Vie des campus

Les défis environnementaux et sociétaux inspirent l’innovation à la summer school du LPI

Par Antoine Bovio | Le | Rse - développement durable

Depuis 2016, le Learning planet institute organise chaque été, en lien avec le réseau du SDG solution space de l’Université de Genève, une summer school à destination d'étudiants internationaux. Son objectif ? Trouver des réponses à des problématiques concrètes, en lien avec les objectifs de développement durable. Campus Matin a pu observer une partie de cette formation, lors d’une matinée de présentation des travaux des étudiants.

Au sein du Learning planet institute, la SDG summer school est organisée depuis près de huit ans. - © Natacha Gonzalez
Au sein du Learning planet institute, la SDG summer school est organisée depuis près de huit ans. - © Natacha Gonzalez

Fondé en 2006, le Learning planet institute (LPI) veut réinventer l’apprentissage en se basant « sur l’intelligence collective pour construire des sociétés durables et inclusives capables de relever les défis complexes auxquels nous sommes confrontés », explique son président et fondateur François Taddei.

Et pour mener à bien cet objectif, cet institut rattaché à l’Université Paris Cité, mise sur la jeunesse. « 50 % de la planète a moins de 30 ans et 1 % des décideurs politiques ont moins de 30 ans. Il y a une sous-représentation des intérêts des nouvelles générations dans les politiques à la fois nationales et internationales. Ce que nous essayons de faire ici, c’est d’offrir aux jeunes la possibilité de construire au moins une brique de l’avenir », poursuit François Taddéi.

Parmi les actions mises en place au LPI pour appliquer cette philosophie : la création d’une summer school ou école d’été. Cette initiative se définit comme un programme universitaire non diplômant à dimension internationale permettant à des étudiants étrangers de recevoir des cours hors de leur cursus classique dans un autre établissement.

Le campus du LPI, inauguré en 2018, se situe dans le quatrième arrondissement à Paris. - © ArtDesk
Le campus du LPI, inauguré en 2018, se situe dans le quatrième arrondissement à Paris. - © ArtDesk

Lors de sa summer school du 24 juin au 19 juillet 2024 à Paris, le LPI a donc invité des étudiants à explorer et partager de nouvelles façons d’apprendre et à coopérer autour de problématiques environnementales et sociétales inspirées des objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies.

Une formation organisée depuis 2016 dans le cadre des SDG summer schools (en français, « école d’été des ODD ») du réseau SDG solution space de l’Université de Genève.

Pour l’édition 2024, les ODD retenus portaient sur l’accessibilité pour tous et la santé, et notamment la réduction des inégalités pour les personnes en situation handicap ainsi que l’amélioration de leur bien-être.

Répondre à des problématiques de terrain

Kévin Lhoste est chargé d’enseignement et de recherche au LPI et responsable de son maker lab. - © D.R.
Kévin Lhoste est chargé d’enseignement et de recherche au LPI et responsable de son maker lab. - © D.R.

Sur une période de quatre semaines, la summer school parisienne comprend trois phases : inspiration, développement puis documentation.

La première permet aux étudiants participants de découvrir le Learning planet institute et ses outils. « Dans cette phase, nous leur présentons des problèmes amenés par des partenaires. Ils discutent avec eux et, ensemble, essayent de trouver des solutions innovantes », explique Kévin Lhoste, chargé d’enseignement et de recherche au LPI et encadrant de la summer school.

Les étudiants prototypent ensuite leur idée et la teste afin de la documenter. « Il y aura peut-être, parmi ces inventions, des projets qui pourront être continués et qui seront utiles », espère Kévin Lhoste.

Même si certains projets n’ont pas de suite, la finalité reste de former et de motiver les étudiants à résoudre des problèmes. « Nous essayons de les pousser à travailler autour de ces thématiques sociétales parce qu’ils n’iraient pas d’eux-mêmes creuser des sujets comme la maladie de Parkinson », souligne celui qui est également responsable du maker lab du LPI.

Améliorer les conditions de vie des personnes atteintes de Parkinson ou hospitalisées

Plusieurs groupes ont travaillé sur une innovation améliorant la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. - © Natacha Gonzalez
Plusieurs groupes ont travaillé sur une innovation améliorant la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. - © Natacha Gonzalez

Dans une volonté de connecter les étudiants à des organisations qui exposent leurs problématiques concrètes, une collaboration a été nouée cette année avec France Parkinson. Un des challenges lancés par l’association portait notamment sur l’amélioration du fauteuil roulant.

Un groupe d’étudiants a présenté à ses pairs et au jury des accoudoirs munis d’un système de ventilation disposé sous des coussins. Une innovation qui limite la transpiration sous les bras des usagers.

