Ces quatre edtechs veulent dépoussiérer l’orientation
Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs
Hello Charly, Diplomeo, StudyMatch ou encore Merci Bobby : ces quatre edtechs souhaitent faciliter l’orientation des lycéens et des étudiants. À chacune son modèle économique et sa recette pour aiguiller les jeunes. Campus Matin vous présente ces plateformes ou applications et vous explique comment elles travaillent avec les établissements du supérieur.
Bientôt l’heure des choix pour les quelque 600 000 élèves de terminale et 165 000 étudiants en troisième année de licence. Les premiers ont jusqu’au 9 mars pour s’inscrire et formuler leurs vœux sur la plateforme Parcoursup. Pour les seconds, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a ouvert une nouvelle plateforme d’admission en master le 1er février. Les étudiants pourront candidater sur « Mon Master » du 22 mars au 18 avril.
Quelle filière choisir ? Quelle formation privilégier ? Dans quels établissements postuler ? Face à ces choix cornéliens d’orientation, plusieurs entreprises edtechs proposent gratuitement aux lycéens et étudiants des plateformes ou des applications qui les aident à trouver leurs voix. Focus sur quatre d’entre elles.
Hello Charly, l’appli qui veut casser les barrières mentales
Créée en 2016 par Laurent Deambrogio et Fatma Chouaieb, Hello Charly est une application mobile distribuée dans les établissements scolaires. Elle utilise un chatbot dénommé Charly, pour discuter avec les élèves afin d’identifier leurs passions.
« Pour avoir les bons outils afin de s’orienter, il faut déjà se connaître. Quelles sont mes valeurs ? Quelles sont mes passions ? Charly ouvre ensuite le champ des possibles en cassant les barrières mentales. Nous voulons que les jeunes s’autorisent à rêver grand. L’application propose après de découvrir des métiers et des formations », explique Laurent Deambrogio, directeur technique de la edtech.
Une entreprise à impact financée par l’État et les collectivités
Hello Charly commercialise son application aux collèges et aux lycées via le gestionnaire d’accès aux ressources, qui sert d’interface entre l’éducation nationale, les entreprises edtechs et les établissements. Labellisée « Entreprise solidaire d’utilité sociale » depuis janvier, la société se focalise sur l’impact de ses activités.
« Cela veut dire que l’impact social que nous allons générer est plus important que les profits. Au-delà de notre activité à destination des établissements scolaires, nous faisons du repérage et de la remobilisation des publics éloignés de l’école, également appelés les décrocheurs », ajoute Laurent Deambrogio, le cofondateur de la edtech.
Pour ce faire, Hello Charly mène des maraudes numériques pour repérer les invisibles sur les réseaux sociaux. Une activité financée par des appels à projets régionaux et par l’État, via le programme d’investissement dans les compétences (PIC).
L’entreprise entend passer de 10 000 utilisateurs en 2022 à 30 000 en 2023 en augmentant le nombre d’établissements inscrits sur la plateforme. Elle a par ailleurs pour objectif d’améliorer l’inclusion de son produit.
Diplomeo, un site qui génère des leads pour les établissements
Créée en 2012, la plateforme Diplomeo met en relation les établissements du supérieur et les lycéens. La société qui regroupe une centaine de collaborateurs a été rachetée en 2019 par le groupe HelloWork. Avec un million de visiteurs par mois et 40 % des bacheliers utilisateurs en 2022, c’est l’un des leaders du marché. Diplomeo a construit son modèle autour de trois axes : l’information, la mise en relation et l’immersion.
« Nous aidons les jeunes à trouver leurs voix, répondons à toutes leurs questions et leur suggérons des établissements adaptés à leur profil. Nous avons une équipe d’une cinquantaine de conseillers en formation qui appellent les étudiants et les mettent en relation avec nos clients », détaille Jérémy Plasseraud, directeur exécutif edtech d’HelloWork.
Une rémunération par les écoles basée sur la performance
« Diplomeo se rémunère lors d’une mise en relation d’un étudiant avec une école. C’est un modèle sain basé sur la performance, les écoles peuvent s’arrêter de travailler avec nous quand elles le veulent », assure Jérémy Plasseraud. La plateforme compte environ 1 000 organisations clientes, principalement des écoles privées, mais référence l’ensemble des établissements.
