Vie des campus

Vers un come-back du Royaume-Uni dans Erasmus+ ?


Les étudiants en Erasmus + pourront-ils de nouveau partir étudier au Royaume-Uni ? Cette perspective se concrétise alors que le pays et la Commission européenne explorent les pistes pour renforcer leur coopération bilatérale. Si ce projet est encore loin d’être concrétisé, le sommet Union européenne-Royaume-Uni du 19 mai à Londres a permis de faire avancer les négociations.

Le Royaume-Uni pourrait participer en tant que pays tiers à Erasmus + pour la période 2028-2034. - © lazyllama - stock.adobe.com
Le Royaume-Uni pourrait participer en tant que pays tiers à Erasmus + pour la période 2028-2034. - © lazyllama - stock.adobe.com

C’est un projet sur la table des négociations entre la Commission européenne et le Royaume-Uni depuis avril 2024 : trouver un accord pour permettre aux universités britanniques de retrouver une place au sein d’Erasmus +.

En effet, depuis 2020 et le Brexit, le Royaume-Uni a choisi de ne pas participer en tant que pays tiers associé au programme de mobilité européen 2021-2027 et a créé son remplaçant : le Turing scheme. Seulement, ce dernier ne fait pas l’unanimité et des voix s’élèvent en faveur d’une réintégration à Erasmus +.

Keir Starmer est le premier ministre britannique. - © D.R.
Keir Starmer est le premier ministre britannique. - © D.R.

Alors que Keir Starmer, premier ministre britannique (Labour party), ne montrait pas de signes en faveur de ce rapprochement, le sommet Union européenne Royaume-Uni, se déroulant à Londres le 19 mai, a permis de faire avancer le sujet.

Cependant, les conditions spécifiques de cette association, y compris financières, doivent encore être déterminées « afin d’assurer un juste équilibre en ce qui concerne les contributions du Royaume-Uni et les avantages qu’il en retire. L’association devrait être conforme au cadre financier pluriannuel de l’Union européenne et à l’accord de commerce et de coopération », souligne la Commission européenne.

Des signaux au vert bien que « rien ne soit définitif »

Selon Thomas Ekman, directeur de la coordination politique et de la prospective de l’EUA (Association européenne des universités), « rien n’est encore définitif et il y aura encore beaucoup de choses à négocier, mais c’est un grand pas en avant par rapport à l’ancienne position du gouvernement britannique, qui ne prévoyait rien. »

« L’accord de commerce et de coopération existant est conçu de manière que l’association aux programmes puisse être ajoutée. Le financement est une préoccupation explicite, mais le Royaume-Uni a toujours su ce que le coût d’un retour dans Erasmus pourrait représenter. Ainsi, l’ouverture de négociations pourrait signifier qu’il est disposé à payer », ajoute-t-il.

Turing scheme : des demandes de mobilité en augmentation, mais des retours partagés

Non réciproque, plus court, ouvert aux élèves du secondaire, mondial et orienté vers les publics désavantagés : le Turing scheme diffère sur plusieurs points avec Erasmus +.

Il a reçu 619 demandes d’établissements pour l’année académique 2023-2024 (contre 520 pour 2022-2023). Au total, 474 projets ont été approuvés pour recevoir des subventions d’un montant total de 104,6 millions de livres sterling (124,3 millions d’euros).

« Le retour des universités sur le Turing scheme est mitigé, même s’il est clair qu’elles préfèrent avoir un programme de mobilité sortante de ce type que de ne pas en avoir du tout, rapporte Maddalaine Ansell, directrice de l’éducation au British Council interrogée par News Tank Academic. Certains établissements font état d’une augmentation de la mobilité car il est plus facile d’effectuer des stages de courte durée et de se rendre dans des pays anglophones tels que les États-Unis et le Canada, en particulier pour les étudiants défavorisés. D’autres estiment que la planification est plus difficile par manque de visibilité sur les financements à long terme. »

Charley Robinson, directrice de la politique de mobilité mondiale d’Universities UK international (un collectif de 141 universités britanniques), complète : « De l’avis général, le Turing scheme est très bureaucratique, ce qui, avec le cycle annuel du programme, rend difficile l’utilisation efficace du financement et la création de partenariats et de programmes durables. Les budgets des programmes sont également sursouscrits et n’ont pas été revus depuis la création du programme. »

Pour Jamie Arrowsmith, directeur d’Universities UK international, le Turing scheme « n’est pas pensé comme un remplaçant direct d’Erasmus +, c’est un beaucoup plus petit programme ». Il note en outre qu’il devient plus difficile, post-Covid et dans un contexte d’augmentation du coût de la vie, d’encourager les étudiants du Royaume-Uni à suivre des cours à l’étranger.

Une synthèse réalisée à partir de News Tank Academic

News Tank Academic, nouvelle branche transversale anglophone de News Tank Education et Recherche, a dédié un article au Turing Scheme, ses points forts, critiques et pistes d’amélioration. Pour en savoir plus, demandez votre accès découverte.

Une tribune appelle à augmenter le budget d’Erasmus + pour 2028-2034

Autre objectif alors qu’Erasmus + entre dans un nouveau cycle de financement de 2028 jusqu’à 2034 : obtenir un budget plus important.

Clément Beaune est président du Cercle Erasmus +. - © D.R.
Clément Beaune est président du Cercle Erasmus +. - © D.R.

« Les négociations sur le futur cadre financier de l’Union européenne pour la période 2028-2034 entrent dans une phase décisive. Nous sommes convaincus que défendre Erasmus +, c’est défendre l’ensemble des politiques européennes », écrit Clément Beaune, président du Cercle Erasmus + et ancien ministre de l’Europe, dans une tribune cosignée avec 60 personnalités politiques et du monde de l’ESR, parue le 13 avril 2025 dans la Tribune dimanche.

« Erasmus + est plus qu’un simple programme d’échanges : il incarne la possibilité de bâtir des ponts entre les peuples, d’enrichir les citoyens d’une culture et de valeurs européennes communes et de créer des liens durables par-delà les engagements nationaux. Dans un contexte géopolitique complexe, ce programme est un outil indispensable pour renforcer l’unité européenne, un engagement pour une société plus inclusive et plus solidaire. »

Un objectif de mobilité étudiante Erasmus + pour 2030 revu à la baisse

En mai 2024, en raison du contexte budgétaire, les ministres européens de l’éducation avaient revu à la baisse les objectifs de mobilité étudiante pour l’horizon 2030 :

• Au moins 23 % des diplômés de l’enseignement supérieur devraient bénéficier d’une expérience de mobilité à des fins d’apprentissage (- 2 % par rapport à la proposition initiale de la Commission en novembre 2023).

• Au moins 12 % des apprenants de l’enseignement et de la formation professionnels devraient bénéficier d’une mobilité d’apprentissage à l’étranger (-3 %).

• Au moins 20 % de participation au programme Erasmus + pour les personnes ayant moins d’opportunités au niveau de l’UE d’ici 2027 (=).