5 actions pour prévenir les violences et discriminations sur les campus
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
Comment prévenir et accompagner les violences et discriminations sur les campus ? Dans son rapport d’enquête sur les rites étudiants, publié le 16 septembre, l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes formule 20 recommandations. L’association met la lumière sur cinq d’entre elles à appliquer dès le début de l’année universitaire pour mieux protéger les étudiants.
Objectiver la réalité des discriminations et violences que subissent les étudiants : c’est le but que poursuit l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles (VSS) depuis sa création en 2019, par des étudiants à la suite du mouvement MeToo et de plusieurs affaires de harcèlement sexuel touchant les établissements du supérieur.
Sa dernière enquête , publiée en septembre 2024, pointe qu’un répondant sur trois estime que les événements d’intégration ne sont pas inclusifs et que plus de la moitié (56,1 %) considèrent qu’ils peuvent aggraver les VSS. Résultat : un répondant sur trois n’y participe pas.
Afin que chacun se sente en sécurité, Clotilde Avenel, responsable plaidoyer de l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes (VSS) dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR), partage cinq recommandations.
1. Déployer des moyens ambitieux pour lutter contre les VSS, les discriminations et le bizutage
L’association recommande en premier lieu de renforcer les moyens financiers et humains dans les établissements. « C’est une revendication que nous avons depuis le début qui s’adresse au ministère de l’ESR et tous les ministères de tutelle, mais aussi aux établissements », précise Clotilde Avenel.
Ces budgets supplémentaires permettraient notamment de renforcer la formation des personnels (enseignants-chercheurs, Biatss et professionnels de santé) et de sensibiliser à la lutte contre les discriminations. « Nous conseillons de les concevoir avec les associations étudiantes et féministes spécialistes sur le sujet », suggère la responsable plaidoyer de l’Observatoire des VSS.
2. Sensibiliser tous les étudiants et étudiantes
La prévention doit avoir lieu dès les premiers jours de l’année universitaire, avant les évènements d’intégration où sont souvent commises les premières violences, recommande l’association. « L’idéal est d’organiser des ateliers en petit comité pour favoriser l’échange et de rendre obligatoire leur suivi, via l’obtention d’ECTS par exemple », propose Clotilde Avenel.
Faire une campagne de communication sur la tolérance zéro (que ce soit sur les VSS, le harcèlement ou le bizutage) permet en outre d’instaurer un climat de confiance.
3. Encadrer les week-ends d’intégration et événements festifs
Les week-ends d’intégration et autres événements organisés par les associations étudiantes gagnent à être encadrés par l’établissement.
Ce dernier peut notamment demander de remplir des fiches de déclaration d’événements avec le détail des activités prévues. Il sera ensuite possible de valider ce programme ou de mettre des points d’alerte. « Les activités proposées doivent favoriser la coopération et non l’humiliation », souligne Clotilde Avenel.
Pour renforcer le dialogue entre associations et établissement, la désignation de personnes ressources est clé. « Des chargés de mission vie étudiante ou encore égalité et diversité existent dans plusieurs établissements, mais ne sont pas encore présents partout », regrette la responsable plaidoyer.
L’association recommande par ailleurs de former dès le début de l’année les responsables associatifs, notamment sur leur responsabilité juridique, les mesures de protection qui peuvent être mises en place en cas de violence et sur l’écoute des victimes. Autre suggestion : conditionner les agréments et ressources des associations au respect d’une charte.
4. La prévention, c’est avant, pendant et après l’événement !
Les mesures de prévention des violences sexistes et sexuelles doivent être mises en place avant, pendant et après les événements. « Il est indispensable d’avoir un protocole formalisé pour gérer ces situations lorsqu’elles arrivent », prévient Clotilde Avenel. Au sein des associations, des référents VSS doivent être formés à recevoir des témoignages et à rediriger les victimes vers les ressources appropriées.
Prévoir des espaces de repos où les victimes peuvent trouver de l’aide.
« Pendant l’événement, quelques bonnes pratiques : installer des stands de prévention tenus par des associations spécialisées, telles que Consentis. Mais aussi organiser les retours des participants pour qu’ils ne rentrent pas seuls, et prévoir des espaces de repos où les victimes peuvent trouver de l’aide et du soutien », poursuit-elle.
Après l’événement, il est important de pouvoir débriefer et de communiquer sur les dispositifs mis en place par l’établissement. Enfin, il est souhaitable de réaliser un bilan complet avec l’établissement pour qu’il soit informé des cas qui ont pu être signalés.
5. Mettre en place des dispositifs d’écoute et de signalement
« Il est essentiel que des cellules de veille et d’écoute soient mises en place pour traiter les cas de violences sexistes et sexuelles (VSS). Actuellement, ces dispositifs ne sont pas assez généralisés », pointe Clotilde Avenel.
Dans certains établissements, ce sont des étudiants qui se chargent de cette tâche, mais l’Observatoire des VSS recommande que ce rôle soit assuré par des personnes formées. « La charge mentale est trop importante pour des étudiants qui manquent souvent de recul », alerte la responsable plaidoyer.
Si ce dernier n’a pas les ressources nécessaires pour mettre en place cette cellule, il peut faire appel à des organismes spécialisés, comme Women Safe, ou utiliser des plateformes de signalement telles que le Groupe Egae, France Victimes ou MediaVipp.
Enfin, « Lorsqu’un étudiant souhaite faire un signalement, il est crucial que l’établissement l’accompagne dans cette procédure et déclenche une enquête disciplinaire. Cela encouragera d’autres victimes à prendre la parole. »
L’alcool présent dans plus de la moitié des violences sexuelles en milieu étudiant
Selon une enquête de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, conduite avec le ministère de l’ESR et publiée le 2 octobre, l’alcool est présent dans près de la moitié à deux tiers des violences sexuelles subies depuis l’arrivée dans l’enseignement supérieur.
Ces travaux, menés auprès de 67 000 étudiants et élèves des grandes écoles entre 2023 et 2024, révèlent que « depuis leur arrivée dans l’enseignement supérieur, 24 % des femmes, 9 % des hommes et 33 % des transgenre/non binaire/queer ont subi au moins une forme d’agression sexuelle ou de viol (ou tentative), souvent réitérée ».
Selon les estimations des victimes, l’auteur avait consommé de l’alcool dans près de 62 % des tentatives d’agression sexuelle, 56 % des agressions sexuelles, 42 % des tentatives de viol et 43 % des viols.
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