Une deuxième équipe s’est concentrée sur les personnes alitées dans les hôpitaux. Face à l’ennui et au sentiment de solitude que peut ressentir un patient durant plusieurs journées sans pouvoir se déplacer, l'équipe a élaboré une table mobile pouvant être déplacée à l’aide d’une corde par des personnes allongées. Une création permettant, par exemple, à deux personnes de jouer à un jeu de société en se faisant passer la table entre deux lits dans une chambre d’hôpital.

Apporter une aide par le jeu

Pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, trois étudiantes ont également élaboré un jeu sur ordinateur permettant aux patients de s’entraîner à prendre la parole, un exercice particulièrement difficile avec cette pathologie. Différentes difficultés sont proposées, allant de compter à avoir des discussions de la vie quotidienne.

Enfin, un dernier groupe a élaboré un système de tambours relié à de la musique pour travailler l’attention et les réflexes. Au fil de la musique, des voyants verts s’allument à tout instant sur un des trois tambours. Le joueur doit alors taper sur le tambour lumineux avant qu’il ne devienne rouge.

Des summer schools organisées dans 12 pays

Les SDG summer schools sont organisées dans 12 établissements : l’Université de Genève, l’Université Paris Cité, l’Asian institute of technology de Bangkok, l’Imperial college de Londres, la Kwame Nkrumah University of science and technology au Ghana, la NYU University de Abu Dhabi, le Politecnico de Milan, la Rice University de Houston, la Tsinghua University de Shenzhen, la United States International University de Nairobi, l’Université de Copenhague, ou encore l’Université de Lagos.

En fonction de leur environnement local, les différentes summer schools disposent de leurs spécificités. Genève, qui héberge un grand nombre d’organisations non gouvernementales, traite régulièrement des problématiques comme l’accès aux soins pour des populations précarisées dans le monde ou l’aide aux réfugiés.

Des profils atypiques, en quête de nouvelles compétences

Un des objectifs de cette summer school, où une large place est donnée à l’invention et l’élaboration d’un produit, est aussi de cibler des profils d’étudiants dans des établissements qui ne sont pas issus d’écoles d’ingénieurs ou des sciences dures.

Autre particularité : cette édition a mobilisé un effectif 100 % féminin. Des femmes venues en majorité d’Europe, mais certaines d’entre elles ont fait le déplacement depuis la Chine.

« Cette année, nous avons des femmes plutôt issues de tous les domaines du design et de formations équivalentes. La plupart d’entre elles sont en reconversion professionnelle, veulent changer de domaine et avoir une approche plus technologique dans leurs compétences », explique Kévin Lhoste.

La SDG Summer School est implantée sur près de quatre continents. - © Natacha Gonzalez
La SDG Summer School est implantée sur près de quatre continents. - © Natacha Gonzalez

Un financement à perte qui nécessite des solutions

Initialement gratuit, l’accès à la formation est devenu payant cette année. « Le Learning planet institute finance entièrement l’opération, pour l’instant à perte. 350 € pour une école d’été de presque un mois, avec la nourriture, le mentorat et les sorties culturelles : c’est insuffisant », estime Kévin Lhoste.

Les tarifs vont ainsi de 350 euros pour les étudiants d’une université partenaire (telles que l’Université Paris Cité ou CY Cergy Paris Université), à 2000 euros pour les personnes externes au réseau. Des profils qui ne sont pas majoritaires dans l’effectif 2024. Des bourses sont également attribuées à certains étudiants pour amortir ce coût.

S’appuyer sur le mécénat

Pour rentrer dans ses frais et pérenniser la summer school, le LPI entend se tourner vers le mécénat. L’autre possibilité explorée est le développement de relations avec le milieu associatif.

« Nous pourrions solliciter des associations ou des organismes payants qui proposeraient des défis. Des associations comme France Myopathies pourraient nous dire le sujet sur lequel elles souhaitent travailler, par exemple l’éducation thérapeutique des patients, et payer les étudiants pour qu’ils s’y penchent pendant un mois », se projette Kévin Lhoste.

Une olympiade internationale en septembre à la clé pour l'équipe la plus talentueuse

À la suite de l’expérience, une des équipes parisiennes de la SDG summer school sera sélectionnée pour représenter le Learning planet institute à la SDG Olympiad 2024 organisée par l’Université de Genève qui fait partie des douze universités partenaires du réseau.

Cette olympiade internationale, organisée en partenariat avec l’Unicef, du Fonds mondial et l’Alliance des quatre UE+, s’inspire des objectifs de développement durable et vise à avoir un impact social et environnemental axé sur les jeunes. La cérémonie de clôture de ces olympiades internationales et la remise des prix auront lieu le 26 septembre 2024, sur le campus du Learning planet institute à Paris.