli est un étudiant qui réussit », partage donc le même enthousiasme pour le « plein » présentiel.
Le 4 février, c’est ainsi une JPO — au lieu de deux auparavant — répartie sur les trois campus qui a été organisée. Un retour à l’avant-crise, ou presque… Héritage de l’initiative expérimentée l’an passé, des barnums se sont dressés dans différentes composantes, sous lesquels des ambassadeurs étudiants « Liaison lycées-université » partageaient informations et témoignages.
Une fréquentation d’avant crise à rattraper
Dans les deux cas, pourtant, le nombre de visiteurs n’atteint pas encore le niveau des années passées. À l’Université Paris-Cité, les 4 et 11 février, l’établissement a enregistré plus de 15000 participants, loin des 20000 personnes en 2019.
Si les chiffres de présence ne sont pas consolidés à l’Université d’Angers, même constatation néanmoins : « Nous ne sommes pas revenus sur une fréquence d’avant-Covid », dit Dorothée Messager, chargée de communication. Ainsi, l’année 2024 sera déterminante pour un réel retour à la normale.
Des avantages au distanciel qui persistent…
Quelques écoles ont cependant poursuivi l’expérience des journées portes ouvertes 100 % virtuelles. C’est le cas de l’Insa Lyon, qui fait figure d’exception parmi les membres du Groupe Insa.
Un choix qu’Ophélie Tambuzzo, directrice de la communication de l’Insa Lyon, explique en pointant divers avantages :
- plus d’équité en permettant à tous les lycéens et étudiants en France de découvrir l’école ;
- un impact carbone moindre (moins de déplacements, de prospectus, etc.) ;
- la possibilité de garder une trace des interventions et échanges ;
- un échange instantané possible via un salon discord.
Autre avantage, pour les personnels cette fois : le virtuel permet à toute la communauté de s’impliquer sans avoir à venir jusqu’au campus un samedi, journée où sont traditionnellement organisées les portes ouvertes.
L’École normale supérieure de l’Université Paris Sciences et Lettres (ENS-PSL) mise aussi sur le distanciel cette année.
« Tout le monde n’habite pas toujours à Paris. Pouvoir se connecter de chez soi avec un ordinateur permet d’alléger la charge logistique des équipes techniques », note O’Len Gauthier, directrice de la communication de l’ENS-PSL.
… Mais qui ne suffisent pas à convaincre
Néanmoins, le tout distanciel ne semble pas destiné à s’installer durablement. Malgré ses avantages, « nous réfléchissons à un nouveau format pour l’année prochaine », confie la directrice de la communication de l’Insa Lyon.
À l’ENS-PSL, l’idée est également de revenir au présentiel, tout en gardant le format actuel : « Dans le futur, nous envisageons deux événements, se projette O’Len Gauthier. Pour les étudiants, il n’est pas possible de faire toutes les journées portes ouvertes, c’est pourquoi la possibilité de visionner un replay est importante. »
Des réserves qui s’expliquent en partie parce que le présentiel est plébiscité par les visiteurs. Mais aussi parce que l’impact du distanciel sur la diversification des profils d’étudiants recrutés n’est pas démontré. Il n’existe pas de chiffre précis à ce sujet, mais, selon nos interlocuteurs, cela resterait anecdotique.
À l’Université Paris-Cité, « les profils des personnes qui candidatent et ceux des admis n’ont pas changé radicalement : la majorité de nos étudiants viennent d’Île-de-France. Les recrutements plus variés concernent les formations sélectives », observe ainsi Géraldine Ludger.
Un format plus adapté à certains profils d’établissements ?
Pour des écoles sélectives et dont le concours peut être intimidant, le numérique offre la possibilité d’une prise d’informations anonyme. Le distanciel est ainsi une piste pour ouvrir ces établissements à une plus grande diversité de candidats.
Anne Christophe, directrice adjointe sciences de l’ENS-PSL, poursuit : « Le passage au distanciel pendant la pandémie a confirmé notre intuition que si nous voulions toucher plus loin que la communauté parisienne auprès de qui nous sommes déjà bien identifiés, le numérique était une aide. C’est notamment l’opportunité de dédramatiser le concours auprès de candidats qui pourraient être impressionnés, grâce à des explications d’enseignants. »
Mixer présentiel et distanciel : un juste milieu
A l’image de ce que prévoit l’ENS-PSL, une troisième option pour les établissements est d’inclure seulement une dose de distanciel dans leurs portes ouvertes.
À l’Université Paris-Cité, la conférence de lancement des JPO s’est ainsi déroulée en ligne. Et pendant pas moins de deux heures ! Malgré cela, les 900 présents sur 1200 inscrits sont en majorité restés pour écouter les prises de parole des équipes dirigeantes, enseignants et étudiants.
Un chiffre qui n’est pas aussi précis que les décomptes en présentiel : « Dans les JPO sur le campus, l’étudiant est généralement accompagné de ses parents, là on ne peut pas savoir combien de personnes se trouvent derrière un même écran, explique Géraldine Ludger de l’Université Paris Cité. Quoiqu’il en soit, nous sommes plutôt satisfaits en termes d’impact. C’est une opération que nous allons renouveler. »
L’événement de l’ENS-PSL sera mis à disposition sous forme de replay — une des demandes des visiteurs de l’édition précédente. Au contraire, l’Université Paris Cité ne privilégie pas cette option.
« Bien qu’il y ait une habitude de pouvoir consommer l’information à n’importe quel moment, nous avons décidé de ne pas proposer de replay. Des permanences d’accueil sans rendez-vous sont organisées sur le campus pour ceux qui ont raté les événements », souligne la responsable du pôle de l’orientation et de la professionnalisation de l’Université Paris-Cité.