Outre les informations sur les formations, Diplomeo mise sur une expérience immersive pour les étudiants et les invite à explorer les plus beaux campus de France. La société produit, aux frais des établissements, des capsules vidéos pour présenter les campus et la vie étudiante dans les écoles.
« Nous présentons actuellement 30 écoles en réalité augmentée et voulons en avoir 300 à la fin de l’année. Les jeunes vont pouvoir se projeter dans leur future école. Cela peut paraître anecdotique, mais beaucoup ont envie de savoir à quoi ressemblent les environs du campus, la cafétéria, la vie étudiante sur place… », énumère Jérémy Plasseraud.
Parmi ses objectifs de développement, Diplomeo va référencer l’ensemble des dates des journées portes ouvertes (JPO). Elle construit un outil sur le même modèle que Doctolib, pour permettre aux étudiants de s’y inscrire en un clic et de recevoir des rappels avant le jour J.
« Les établissements investissent beaucoup dans les JPO, mais les étudiants ont parfois tendance à oublier ces dates sans le rappel de leurs parents, sourit le directeur exécutif edtech d’Hello Work. Cet outil va minimiser le taux de no show pour les écoles. »
StudyMatch, le Tinder de l’orientation
Nouvelle venue dans l’univers des applications d’orientation, StudyMatch copie les codes des applications de rencontres avec un objectif : faire matcher les étudiants et les formations.
Le groupe Studizz a lancé cet outil le 10 février afin d’étendre son offre. Créé en 2014, il propose déjà aux établissements du supérieur un CRM, des outils de marketing automatisé et l’ajout d’un chatbot sur leur site internet. Il se tourne cette fois-ci vers les étudiants « pour combler les trous de l’orientation et faire le pont entre la nouvelle génération et les établissements », d’après Antoine Balourdet, le cofondateur de Studizz.
« Nous travaillons sur une intelligence artificielle qui suggère aux jeunes les formations auxquels ils s’attendent et d’autres auxquelles ils ne pensent pas du tout. Nous leur expliquons la valeur ajoutée des formations et ajoutons des photos pour que les jeunes puissent se projeter dans ces formations », explique Antoine Balourdet.
Objectif : 100 000 utilisateurs dans les trois prochains mois
« Nous travaillons avec 300 établissements partenaires et ambitionnons d’élargir le panel. Nous visons entre 50 000 et 100 000 utilisateurs dans les trois prochains mois », précise Antoine Balourdet. L’application, gratuite pour les jeunes, recense pour l’instant plus de 5 000 formations.
Elle fonctionne pour l’instant sur le modèle freemium : chaque établissement possède une fiche gratuitement et peut être mis en avant. « Nous travaillons surtout avec les services communication des écoles pour leur simplifier l’édition de la fiche. Notre objectif est que toutes les écoles soient référencées et que les étudiants puissent avoir un retour d’expérience et savoir si telle formation va leur convenir », ajoute l’entrepreneur.
Merci Bobby, du bénévolat contre un programme de coaching
Enfin, la plateforme Merci Bobby a lancé le 10 janvier un bilan d’orientation en ligne gratuit pour les jeunes de 15 à 25 ans. En échange, les bénéficiaires s’engagent à effectuer quelques heures de bénévolat, dans l’association de leur choix. Merci Bobby est l’héritière du site internet « Fiche Métier » créé en 2011 et qui présentait différents métiers.
« Durant le confinement, j’ai commencé à interviewer des personnes passionnées par leur métier. J’en ai fait des vidéos capsules de personnes, puis certaines personnes m’ont proposé de répondre aux questions des jeunes. Cela a créé une communauté », retrace Stéphane Mirandelle, le CEO et cofondateur de Merci Bobby.
Après avoir lancé un bilan de compétences pour les personnes en reconversion, l’entreprise de trois salariés se tourne maintenant vers les étudiants. Leur sont proposés des tests de personnalité, des modules de développement personnel, une découverte des métiers et la rencontre avec des ambassadeurs des métiers qui les intéressent.
« Nous avons 100 000 visiteurs par mois sur le site, la moitié de jeunes, l’autre moitié de demandeurs d’emploi et salariés », indique Stéphane Mirandelle. Pour proposer ce service gratuit aux étudiants, l’entreprise se rémunère en effectuant une marge sur les bilans de compétences et en mettant en avant des établissements à la recherche de visibilité.