Les nouvelles tendances de l’équipement informatique dans le sup'
Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs
Le salon Educatech Expo s’est achevé le 2 décembre à Paris. De nombreuses start-up françaises y étaient présentes, tout comme les multinationales qui se disputent le marché de l’équipement informatique des établissements du supérieur. Campus Matin est allé à la rencontre de ces groupes, dont l’activité évolue depuis la crise sanitaire.
Dans un contexte de post-pandémie, les achats informatiques se tassent dans le supérieur. Les établissements ayant massivement équipé leurs personnels pendant la crise, l’heure n’est pas au renouvellement de matériel. Mais leurs dépenses restent stables.
Les constructeurs d’ordinateurs présents à Educatech Expo cette année constatent l’émergence de nouvelles préoccupations chez leurs clients, comme la durabilité des produits et leur cohérence avec les besoins des utilisateurs.
Un marché monopolisé par quelques grands groupes
Le marché de l’équipement informatique des établissements publics d’enseignement supérieur est principalement régi par Matinfo, un groupement d’achats de matériel informatique qui fonctionne sous forme de lots.
HP a raflé trois des cinq lots ouverts par Matinfo en 2021. Le fabricant équipe donc la plupart des laboratoires et des universités en postes de travail fixes et portables, ce qui positionne l’entreprise comme un leader du marché, comme l’explique Mathieu Guinin, responsable éducation de la marque.
« Nous travaillons avec tout l’enseignement supérieur public et une majorité d’écoles privées. HP a un ancrage historique très fort dans le secteur de l’éducation, nous avons des liens étroits avec les établissements et des programmes de recherche communs. Nous sommes présents sur Matinfo, l’Ugap et nous échangeons aussi avec le Comité des services informatiques de l’enseignement supérieur et de la recherche (Csiesr). »
Qui a signé l’accord-cadre de Matinfo 5 ?
L’actuel accord-cadre entre les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), l’Agence de mutualisation des universités et établissements (Amue) et le Réseau national de télécommunications pour la technologie, l’enseignement et la recherche (Renater) est valable jusqu’en août 2023. Il est reconductible deux fois par période de 12 mois et prend fin au plus tard le 30 juin 2025.
Plus de concurrence dans le supérieur privé
Face à ce quasi-monopole de HP dans les institutions publiques du supérieur, les autres fabricants de matériel informatique tentent de séduire les écoles privées. « Le marché de l’ESR est surtout porté par Matinfo. Nous ne sommes pas présents sur ce groupement d’achats, nous touchons donc principalement l’enseignement supérieur privé », reconnait Denis Gerardot, directeur du marché éducation de Lenovo depuis novembre 2021.
L’entreprise Asus s’est, elle, concentrée sur le marché du BtoC durant de nombreuses années en privilégiant l’équipement des particuliers comme les étudiants. « Depuis 2012, Asus est numéro un en France sur le BtoC. Nous avons attaqué le marché de l’éducation il y a trois ans en nous concentrant sur le privé », ajoute Kajanan Shan, directeur commercial des ventes BtoB.
Proposer des produits adaptés aux besoins des usagers
Pour se démarquer auprès des établissements, les fabricants de matériel informatique proposent plusieurs gammes de produits adaptés aux différents besoins des personnels, chercheurs ou étudiants. « Les Gobelins utilisent nos ordinateurs ConceptD, car ces produits ont une bonne colorimétrie. Nous avons aussi une gamme avec des traitements antimicrobiens sur l’écran et le clavier pour les laboratoires », détaille Jacky Aboudaram, le responsable des ventes BtoB d’Acer éducation.
« Nous sommes entrés dans la quatrième révolution industrielle tirée par le numérique. Demain, la réalité augmentée et la réalité virtuelle (AR/VR) seront un des leviers d’apprentissage. Notre stratégie sur l’enseignement est surtout axée sur ces technologies. Nous travaillons avec nos partenaires pour développer des scénarios pédagogiques et développer une plateforme éducative de type Netflix », détaille Denis Gerardot de Lenovo.
Accompagner les entreprises dans leur stratégie
Outre les produits proposés, les fabricants de matériel informatique accompagnent aussi leurs clients dans leur stratégie numérique.
« Les établissements tendent de plus en plus à se rapprocher du fonctionnement des entreprises. Ils veulent se concentrer sur leurs missions principales et mettent en place des stratégies numériques ou des schémas directeurs du numérique. Ils ont conscience que ces questions sont un enjeu d’attractivité pour leur établissement », indique Mathieu Guinin.
La durabilité des produits, un nouveau critère
Autre tendance qui se dégage dans le sup' : le recours à du matériel plus durable.
« Depuis deux ans, les DSI recherchent des ordinateurs plus performants et de meilleure qualité pour qu’ils durent plus longtemps », assure Kajanan Shan, regional account manager retail d’Asus.
D’autres multinationales mettent en valeur l’empreinte carbone de leur fabrication, comme Acer. « Nous proposons une gamme produite à partir de matériaux recyclés et recyclables », illustre le responsable des ventes BtoB de la marque.
Lenovo a fait le choix de la compensation. « Nous avons réduit de 40 % l’empreinte carbone de nos usines. Nous nous sommes adossés à une entité qui compense les émissions des produits de leur fabrication à leur utilisation », témoigne Denis Gerardot.
Le marché du reconditionné en pleine expansion
Les établissements du supérieur prennent en compte la durabilité des produits dans leurs critères pour acheter de nouveaux équipements, mais aussi dans la gestion de leur parc informatique actuel.
« Les établissements souhaitent conserver plus longtemps leur matériel. Cela se traduit par des augmentations de garantie et le développement du marché du reconditionné pour équiper les étudiants boursiers ou en difficulté financière », complète Mathieu Guinin.
De son côté, Acer éducation propose de racheter le matériel informatique de certains de ses clients pour leur donner une seconde vie. « Nous sommes le seul constructeur à avoir un centre de réparation et de reconditionnement en France », souligne Jacky Aboudaram.
Hello RSE, la plateforme qui promeut les achats durables
Référencer le matériel informatique en fonction de leur origine, leur réparabilité ou le reconditionnement des produits. C’est le principe de la plateforme de e-commerce bordelaise, Hello RSE. La société créée en 2018 a annoncé à Educatech une levée de fonds de 1,3 million d’euros auprès de la Banque des Territoires et de business angels.
La start-up se positionne comme une alternative écoresponsable aux centrales d’achat public sur le marché de gré à gré. Elle souhaite accélérer la transition sociale et écologique des achats des collectivités territoriales et des établissements scolaires et étendre son offre aux entreprises.